Nous voulons une Genève laïque, pratiquant une laïcité démocratique respectueuse des droits de chacun·e. L’Etat n’a pas à intervenir dans les questions religieuses. Il ne doit pas y avoir de régime particulier pour les un·e·s ou les autres en la matière. La liberté de conscience, d’opinion, d’expression, d’association, de manifestation, soit tous les droits et libertés publiques sont à appliquer dans ce domaine comme dans les autres. Evitons en la matière des dérives «à la française».

Disons NON à la nouvelle loi sur la «laïcité» de l’Etat (LLE) indigne de notre Genève multiculturelle, car:

  • Elle contredit la Convention européenne des droits de l’Homme (CEDH) ratifiée par la Suisse en matière de liberté de conscience et de religion (art.9, al.1). Des recours en justice contre cette loi liberticide sont déjà pendants pour ce motif
  • Elle viole gravement l’égalité citoyenne soumettant les un-e-s et pas les autres à des interdits particuliers.
  • Elle donne des pouvoir arbitraires au Conseil d’Etat pour reconnaître ou non telle ou telle religion comme acceptable et pour suspendre des libertés publiques à titre préventif de «troubles» religieux que Genève ne connaît pas.
  • Elle invente des règles spéciales pour les manifestations religieuses plutôt que de les soumettre à la loi qui régit toutes les manifestations, syndicales, sociales, politiques, associatives, sportives…
  • Elle étend une «contribution religieuse» prélevée par le fisc pour certaines églises, alors qu’aucun groupe non religieux n’a ce privilège, quelle que soit son utilité sociale ou environnementale.
  • Elle se mêle de questions religieuses dans lesquelles un Etat neutre en la matière, comme le veut la constitution, ne devrait pas s’ingérer: distinguer des pratiques religieuses «cultuelles» ou non par ex. n’est pas du ressort de la loi, pas plus que dicter la manière dont les religions doivent s’organiser.

 

UNE LOI IMPOSÉE À L’ARRACHÉ

Cette loi posant nombre de problèmes a mis plus de 2 ans à être traitée en commission parlementaire. Elle veut régir des domaines fort différents sur le mode peu démocratique du «paquet ficelé».

En fin de travaux, dans la commission concernée, il ne s’est trouvé pour voter OUI que 4 députés sur 9, sans aucune femme! Le parlement a traité ce sujet en procédure urgente imposée à une voix de majorité. Le Conseiller d’Etat Pierre Maudet, inspirateur de la loi, n’a même pas été là lors de la première tranche des débats. La deuxième tranche en pleine élection au Conseil d’Etat, a poussé à un alignement forcé de certains député-e-s.

Enfin, des amendements importants ont été parachutés en fin de parcours au Grand Conseil: par ex. pour interdire de siéger à tout-e élu-e portant un «signe religieux» extérieur, ce qui fait de la loi un décret d’exclusion de Sabine Tiguemounine du Conseil municipal de Meyrin, envers et contre l’avis des citoyen-ne-s qui l’y ont élu sachant qu’elle porte un voile. Les dispositions de la loi signifient qu’il est douteux que, sauf passe-droits, le PDC – chrétien ! – ou un parti évangélique puisse afficher son identité dans un parlement.

Il faut dire NON à cette loi, pour déficeler le paquet qu’elle forme: on annulera ainsi ses côtés liberticides contraire au droit et nos élu-e-s pourront reprendre tranquillement certains aspects acceptables, comme les dispositions sur l’accompagnement spirituel dans les prisons, hôpitaux, etc.


POUR LE DROIT DES FEMMES À DÉCIDER POUR ET PAR ELLES-MEMES

Ce sont surtout des femmes portant un foulard qui sont ciblées par l’interdit du port de «signes religieux». C’est discriminatoire! La loi induira ainsi pour certaines des difficultés à se former et à accéder au travail ou à l’engagement citoyen. C’est inacceptable! En limitant leur possibilité de gagner en autonomie, notamment financière, on les rendra plus vulnérables! Chaque femme doit pouvoir vivre comme elle veut, sans discrimination, violence ou autres obstacles. Un enjeu central de l’égalité femmes – hommes est la liberté de disposer de son corps. Avec cette loi, c’est un parlement avec 70% d’hommes, qui prescrit comment des femmes doivent ou non se vêtir. Toute loi réduisant l’auto-détermination de certaines femmes est une attaque contre toutes et doit être rejetée!


POUR LE RESPECT DES DROITS DES SALARIÉ-E-S

Via la Charte suisse sur la diversité au travail signée en 2018, Genève s’engageait pour l’égalité de traitement, notamment concernant les convictions religieuses de ses employé-e-s. Un engagement violé par cette loi qui veut «uniformiser» l’apparence des employé-e-s au mépris de leurs droits, induisant un «fichage» des convictions des employé-e-s… Or la laïcité de l’Etat doit se manifester dans la neutralité de l’action de ses employé-e-s, face à la population.  Pas dans leur apparence. En outre, cette loi impose un diktat sur les statuts du personnel d’entités publiques (SIG, TPG, Aéroport, EMS…) comme aussi des 45 communes, en violant leur l’autonomie. Dans les communes, des postes de patrouilleuses scolaires, de bibliothécaires, de mamans de jours sont menacés. Cette modification arbitraire imposée à des dizaines de milliers de salarié·e·s pourrait déboucher sur nombre de licenciements. C’est inacceptable!

NON À UNE LOI LIBERTICIDE, QUI CARICATURE LA LAÏCITÉ, BAFOUE LES DROITS HUMAINS ET TRAHIT L’ESPRIT DE GENÈVE!