Ci-dessous, le communiqué commun de l’Alternative (EàG-PS-Verts) lors du dépôt de ces deux objets parlementaires, le 1er novembre, est reproduit. Dans l’intervalle, ces deux textes ont été rejetés par la majorité de droite du Grand Conseil.

Depuis plusieurs semaines, une succession d’événements révèle la situation absurde dans laquelle les politiques antimigrant-e-s enferment l’Europe, du retrait du pavillon de l’Aquarius à l’arrestation de Mimmo Lucano, en passant par l’arrestation et le procès à l’encontre des sept de Briançon. En plus de criminaliser les migrant-e-s, c’est désormais à la solidarité que les politiques européennes et suisses s’attaquent, dans une volonté d’empêcher l’apparition de liens humains entre migrant-e-s et populations locales. Afin de résister à ce phénomène inquiétant, les manifestations de solidarité se multiplient, allant de pétitions à des manifestations. Les partis de l’«Alternative» (PS-Verts-EàG) entendent se joindre à cette chaîne de solidarité. Ils soutiendront ce soir au Grand Conseil l’ajout à l’ordre du jour et la discussion en urgence de deux résolutions déposées par Ensemble à Gauche.

Un pavillon Suisse pour l’Aquarius
La première résolution est une demande adressée au Conseil fédéral afin que la Confédération accorde un pavillon suisse à l’Aquarius. Depuis 31 mois, les 230 opérations de ce bateau de sauvetage en mer ont permis de sauver près de 30 000 vies. Le maintien à quai du navire de SOS Méditerranée et de MSF, depuis que le Panama lui a retiré fin septembre son pavillon, n’est pas admissible. Alors qu’une pétition signée par plus de 33 000 personnes demande au Conseil fédéral d’accorder le pavillon suisse à l’Aquarius et lui permettre de repartir en mer, trois interpellations de conseiller-ère-s nationaux-ales (PDC, PLR, PS) ont été déposées aux Chambres fédérales afin de demander au Conseil fédéral d’offrir le pavillon suisse à l’Aquarius. La résolution genevoise entend soutenir ces différentes démarches et envoyer un signal fort à Berne afin de permettre au bateau de sauvetage de repartir aussi vite que possible en mer. Cette démarche s’inscrit dans le sillage d’une motion socialiste (M 2498) renvoyée en commission des Droits de l’Homme et réclamant un soutien cantonal et fédéral aux organisations humanitaires actives dans le sauvetage des réfugié-e-s en mer Méditerranée.

Soutien aux sept de Briançon
La seconde résolution demande au Conseil d’Etat de prendre position en faveur des sept de Briançon, accusé-e-s de délit de solidarité, avant la date de leur procès, le 8 novembre prochain. Pour rappel, ces sept personnes ont participé, le 22 avril 2018, à une marche solidaire rassemblant 200 personnes, dont des migrant-e-s, à la frontière franco-italienne. Cette action faisait suite à une provocation du groupuscule d’extrême droite Génération identitaire qui a bloqué la frontière au Col de l’Echelle pour dénoncer l’immigration et répandre un discours ouvertement xénophobe. En marge de la marche de solidarité, trois personnes – dont les genevois Bastien et Théo – ont été arrêtées et brièvement incarcérées à la prison des Baumettes avant d’être relâchées  et placés sous contrôle judiciaire. Accusées d’avoir fait entrer des personnes de manière illégale sur le territoire français « en bande organisée », elles encourent de lourdes amendes et des peines de prison.

Une première audience au tribunal a eu lieu le 31 mai dernier mais le jugement a été reporté, la Cour constitutionnelle ayant été interpellée afin de trancher si le délit de solidarité pour lequel ils étaient accusés était bien conforme à la Constitution. Entre temps, quatre autres personnes ont été interpellée. Le procès du 8 novembre revêt un caractère politique évident. On ne peut pas accepter que sept personnes défendant des droits humains élémentaires soient désignés comme boucs émissaires alors même que c’est la politique de l’ensemble de l’Union Européenne et de la Suisse qui est responsable du désastre humanitaire qu’est devenu la gestion des mouvements migratoires. L’entraide étant aussi criminalisée en Suisse, l’Assemblée fédérale sera prochainement invitée à en finir avec le délit de solidarité en soutenant une initiative parlementaire Verte. Le soutien à la présente résolution constituerait par ailleurs un signal positif à Berne en vue de ce vote.