Pour une rue Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée
Depuis des années, les féministes s’indignaient du nombre infime de noms de rues dédiées à des femmes à Genève : 41 contre 548 à des hommes, du 7 %…
L’association L’Escouade a enfin empoigné le problème, ces historiennes féministes ont rédigé 100 biographies de femmes (un livre « 100Elles* vient de paraître chez Georg) et leurs 100 noms ont été placardés en rose dans 100 rues de Genève en 2019.
Cet affichage n’est pas officiel et sera éphémère, mais ce travail militant a payé : le Grand-Conseil a décidé de féminiser officiellement 10 rues cette année. Nous savons que parmi les noms retenus figure celui de « Grisélidis Réal, écrivaine et prostituée ».
Ensemble à Gauche a soutenu une motion qui demande au Conseil administratif de désigner ainsi une rue emblématique, d’organiser un évènement culturel lors de son inauguration et de renforcer le soutien à Aspasie, association de solidarité engagée dans la défense des droits des travailleur.es.s du sexe.
Nous avions signé cette motion parce que Grisélidis Réal a été une grande dame et qu’avoir une rue à sa mémoire est un honneur pour notre ville.
C’était une femme étonnante. Artiste, écrivaine et peintre, une femme prostituée qui revendiquait publiquement la valeur de son travail, ouvrant la voie à d’autres, femmes et hommes, pour parler du travail du sexe. Une femme engagée dans les luttes pour les droits des prostitué.e.s à Genève, comme à Paris ou à Berlin, qui a participé à Genève à la création de l’association Aspasie en 1982. Durant 30 ans elle a récolté des documents sur la prostitution et a créé un centre de documentation de renommée internationale.
Une rue Grisélidis Réal, une évidence? Le débat au Conseil municipal a montré qu’une femme artiste et prostituée qui se bat pour ses droits continue à déranger certain.e.s, encore 15 ans après sa mort.
Pour Ensemble à Gauche, il est nécessaire de renforcer les droits des travailleur.es.s du sexe, de reconnaître la personnalité et l’engagement de Grisélidis Réal dans l’espace public et de soutenir l’association qu’elle a participé à créer.
La motion a finalement été acceptée et nous nous réjouissons déjà de fêter l’inauguration de cette rue Grisélidis Réal, peut-être aux Pâquis?
Combattre le sexisme au sein du Conseil municipal
En 2018, l’Union interparlementaire et l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe rendaient un rapport sur les situations de sexisme subies dans les parlements européens, présentant des chiffres alarmants sur les violences subies par les parlementaires, tant d’un point de vue physique que psychologique.
C’est dans ce contexte qu’avec une majorité du Conseil municipal nous avons adopté une modification du règlement interne, visant à renforcer la sensibilisation des parlementaires et à doter le Conseil d’un dispositif de personne de confiance externe.
A côté des affrontements politiques plus ou moins respectueux, les femmes qui s’engagent en politique doivent en effet composer avec des violences que ne subissent pas leurs collègues hommes et qui renvoient l’image que leur présence dans cette sphère ne serait toujours pas normale. Au-delà des graves dommages qu’elles causent aux personnes directement concernées, ces violences contribuent en outre à la difficulté de recruter des femmes pour s’engager dans les parlements.
Le débat sur cet objet a d’ailleurs illustré la méconnaissance de certains conseillers municipaux sur ce qu’est le sexisme, démontrant si besoin en était la nécessité de mettre cette question à l’agenda.
Des mesures actives sont nécessaires pour lutter contre le sexisme car les mœurs n’évoluent malheureusement pas d’elles-mêmes.
Nous nous félicitons de ces nouvelles dispositions réglementaires qui permettent de désigner les pratiques inacceptables et les ressources accessibles aux personnes qui en seraient victimes.
Pour un soutien de la Ville à un centre féministe
L’urgence avait été acceptée pour notre motion qui propose que la Ville de Genève mette à disposition des locaux de son parc immobilier au collectif de la grève féministe. La droite a tout fait pour empêcher qu’elle puisse être traitée lors de la session. Le débat aura lieu donc plus tard, mais nous ne lâcherons rien. Rappelons que le 8 mars le collectif a déposé une pétition pour un centre féministe au Grand Conseil et au Conseil municipal.
La Ville de Genève continue
à soutenir le secteur de la culture
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