Place aux femmes ! Ensemble à Gauche dépose une motion afin de féminiser 100 rues du canton en trois ans en collaboration avec les Verts, le PS et le PDC, soit une majorité des député-e-s du Grand Conseil. Le texte entend pérenniser l’action «100Elles*», menée par l’Escouade avec le soutien de la Ville de Genève. Inauguré le 14 mars dernier, ce projet met en avant, dans les rues de la Ville, cent femmes ayant un lien avec Genève et remplissant les critères officiels pour obtenir une rue à leur nom. A travers cette démarche, c’est la place des femmes dans l’espace public et le rôle des femmes dans l’Histoire qui sont interrogés et mis en lumière. Cette motion s’inscrit dans la continuité de divers autres textes d’Ensemble à Gauche en faveur de l’égalité femmes-hommes. Le Grand Conseil ayant refuser de la traiter en urgence, les député-e-s l’examineront en commission avant de se prononcer à son sujet.

Le temps des incitations est révolu
En 2005, le Grand Conseil adoptait à l’unanimité une motion réclamant que des noms de personnalités féminines soient donnés aux établissements scolaires. Il y a deux ans, il soutenait à une forte majorité une motion verte qui a ouvert la voie à la promotion, auprès des communes, d’une meilleure représentation des noms de personnalités féminines (…) lors de la dénomination de rues. Cette dernière a porté ses fruits, permettant de renommer 7 rues en moins de deux ans. Cela ne suffit malheureusement pas. Aujourd’hui encore, 548 rues du canton portent des noms d’hommes contre 41 de personnalités féminines. Il est donc temps de passer à des mesures volontaristes et contraignantes afin de lutter contre les discriminations passées et présentes, notamment en transformant l’espace public pour qu’il reflète la diversité et la richesse passée et présente de la population du canton et porte le message que l’espace public n’est définitivement plus réservé aux hommes.

100Elles* : Place aux femmes
Cette ambition, qui a fait déjà fait l’objet de débats au sein du Grand Conseil, est la même qui a poussé un collectif genevois, l’Escouade, avec le soutien de la Ville de Genève, à mettre sur pied le projet 100Elles*. Inauguré le 14 mars dernier, 100Elles* compte « mettre en avant, dans les rues de la Ville, cent femmes* remplissant les critères officiels pour obtenir une rue à leur nom ». De mars 2019 à juin 2020, les biographies de ces 100 femmes seront publiées et des visites guidées seront organisées. Ce faisant, le projet « traite de deux thématiques liées à l’égalité de genre. La place des femmes* dans l’espace public et le rôle des femmes* dans l’Histoire. » Tout en déplorant le fait que, dans le Canton de Genève, les hommes représentent 93% des noms donnés à des rues, l’association estime qu’il s’agit d’un « vestige de siècles de domination masculine » qui « contribue aujourd’hui encore à renforcer les inégalités de genre ».

Pour un espace public qui reflète la diversité de la population 
Le travail réalisé par l’Escouade dans le cadre du projet 100Elles* représente une précieuse ressource. Par ailleurs, il démontre la nécessité d’agir afin de rendre l’espace public plus représentatif de la diversité de la population. C’est dans ce sens qu’EàG a rédigé, en collaboration avec les Verts, le PS et le PDC, une motion qui a été déposée cette semaine au Grand Conseil. Le texte réclame du Conseil d’Etat qu’il renomme, dans un délai de trois ans, au moins cent rues ou places d’importance du canton avec des noms de personnalités féminines ayant marqué l’histoire genevoise. Pour ce faire, l’exécutif est invité à déléguer la Commission cantonale de nomenclature afin qu’elle propose des changements de noms de rue en collaboration avec les communes et le BPEV, en s’appuyant notamment sur le projet « 100Elles* » et veillant à une répartition géographique équitable des rues à renommer.

De la rue au travail, en passant par la maison : un système d’oppressions à abattre
L’espace public est un lieu d’exercice du pouvoir. Les femmes ont lutté pour que il s’ouvre à elles et pour pouvoir accéder à un travail salarié. Certaines ont réussi et l’égalité des droits a été péniblement conquise ces dernières décennies. Reste que dans les faits, les femmes subissent encore de plein fouet des discriminations à de nombreux niveaux, à plus forte raison lorsqu’elles sont de classes sociales moins privilégiées, racisées et/ou sans titre de séjour. Ces dernières sont souvent les invisibles qui s’occupent des enfants de personnes aisées ou font leur ménage. La division sexuée du travail persiste ! Aujourd’hui, alors que beaucoup croient que ces luttes n’ont plus lieu d’être, il est indispensable de poursuivre les luttes sur tous les fronts afin de conquérir une véritable égalité. Retrouvez en cliquant ici les divers autres projets d’Ensemble à Gauche pour l’égalité ainsi que le Manifeste pour la grève féministe et des femmes du 14 juin prochain.

Jocelyne Haller