Face à l’urgence et à la gravité de la situation sociale et sanitaire dans le canton, les organisations œuvrant notamment dans les domaines de l’aide alimentaire, des aides sociales, de la santé, de l’asile ou de la lutte contre les violences sexistes, se sont immédiatement engagées dans la prise en charge des besoins sociaux et sanitaires des populations précarisées ou fragilisées par la crise économique et sociale. Elles ont de fait assumé des tâches dépassant leurs cahiers des charges. Un tel surcroît de travail ne peut être absorbé sans dommage pour les activités régulières de ces organisations. Une aide pour augmenter leur budget de fonctionnement était donc indispensable.

La crise du Covid-19 à mis en lumière de façon violente la réalité de la pauvreté préexistante dans notre canton, et la fragilité d’une partie de la population qui vit dans une précarité qui peut à tout moment l’amener à basculer dans l’indigence. C’est moins cette réalité que son ampleur qui peuvent surprendre car depuis des années, sans succès, de nombreux acteurs du terrain de l’action sociale alertaient les autorités sur l’explosion de la pauvreté et la fragilisation de nombreux groupes de population. La crise du Covid-19, les incontournables mesures sanitaires et les dispositions subséquentes ont précipité et décuplé ce phénomène.

Des personnes sans ressources et sans possibilités d’accès aux prestations sociales, des travailleurs·euses, principalement ceux·celles dont la situation professionnelle et le statut sont précaires, se sont retrouvés avec de fortes diminutions de ressources, voire sans revenus du jour au lendemain. Plus grave encore, les services et associations qui généralement aidaient ces personnes en difficulté se sont eux aussi trouvés obligés, soit de réduire leurs activités, soit de les suspendre.

Ainsi s’est créée une situation inédite et révoltante de milliers de personnes ne disposant plus de quoi se nourrir dans notre canton et obligées de faire d’interminables queues pour obtenir hebdomadairement un cabas de denrées de première nécessité. On y a vu des personnes nécessitant un soutien qu’elles n’étaient plus en mesure d’obtenir. La pauvreté cachée s’est ainsi trouvée exposée au grand jour, la précarité a ainsi basculé dans la pauvreté ! Les détresses se sont aggravées. Ce qui a produit ces images qui ont fait le tour de la planète d’une indécente pauvreté mise à nu dans l’une des villes les plus riches du monde.

La mobilisation des associations et des autorités a permis de dégager des fonds pour couvrir le coût des denrées distribuées dans un premier temps. Diverses propositions parlementaires allant en ce sens ont été déposées. Lors de notre dernière session du Grand Conseil un crédit de 5 millions pour couvrir ces coûts durant quelques mois a été voté. Lors de cette dernière session de juin une prestation compensatoire pour les travailleurs·euses précaires a été créée.

Cependant, toutes ces dispositions concernent le financement des produits distribués, alors que rien en revanche n’a été avancé pour couvrir les frais supplémentaires de fonctionnement induits pour les divers intervenants dans ces distributions, ni pour l’accroissement des demandes de soutiens personnels.

Cette résolution invite le Conseil d’Etat à déposer des projets de lois dans les meilleurs délais pour requérir des crédits extraordinaires « au titre de subventions cantonales de fonctionnement, aux organisations, notamment dans les domaines de l’aide alimentaire, des aides sociales, de la santé, de l’asile ou de la lutte contre les violences sexistes, qui sont engagées dans la prise en charge des besoins sociaux et sanitaires des populations précarisées ou fragilisées par la crise économique et sociale ». Il s’agit en l’occurrence d’aider ces organismes qui travaillent déjà à flux tendus depuis des années. Face à une situation exceptionnelle, il faut des moyens exceptionnels.

Enfin, Devant la perspective d’une aggravation majeure de la situation économique et sociale et l’accroissement de la demande sociale qu’elle va provoquer, il est impératif de soutenir les acteurs sociaux. Il faut absolument éviter de mettre à genoux les organismes d’aide. Cette résolution proposée par EàG a été adoptée par le Parlement.

Jocelyne Haller