Suspendre provisoirement la libre circulation des personnes avec l’UE dans tous les domaines où il n’y a pas pénurie de main-d’œuvre, jusqu’à la reprise durable de la croissance économique. Tel est l’objectif de cette résolution. Il fallait oser.  Des membres de l’UDC l’ont fait !  Cette proposition opportuniste et à courte vue a été rejetée sans appel par la majorité du Grand conseil.

Il y aurait beaucoup à dire sur la libre circulation. On pourrait par exemple dire que nous sommes favorables à la libre circulation des travailleur.euse.s, mais pas des capitaux ou que s’il fallait revoir les accords sur la libre circulation, on pourrait  commencer par s’atteler à un renforcement des mesures d’accompagnement. Mais non, ce n’est pas de cela dont il était question dans cette proposition de résolution. Il s’agissait essentiellement de reprendre l’antienne UDC contre les accords sur la libre circulation. À savoir : prétendre qu’en fonctionnant en autarcie l’on puisse préserver les intérêts des travailleur.euse.s locaux.ales.

Pour défendre leur thèse, pour la première fois l’UDC s’est référée au taux de chômage du BIT ; celui qui prend en considération l’entier des demandeur.euse.s d’emploi. Généralement, elle considère celui-ci avec mépris et s’arcboute sur le taux du SECO, dont on sait qu’il ne prend en considération qu’une faible part de la réalité du chômage dans notre pays.  L’UDC a insisté sur la gravité du phénomène du chômage. Non pas en solidarité avec les chômeur.euse.s, mais pour « charger le bateau ». Un bateau qu’ils affirment être déjà « plein ». D’où leur volonté de fermer les frontières et de ne les ouvrir qu’à la conditions de filtrer les travailleur.euse.s et à leur réserver des conditions de travail inacceptables, des statuts infâmes.

L’UDC a passé les bornes du vraisemblable lorsqu’elle s’est définie comme le seul groupe politique qui défend les travailleur.euse.s et les chômeur.euse.s. Ce qui lui a valu d’être remise en place et d’être vertement interpellée sur son refus systématique des toutes les propositions destinées à protéger les salarié.e.s ou à améliorer les lois touchant au traitement du chômage.

Profiter de la crise sanitaire et de ses incidences destructrices sur les plans économiques et social comme a tenté de le faire l’UDC est particulièrement déplacé. Outre son caractère opportuniste, cette résolution isolationniste n’a pas de sens. Elle génèrerait des conséquences économiques et politiques particulièrement dommageables pour la Suisse.

Totalement décalée, propagandiste avant tout autre chose, elle ne justifiait pas de lui consacrer plus de temps que celui qui suffisait à recommander de la rejeter. Ce que notre groupe, comme la majorité du Grand conseil, a fait, il faut l’avouer avec une satisfaction affirmée.

Jocelyne Haller