Des données disponibles au sujet des accidents et de la santé au travail manquent en Suisse. Si certaines institutions, cantons ou réseaux hospitaliers publics cantonaux offrent des statistiques à ce sujet, les données nationales et transversales sont trop rares et incomplètes. Ensemble à Gauche dépose un postulat au Conseil national réclamant la création d’un Observatoire de la santé et des accidents au travail dont l’objectif serait d’offrir des données quantitatives et qualitatives ainsi que des analyses, au sujet notamment des accidents au travail et de la santé au travail, ainsi que des statistiques concernant la santé en lien avec les catégories socioprofessionnelles, les niveaux d’études, ainsi que divers autres critères socio-démographiques.
Si l’OFS publie des données au sujet de la santé et du travail, ces dernières sont difficilement exploitables pour développer prévention et politiques publiques étant donné qu’elles ne mettent pas en lien maladies et accidents et professions, ces dernières n’étant que peu ou pas codées dans les bases de données. De son côté, la SUVA recense les maladies et accidents reconnus comme étant professionnels: 2400 cas de maladie par an. Un chiffre sous-estimé et qui ne prend pas en compte les maladies psychologiques. Des extrapolations menées par le SECO estiment que 1.1 millions de travailleurs-euses sont touchés par des problèmes de santé au travail.
La pandémie de COVID-19 offre un exemple éclatant de la faiblesse de ces données. « Les indicateurs qui portent sur l’activité professionnelle et les lieux de travail des personnes infectées font défaut. Les seuls chiffres disponibles de l’OFSP indiquent que 8,7 % de contaminations seraient survenues sur les lieux de travail, en troisième position après les catégories « membre de la famille » et « divers » ». Comme l’analyse Alessandro Pelizzari, directeur de la HETSL, « il existe un lien étroit entre l’absence de données socio-professionnelles et la volonté des autorités politiques de ne pas placer la question du travail au centre de la prévention contre le COVID-19 ».
Dans ces conditions, difficile de mettre à jour des phénomènes reliant l’exercice de certaines professions et les risques en matière d’accidents et de maladies tant physiques que psychologiques… et difficile des les prévenir et de les empêcher. Le travail est responsable de plusieurs morts chaque année et vole des années d’espérance de vie en fonction de la profession exercée. Alors que les coûts des maladies liées au travail sont estimés à 30 milliards par an, il est temps de créer un Observatoire de la santé et des accidents au travail afin de mieux protéger les travailleurs-euses et de mettre l’accent sur la prévention en entreprise. Lorsque il est réalisé dans de bonnes conditions, le travail peut être un facteur de santé. Il faut que cela devienne le cas pour toutes et tous!
Dès lors, Ensemble à Gauche a déposé un postulat qui charge le Conseil fédéral de créer un Observatoire de la santé et des accidents au travail, relié à l’OFS, qui offre des données quantitatives et qualitatives, au sujet notamment des accidents au travail et de la santé au travail, ainsi que des statistiques concernant la santé en lien avec les catégories socioprofessionnelles, les niveaux d’études, ainsi que divers autres critères socio-démographiques. Cet observatoire émettrait des recommandations en matière de modifications législatives et de prévention en entreprise. À suivre…