L’Alternative et les syndicats dénoncent l’inaction de la droite et se préparent à la votation

31 octobre, journée sinistre à plus d’un titre: le Grand Conseil vient de refuser deux initiatives clefs pour Genève. Les initiatives « zér0 pertes » et « 23 frs, c’est un minimum » permettraient de préserver la population de la sous-enchère fiscale, conséquence de la mise en œuvre de la RFFA, et du dumping social grandissant, résultat d’un marché du travail libéralisé à outrance. L’Alternative (Socialistes, Ensemble à gauche, les Verts) et les syndicats dénoncent le choix d’une droite clientéliste qui ne défend qu’une minorité de privilégié-e-s. Nous entendons bien convaincre la population, en votation, de la nécessité de ces mesures pour Genève.

L’initiative « zér0 pertes : Garantir les ressources publiques, les prestations et la création d’emplois » vise à inscrire dans la Constitution genevoise les principes suivants : l’action de l’Etat en faveur d’une réduction de la concurrence fiscale intercantonale, la préservation du financement des services publics et des prestations à la population, le maintien du niveau des recettes fiscales et le renforcement de la progressivité de l’impôt. Alors que la majorité de droite vient de les balayer, ces principes tiennent pourtant de l’évidence. Sans lutte contre la concurrence fiscale intercantonale, le risque est élevé que les cantons s’alignent progressivement sur les régimes fiscaux les moins redistributeurs et les plus antisociaux, au profit d’une poignée de privilégié-e-s et aux dépens de l’intérêt de la majorité de la population. Inscrire en toutes lettres le maintien du niveau des recettes fiscales dans la Constitution permettrait très concrètement de prévenir ce risque à Genève, tandis que le renforcement de la progressivité de l’impôt assurerait une meilleure redistribution des richesses, dans un canton où les écarts ne font que se creuser. Et les prévisions sont alarmantes : la mise en œuvre de la réforme de la fiscalité des entreprises (RFFA) fait enfler le déficit du canton, qui se monte à près de 600 millions pour la seule année 2020. Les coupes dans les prestations à la population sont à craindre et ne manqueront pas de se déployer ces prochaines années si rien n’est fait. Dans ce contexte, il est indispensable d’inscrire dans la Constitution le principe de la préservation du financement des services publics et des prestations à la population. A l’heure de l’explosion des inégalités, il semble raisonnable d’exiger de l’Etat qu’il joue son rôle de redistribution des richesses grâce à des services publics forts, accessibles à toutes et tous.

L’initiative « 23 frs, c’est un minimum! » a également été rejetée par la même majorité de droite du Grand Conseil, insensible au fait que de nombreux travailleurs-euses ne parviennent plus à gagner décemment leur vie à l’heure où les primes maladie et les loyers atteignent des sommets. L’initiative, lancée par les syndicats et les partis de l’Alternative au printemps 2018, vise à lutter contre cette précarité en introduisant un salaire minimum de 4086 frs pour un plein temps de 41 heures hebdomadaire, soit 23 francs par heure. Dans une des villes les plus chères et les plus riches du monde, il est inacceptable que près de 10% des travailleurs-euses gagnent un salaire inférieur à ce montant. Même en travaillant à plein temps, de nombreuses personnes n’arrivent pas à joindre les deux bouts et sont contraintes de recourir à des aides sociales pour survivre parce que leur employeur refuse de leur verser un salaire décent. L’introduction d’un salaire minimum légal permettra donc de réduire les dépenses sociales de l’Etat en mettant les employeurs face à leur responsabilité de payer des salaires conforme à la réalité économique du canton. De plus, parce que deux tiers des travailleurs-euses directement concerné-e-s sont des femmes, le salaire minimum légal contribuera à faire progresser l’égalité dans les faits. Globalement, alors que d’aucun-e-s tentent de rejeter la responsabilité de cette précarité sur les travailleurs-euses eux-elles mêmes, en particulier sur les étrangers-ères et les frontaliers-ères, l’introduction d’un salaire minimum légal permettra de lutter contre la pauvreté découlant du travail mal rémunéré, en agissant sur les véritables responsables de cette précarité : les patrons qui se livrent à la sous-enchère salariale. A l’instar des cantons de Neuchâtel, du Jura et du Tessin, il est temps que Genève se dote d’un salaire minimum légal! Tout travail mérite salaire. Tout salaire devrait permettre d’en vivre. Contre la précarité, les syndicats et les partis de l’Alternative sont plus prêts que jamais à mener cette campagne.