La gauche s’est depuis longtemps opposée à l’idée de construire une nouvelle et immense prison sur le territoire genevois. Le projet de loi (PL 11838) visant à supprimer le crédit d’étude de 16 millions (abrogation de la loi 11254) pour permettre la construction d’un centre de détention de 450 places (!) était légitime. Il avait surtout était déposé à temps et aurait permis d’éviter des dépenses inutiles s’il avait été traité correctement. En effet, seul un quart du montant avait été utilisé (4 millions) à l’époque. Mais la droite a préféré jouer la montre et essayer de mettre le parlement devant le fait accompli. Mal lui en a pris vu qu’in fine ces 16 millions ont été refusés… même s’ils ont été dépensés, en vain.

Quand un projet est mal pensé dès le départ…
Les Verts, les Socialistes et le MCG ont démontré, avec Ensemble à Gauche, l’inadéquation du projet de construire une prison surdimensionnée à Genève et ont remis en cause la politique carcérale du canton. Le syndicat de la police, l’UPCP, a également dit tout le mal qu’il pensait du projet des Dardelles, mal conçu en termes de sécurité (configuration tout en longueur) et dénoncé le fait que ni le personnel de détention ni le service technique de Champ-Dollon n’avaient été consultés, alors que des aberrations par le passé, faute d’avoir pris l’avis des premiers concernés, avaient été dûment relevées. L’UPCP a aussi relevé que le nombre de détenus – même si objectivement Genève continue à trop enfermer – est à la baisse dans le canton.

…il faut l’abandonner
Ensemble à Gauche estime qu’en matière d’enfermement des personnes, il est impératif d’aboutir à une politique plus éclairée et humaine, en phase avec la réalité (diminution de la criminalité et autres moyens pour permettre à moindre coûts aux personnes d’exécuter leur peine, notamment). Les raisons de renoncer à une telle prison tenaient aussi au fait de son emprise sur le sol. Il aurait ainsi fallu sacrifier 10 hectares de terres agricoles. Une pétition « Menace sur la zone agricole de Puplinge » avait d’ailleurs vu le jour, portée par des citoyens inquiets du projet de transformer la campagne de cette commune en une vaste cité carcérale, au détriment de la faune, de la flore, et des bienfaits que ce bout de nature préservé peut apporter en termes de qualité de vie aux habitant-e-s du canton.

Et maintenant ? Un crédit d’investissement de 250 millions à retirer…
Si le projet de loi demandant l’abrogation du crédit d’étude a heureusement été accepté, et qu’il raisonnable de penser que Genève ne va pas construire à grands frais une immense et nouvelle prison destinée à rester pratiquement vide, faute de détenu-e-s à enfermer pour exécuter leur peine, il convient alors, vu que le gouvernement a continué à avancer aveuglément, de liquider tout ce qui a trait à ce projet des Dardelles. Concrètement, le Conseil d’Etat doit retirer son « projet de loi ouvrant un crédit d’investissement de 258 500 000 F en vue de la réalisation et de l’équipement d’un établissement fermé d’exécution de sanctions pénales de 450 places « Les Dardelles » sur le site pénitentiaire rive gauche » (PL 12303), déposé le 28 mars 2018, et renvoyé à la commission des travaux.