Le département de l’instruction publique, de la formation et de la jeunesse (DIP) s’est précipité pour annoncer publiquement que les vacances d’été seraient amputées d’une semaine en août dès 2022. Pourtant, la motion (M 2376) qui avait été envoyée au Conseil d’Etat en février 2020, suggérant d’accorder des ponts et un allongement des vacances de Pâques, méritait une vraie réponse. Mais le DIP a préféré traiter cavalièrement le Grand Conseil et tenter de mettre le parlement devant le fait accompli. Son rapport n’a toutefois pas eu l’heur de plaire aux député.es qui ont renvoyé au gouvernement sa copie.

L’organisation de l’école a des conséquences sur l’ensemble de la population, et le calendrier scolaire montre à quel point il influence la vie quotidienne de la société. Ainsi, la question des vacances scolaires ne peut pas être traitée à la va-vite. Le rapport du Conseil d’Etat (M 2376-B), dont les député.es n’ont pu prendre connaissance que plus d’un mois après les annonces publiques du DIP, se base sur un sondage tendancieux. Les questions sont dirigées et ne laissent pas de place à des alternatives ou au statu quo. La liste des organismes consultés se révèle, elle, impressionnante de longueur. Mais difficile de savoir qui a véritablement répondu et quelle pondération a été prise en compte. L’avis des « autorités militaires » compterait-il autant que celui des parents ? A priori, il semble que l’avis d’une seule personne, responsable par exemple d’une instance placée sous l’égide du DIP, aurait autant d’importance que celui d’une association représentant des milliers d’enseignant.es. Etc.

La vraie question est donc éludée. Jusqu’à présent, toutes les enquêtes, et notamment celle du SRED qui avait motivé le dépôt de la motion, montrent que, globalement, si le débat revient régulièrement, la conclusion raisonnable est qu’il ne faut rien changer car les vacances telles que pensées depuis 40 ans conviennent à la grande majorité. Les parents, notamment, ont plébiscité la répartition actuelle à 81% et ne souhaitent pas une diminution de la pause estivale. Les 8 semaines de vacances en juillet et août sont profitables à toutes et tous ; ce n’est ni trop, ni trop peu.

Le parlement, réuni le 12 mai 2020, ne s’est pas trompé et a renvoyé au Conseil d’Etat sa réponse. Il ne faut toutefois pas se leurrer sur la velléité du gouvernement à ne pas reconnaître son erreur et à produire un nouveau rapport identique. Le renvoi, demandé par Ensemble à Gauche et accepté à la très grande majorité des député.es, a été accompagné d’une requête précise au DIP, à savoir sonder l’ensemble des citoyennes et de citoyens sur le degré de satisfaction de la répartition actuelle des vacances et de la durée de la pause estivale.

Olivier Baud