Ensemble à Gauche (EàG) présentait ce matin en conférence de presse son projet de loi pour l’instauration d’un salaire horaire minimum de 23.- francs. « A l’heure où de nombreux travailleurs-euses ne parviennent plus à gagner décemment leur vie et où les primes maladie et les loyers explosent, l’insuffisance des salaires versés par certaines entreprises est souvent comblée par les diverses prestations sociales délivrées par l’État », dénonce Jocelyne Haller, députée EàG. « Prétendre offrir une solution à la faiblesse de certains salaires par le biais des aides sociales n’est pas soutenable. Ce n’est pas aux salarié-e-s de payer par leurs impôts des salaires que les dirigeant-e-s patronaux refusent de verser. » Parti socialiste et Verts, qui porteront ce projet au Grand Conseil aux côtés d’EàG, étaient également de la partie, représentés par la députée Delphine Klopfenstein Broggini (Les Verts) et le député Cyril Mizrahi (PS).

Précarité et inégalités explosent à Genève
Alors que les salaires stagnent, le coût de la vie explose à Genève : les loyers augmentent, les primes d’assurance maladie prennent l’ascenseur (+ 165% en 20 ans). Un nombre croissant de familles basculent dans la pauvreté. « Alors que le 10% des salarié-e-s les mieux payés se partagent le 42% de la totalité de la masse salariale, le tiers des salarié-e-s doivent se contenter du 8% de la masse salariale », souligne la députée EàG. Pour pallier à ces inégalités grandissantes, les responsables patronaux et la droite en appellent à la confiance dans le fonctionnement du « partenariat social », occultant que plus de la moitié des salarié-e-s du secteur privé ne sont protégés par aucune convention collective. La Suisse est ainsi le seul pays du G20 à ne disposer ni d’un salaire minimum ni d’une couverture conventionnelle supérieure à 60%. Dans l’hôtellerie-restauration, par exemple, le salaire minimum s’établit à 3417.- bruts mensuels.

Un changement de cap est nécessaire
Dans le Rapport sur la pauvreté (RD 1155) présenté en 2016, le Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS) indique que « l’accroissement des inégalités salariales (…), s’il devait se poursuivre, occasionnerait une augmentation du nombre de personnes se situant en dessous du seuil de risque de pauvreté, et probablement aussi des personnes ayant recours à des prestations sociales d’assistance. » Le rapport conclut « qu’en l’absence d’un changement de cap dans les politiques salariales, l’intervention de l’État pour remédier à la faiblesse des revenus du travail sera appelée à augmenter, faisant dans les faits peser sur les finances publiques une insuffisance découlant de l’évolution du marché du travail. » En prenant acte de ce rapport, les député-e-s ont reconnu ce problème. Il s’agit maintenant de passer à l’action…

Un salaire minimum pour lutter contre la précarité
« En rejetant les recours déposés par les patrons et les organisations économiques s’opposant à la mise en œuvre d’un salaire minimum dans le canton de Neuchâtel, le Tribunal fédéral (21 juillet 2017 – 2C 774/2014) ouvre donc la porte à l’instauration de salaires minimums au niveau cantonal », indique Cyril Mizrahi, député PS. Alors qu’un salaire minimum cantonal est entré en vigueur à Neuchâtel, son introduction est en discussion dans les cantons du Jura et du Tessin. « Introduire un salaire minimum de 23.- francs de l’heure à Genève, soit 4200.- francs par mois pour une personne travaillant 42 heures par semaine, permettrait de lutter contre les revenus inférieurs au revenu minimum d’aide sociale pour un travail à plein temps », insiste Jocelyne Haller. « Toute personne travaillant à 100% doit pouvoir vivre décemment. » L’introduction d’un tel salaire permettrait également de réduire la facture sociale de l’Etat.

Une étape vers l’égalité femmes hommes
Enfin, l’adoption d’un salaire minimum serait également une étape en direction de l’égalité femmes hommes. « Parmi les travailleurs-euses en situation de pauvreté à Genève, une importante majorité est constituée de femmes », conclut Delphine Klopfenstein Broggini, députée verte. « Nombre d’entre elles travaillent à temps partiel et dans des secteurs précaires, tels que la vente de détail, le travail domestique ou l’hôtellerie-restauration… » Le salaire minimum, permet aussi de marquer un pas vers l’égalité salariale !