Le projet de nouvelle prison fermée des Dardelles est définitivement enterré par 45 voix contre 44. Le Grand Conseil a rejeté cet après-midi le déclassement de 10 hectares de terres agricoles où sa construction était prévue ainsi que le crédit de 258 millions en vue de la réalisation et de l’équipement de cet établissement de 450 places. Ensemble à Gauche, les Vert-e-s et le PS se réjouissent de ce vote ! Genève n’a pas besoin de construire une nouvelle et immense prison mais de revoir sa politique d’incarcération.

Un projet surdimensionné et inutile
Depuis longtemps déjà, Ensemble à Gauche, les Verts et le PS combattent le projet de construire une prison surdimensionnée à Genève et ont remis en cause la politique carcérale du canton. En effet, le projet des Dardelles, prévu pour 450 détenu-e-s et dont le coût de construction avoisine 260 millions, ne correspond pas aux besoins carcéraux du canton. Alors que la prison de Champs-Dollon a été pensée comme un établissement de haute sécurité, elle est également utilisée pour des personnes qui n’ont commis que des délits mineurs, des personnes qui n’ont pas réglé des amendes dans les délais, des personnes ayant commis des infractions à la loi sur les stupéfiants ou des personnes dont le seul délit est d’être illégalement présentes sur le territoire. Autant de personnes qui ne justifient pas de détention dans une prison de ce niveau de sécurité. Dès lors, la construction d’une nouvelle prison de haute sécurité de 450 places est totalement inappropriée.

Vers une nouvelle politique d’incarcération
Alors que Genève incarcère 1,5 fois plus que les cantons de Suisse centrale et orientale et que le canton a doublé sa capacité pénitentiaire depuis 2008, c’est bien d’une nouvelle politique carcérale dont le canton a besoin, une politique plus éclairée et humaine, en phase avec la réalité. Plutôt que de doubler à nouveau le nombre de places d’incarcération avec la construction des Dardelles, le canton a surtout urgemment besoin d’adapter les lieux de détention aux peines à appliquer. Plutôt que d’enfermer des personnes ayant commis des délits mineurs dans des prisons de haute sécurité, Genève a besoin de nouvelles places de détention en milieu ouvert, dans de petites structures, des places de détention adaptées à l’incarcération des femmes, ainsi que du développement des mesures telles que les Travaux d’intérêt général ou le bracelet électronique. Un recours moindre à la détention préventive, dont Genève abuse allègrement, est également indispensable, de même que la création de lieux de détention de basse sécurité pour la détention préventive. Enfin, en matière migratoire, l’accent doit être mis sur une politique d’intégration plutôt que sur une politique répressive, comme c’est le cas actuellement.

Des terres agricoles sauvegardées
Enfin, l’emprise sur le sol du projet de méga-prison des Dardelles a également poussé des député-e-s, y compris de droite, à s’y opposer. La construction des Dardelles aurait impliqué la destruction de 10 hectares de terres agricoles, dont 7 en surface d’assolement. Alors que Genève atteint sa limite en matière de surface d’assolement (surface cultivable minimum à conserver en cas de crise), elle ne peut pas se permettre de la gaspiller de manière inutile. Une pétition « Menace sur la zone agricole de Puplinge » a d’ailleurs vu le jour, portée par des citoyen-ne-s inquiets-ètes du projet de transformer la campagne de cette commune en une vaste cité carcérale, au détriment de la faune, de la flore, et des bienfaits que ce bout de nature préservé peut apporter en termes de qualité de vie aux habitant-e-s du canton.