Une fois de plus, le Conseil d’Etat refuse de se remettre en question. Il donne au Parlement une réponse totalement décalée et édulcorée à une motion qui lui demandait de prendre en considération les entraves supplémentaires auxquelles se trouvent confronté.e.s les chômeurs et les chômeuses en raison de la crise sanitaire. Pire, le Conseil d’Etat joue les Ponce Pilate et se défausse sur la Confédération. Cependant, la nouvelle conseillère d’Etat en charge du Département, Fabienne Fischer, confie à la presse qu’elle veut diminuer les sanctions envers les chômeurs et les chômeuses. La main gauche du Conseil d’Etat ignore-t-elle ce que fait sa main droite ? Ou une nouvelle dynamique est-elle en train de poindre au Département de l’économie ? A suivre…

Le rapport du Conseil d’Etat (CE) sur la motion 2744 lui avait été adressée pour demander que l’Office cantonal de l’emploi adapte ses exigences aux réalités économiques et sanitaires induites par la pandémie Covid 19, qu’il annule avec effet rétroactif les sanctions et pénalités infligées par l’OCE depuis le début de la crise sanitaire liées directement ou indirectement à celle-ci et qu’il change de paradigme en matière de la politique de contrôle et de sanction l’OCE. Enfin la motion demandait qu’il intervienne auprès du Conseil fédéral pour prolonger de 6 mois la durée des indemnités et délais-cadres pour toutes les personnes au chômage. Cette réponse s’avère particulièrement décevante. A la lire, on devrait en conclure que l’OCE « fait tout juste ». Qu’il ne ferait qu’appliquer la loi fédérale et qu’il aurait déjà fait preuve de toute la mansuétude possible envers les chômeur.euse.s dans le contexte de la crise Covid. Il se dit même sensible aux pertes de revenus dommageables qu’induit cette politique de sanctions systématiques.

Pourtant, ce n’est évidemment pas le retour que nous recevons depuis le terrain. Ce n’est pas ce que disent les chômeur.euse.s, ce n’est pas ce que révèlent les associations qui les accompagnent. Ce n’est pas plus ce que mettent en lumière les syndicats qui rappelaient que Genève fait partie des cantons qui sanctionnent le plus fréquemment et que le nombre de sanctions a explosé entre 2012 et 2019. Enfin, ils relevaient que les contrôles et les sanctions primaient sur l’accompagnement à la réinsertion professionnelle.

De fait, cette réponse apparait totalement en contradiction avec la réalité de terrain. Cependant alors que d’une part le Conseil d’Etat nie la réalité qu’affrontent les chômeur.euse.s et les organismes qui les soutiennent, une autre voix émanant du Conseil d’Etat s’exprime et place ce dernier en contradiction. Ainsi, s’il faut en croire la Tribune de Genève du 7 octobre qui titrait : « Accompagnement des sans-emploi – L’Office de l’emploi veut moins sanctionner les chômeurs », le Conseil d’Etat admettait enfin qu’il devait corriger ses pratiques en la matière. Le quotidien citait Mme Fischer qui aurait déclaré : « Une réflexion a été entamée à l’Office cantonal de l’emploi, mon objectif étant de diminuer le nombre de sanctions. »

Une déclaration qui s’inscrit en faux avec le contenu du rapport de CE sur la M2744 qui affirmait que tout allait pour le mieux dans le domaine du chômage dans notre canton. L’ouverture dont a rendu compte la TdG s’avère particulièrement bienvenue si elle traduit réellement l’intention de la nouvelle responsable du Département. Cette annonce constitue une raison de plus pour refuser la réponse lénifiante du Conseil d’Etat ; c’est pourquoi nous avons demandé le renvoi de ce rapport au Conseil d’Etat afin de lui signifier qu’il faut en finir avec les contre-vérités et pour qu’il nous expose comment, il entend réaliser son projet d’humaniser les pratiques de l’OCE.

Malheureusement une petite majorité (40 voix contre 33) a refusé de renvoyer sa copie Conseil d’Etat et a pris acte de cette « non réponse » !

Jocelyne Haller