Place aux femmes! La motion d’Ensemble à Gauche visant à féminiser 100 rues du canton en trois ans, déposée en collaboration avec d’autres partis, a été acceptée cet après-midi par une nette majorité du Grand Conseil. Le texte d’Ensemble à Gauche entend pérenniser l’action «100Elles*», menée par l’Escouade. Inauguré en mars dernier, ce projet met en avant, dans les rues de la Ville, cent femmes ayant un lien avec Genève et remplissant les critères officiels pour obtenir une rue à leur nom. A travers cette démarche, c’est la place des femmes dans l’espace public et le rôle des femmes dans l’Histoire qui sont interrogés et mis en lumière. Le Conseil d’Etat a désormais trois ans pour renommer 100 rues du nom de 100 personnalités féminines ayant marqué l’histoire genevoise. Si le message envoyé par le Grand Conseil est un premier pas, le chemin vers l’égalité reste encore long. La lutte continue!
Le temps des incitations est révolu
En 2005, le Grand Conseil adoptait à l’unanimité une motion réclamant que des noms de personnalités féminines soient donnés aux établissements scolaires. Il y a deux ans, il soutenait à une forte majorité une motion verte qui a ouvert la voie à la promotion, auprès des communes, d’une meilleure représentation des noms de personnalités féminines (…) lors de la dénomination de rues. Cette dernière a porté ses fruits, permettant de renommer 7 rues en moins de deux ans. Mais cela n’a malheureusement pas suffit. Aujourd’hui encore, 548 rues du canton portent des noms d’hommes contre 41 de personnalités féminines. En acceptant de voter la motion déposée par Ensemble à Gauche, avec le soutien du PS, des Verts et du PDC, le Grand Conseil envoie un message clair : il est temps de passer à des mesures volontaristes et contraignantes afin de lutter contre les discriminations passées et présentes, notamment en transformant l’espace public pour qu’il reflète la diversité et la richesse passée et présente de la population du canton et porte le message que l’espace public n’est définitivement plus réservé aux hommes.
100Elles* : Place aux femmes
La lutte pour l’égalité a amené le collectif l’Escouade à mettre sur pied le projet 100Elles*. Inauguré le 14 mars dernier, 100Elles* compte « mettre en avant, dans les rues de la Ville, cent femmes* remplissant les critères officiels pour obtenir une rue à leur nom ». De mars 2019 à juin 2020, les biographies de ces 100 femmes seront publiées et des visites guidées seront organisées. Ce faisant, le projet « traite de deux thématiques liées à l’égalité de genre. La place des femmes* dans l’espace public et le rôle des femmes* dans l’Histoire. » Tout en déplorant le fait que, dans le Canton de Genève, les hommes représentent 93% des noms donnés à des rues, l’association estime qu’il s’agit d’un « vestige de siècles de domination masculine » qui « contribue aujourd’hui encore à renforcer les inégalités de genre ». Grâce à ce magnifique projet, cette réalité va changer progressivement !
Pour un espace public qui reflète la diversité de la population
Le travail réalisé par l’Escouade dans le cadre du projet 100Elles* représente une précieuse ressource. Par ailleurs, il démontre la nécessité d’agir afin de rendre l’espace public plus représentatif de la diversité de la population. Le Conseil d’Etat doit donc renommer, dans un délai de trois ans, au moins cent rues ou places d’importance du canton avec des noms de personnalités féminines ayant marqué l’histoire genevoise. Pour ce faire, l’exécutif est invité à déléguer la Commission cantonale de nomenclature afin qu’elle propose des changements de noms de rue en collaboration avec les communes et le BPEV, en s’appuyant notamment sur le projet « 100Elles* » et veillant à une répartition géographique équitable des rues à renommer.
Le chemin vers l’égalité est encore long
Si le message envoyé par le Grand Conseil est un premier pas, le chemin vers l’égalité reste encore long. L’espace public est un lieu d’exercice du pouvoir et les femmes ont lutté pour que il s’ouvre à elles et pour pouvoir accéder à un travail salarié. Certaines ont réussi et l’égalité des droits a été péniblement conquise ces dernières décennies. Reste que dans les faits, les femmes subissent encore de plein fouet des discriminations à de nombreux niveaux, à plus forte raison lorsqu’elles sont de classes sociales moins privilégiées, racisées et/ou sans titre de séjour. Ces dernières sont souvent les invisibles qui s’occupent des enfants de personnes aisées ou font leur ménage. La division sexuée du travail persiste ! Aujourd’hui, alors que beaucoup croient que ces combats n’ont plus lieu d’être, il est indispensable de poursuivre les luttes sur tous les fronts afin de conquérir une véritable égalité.
Retrouvez en cliquant ici les divers autres projets d’Ensemble à Gauche pour l’égalité ainsi que le Manifeste pour la grève féministe et des femmes du 14 juin prochain.