Après le blocage, par ce que l’on a qualifié de référendum de la honte, d’un premier texte de loi d’urgence voté en juin dernier visant à verser une indemnité aux travailleurs-euses précaires pour la période de la première vague de la pandémie, il est apparu indispensable aux groupes de l’Alternative en collaboration avec la CGAS de déposer un nouveau projet de loi pour permettre à toutes les personnes concernées de faire face à la seconde vague. Le parlement n’a pas voulu de ce second projet de loi et l’a renvoyé en commission avec l’objectif avoué d’en restreindre la portée… Le but est en réalité d’en exclure les personnes sans statut légal. Ce texte devra revenir en urgence en plénière lors de la 2ème partie de la session du Grand Conseil en cours. Un laminage à suivre auquel nous nous opposerons farouchement !
Sachant d’une part que le vote sur la loi d’indemnisation pour les travailleurs-eusesprécaire n’aura lieu qu’en mars 2021, et d’autre part que les personnes échappant à tous les systèmes d’aides assuranciels ou assitanciel se sont trouvées en grandes difficultés en l’absence de cette indemnité destinée à leur permettre de faire face à leurs charges, un texte de loi pour palier à cette situation a été déposé. Il s’est heurté à la même résistance du PLR et de l’UDC et du MCG. Là tous les poncifs sur le travail au noir et sur les personnes sans statut légal ont fleuri. Mais le pire n’est pas forcément les positions UDC et MCG, sur lesquelles nous ne nous bercions d’aucunes illusions dans ce domaine, mais plutôt la position du PLR, qui tout en comprenant parfaitement le concept d’économie grise, et sachant pertinemment que c’est souvent dans ses milieux que se développe l’économie domestique au noir, met un point d’honneur à faire en sorte d’exclure du champ d’application de ce projet de loi les personnes sans contrats de travail conformes. Comme quoi, l’hypocrisie a encore de beaux jours devant elle. Autant sur ce point que sur la manière dont été validées les signatures pour le référendum sur la loi votée en juin.
Ce projet de loi s’adresse en majeure partie aux travailleurs précaires domiciliés, résidant ou séjournant dans notre canton qui ne peuvent bénéficier des aides ou soutiens divers prévus par le filet social. La situation de ces personnes démontre combien les mailles de ce dernier sont larges et combien il est simple d’échapper à toute protection et cela dans un canton pourtant aussi riche que Genève.
Il s’agit principalement de travailleurs-euses de l’économie domestique, de faux-indépendant-es », de travailleurs-euses du sexe, d’étudiant-e-s présentant de petits jobs ponctuels, et plus largement toutes et tous les travailleurs-euses qui vivent habituellement d’emploi ou de missions temporaires ou d’emploi sur appel.
Oui, un certain nombre de ces personnes ne présentent pas un contrat de travail en règle ou de statut légal. A à qui la faute ? A l’employeur qui tient le couteau par le manche et bénéficie d’un effet d’aubaine ou de l’employé en situation irrégulière, qui lui se situe malencontreusement du côté de la lame et n’a pour l’heure pas d’autre alternative que de vendre sa force de travail à bas prix ?
Notre groupe est conscient que ce groupe de population dérange certains, mais nous sommes convaincu-e-s que nous ne pouvons occulter cette réalité économique de notre canton qui bénéficie de cette force de travail, et de son apport économique, sans donner en contrepartie la sécurité et la stabilité dont ces personnes ont besoin pour vivre sans crainte, sans risques de se voir pénalisées ou exploitées plus encore.
C’est pour tous ces motifs, que notre groupe défendra en commission autant qu’en plénière l’impérieuse nécessité d’endiguer la dégradation de la situation des travailleurs-euses précaires affecté-e-s par la crise du Covid-19 afin de les aider à maintenir leur situation à flots.