La motion d’Ensemble à Gauche « Tuilerie de Bardonnex : Patrimoine, savoir-faire, emplois…Pour un sauvetage indispensable » a fait un tabac au Grand Conseil. Inscrite au point 166 de l’ordre du jour elle était vouée, dans l’ordre, à être traitée au printemps ou à l’été prochain… mais le parlement en a voté l’urgence à une très confortable majorité, tant l’urgence réelle du combat des travailleurs concernés était une évidence.

Pierre Vanek, premier signataire de la motion, a rappelé dans le débat qui s’en est suivi que celle-ci dénonçait la quadruple perte d’emplois, d’emplois industriels plus particulièrement, comme d’un savoir-faire irremplaçable d’ouvriers dont l’expérience se chiffre en décennies, comme encore d’un patrimoine industriel unique …mais aussi pour le patrimoine tout-court, que représenterait la disparition de cette usine dont les tuiles inimitables, tout à fait spéciales, couvrent les toitures de multiples monuments de la région franco-valdo-genevoise du Château de Chillon au Collège Calvin en passant par la Cathédrale Saint-Pierre ou le Château de Ripaille… sans parler de l’Hôtel-de-Ville de Genève où siège normalement le Grand Conseil.

Il a brandi, dans l’enceinte parlementaire, l’une de ces fameuses tuiles de Bardonnex, qui lui avait été remise à cette fin par les ouvriers de l’usine… qu’il est venu déposer ensuite « à titre d’information » sur le bureau de l’assemblée, soit entre les mains du Sautier du Grand Conseil. En déplorant qu’on veuille remplacer ce produit unique par des « faux », sous forme de tuiles artificiellement teintées de jaune par engobage pour «représenter la tuile classique de Bardonnex » comme l’a expliqué Ceramic Gasser propriétaire (et fossoyeur) de la tuilerie.

Il a rappelé aussi que Ceramic Gasser a abusivement profité du fait que ses salariés se trouvaient en RHT durant le confinement, puis en vacances jusqu’au 17 août, pour annoncer la fermeture et les licenciements avec une consultation se concluant …au 13 août, ce qui ne respectait pas les droits des travailleurs et de leurs représentants.

Il a enfin enjoint au Conseil d’Etat de tout faire, non seulement pour le respect des droits des travailleurs, mais aussi pour le maintien et la pérennisation de l’entreprise. Dans ce sens, un amendement PDC qui vidait la motion de cette injonction explicite et énergique, au profit de la demande de création d’une commission chargée notamment d’«examiner les raisons de la fermeture de l’entreprise» a été poliment refusée par le Grand Conseil.

Au final, c’est donc par 72 voix contre 18, soit à quatre contre un, que cette motion d’Ensemble à Gauche a été plébiscitée par une majorité écrasante du parlement, malgré quelques oppositions d’un PLR dont le plaidoyer néolibéral n’a pas trouvé, pour une fois et sur ce sujet, beaucoup d’appuis.

Evidemment, ce n’est qu’une motion, mais l’obligation morale et politique d’une intervention du gouvernement, qui découle de la majorité avec laquelle celle-ci a été votée, devrait s’imposer… Nous y resterons attentifs et continuerons avec UNIA et les salariés concernés à travailler à la défense de la tuilerie de Bardonnex.

En attendant, nos lecteurs·trices, peuvent signer la pétition pour le classement de la Tuilerie de Bardonnex ici : https://geneve.unia.ch/petition-tuileries-briqueteries-bardonnex