La nouvelle législature du Conseil municipal a débuté sa première session le 2 juin 2020
Discours de Maryelle Budry prononcé le 2 juin lors de la séance d’installation:
« C’est une grande émotion et une grande joie de pouvoir prendre ou reprendre aujourd’hui notre activité démocratique au Conseil municipal de la Ville de Genève.
Nous sortons tous et toutes d’une épreuve longue et imprévue, qui a touché fortement notre ville: crise sanitaire, puis économique, confinement, même s’il n’était que semi, frontières fermées, arrêt de la culture et du sport, visibilité de la grande pauvreté, et surplombant tous ces problèmes, la crise du climat qui nous menace toujours plus urgemment.
Nous sortons de l’épreuve du confinement qui nous a isolé·e·s et rendu·e·s impuissant·e·s, alors que nous aurions eu tant à faire, que nous avions tellement envie d’agir! Certains et certaines d’entre nous ont très probablement dû être touché·e·s personnellement par la maladie, voire par le deuil. Je tiens à vous exprimer mes pensées de sympathie.
Quelle émotion pour moi, féministe, qui ai milité pour la parité de me trouver devant 40 conseillères municipales et 40 conseillers municipaux! Je vois cette parité comme un signe tangible de la volonté d’égalité exprimée par des milliers de femmes le 14 juin dernier à travers la Ville. Portée par ce mouvement, j’en ferai une de mes priorités.
Cette période très particulière nous a permis de mesurer l’importance du travail des professionnel·le·s au service direct des personnes et de la collectivité. Beaucoup de ces héroïnes et héros sont employé·e·s par la Ville de Genève. Nous les avons applaudi·e·s chaque soir, maintenant j’espère que nous saurons les remercier concrètement, que la Ville honorera encore mieux le personnel de nettoyage, de l’éducation et des soins qui travaille à améliorer la vie de ses habitant·e·s.
Nous avons été confiné·e·s, privé·e·s de contacts avec des êtres chers, d’avec nos réseaux d’amis, nos associations, même nos camarades de partis, privé·e·s de la possibilité d’aller sur le terrain, de rencontrer directement nos concitoyens et concitoyennes, de manifester, de récolter des signatures pour les référendums et les initiatives, privé·e·s de la liberté d’exercer nos droits démocratiques. Nous avons été privé·e·s aussi de nos liens avec les paysages et les personnes aimées en France voisine. Nous avons beaucoup de manques à restaurer.
Nous abordons maintenant une crise économique, nombre d’entreprises et leurs personnels ont souffert du manque à gagner, certain·e·s indépendant·e·s n’ont rien pu gagner du tout, toute la vie culturelle et sportive a été mise en apnée, et nous avons vu des milliers de personnes démunies, ayant perdu leur emploi, faire des heures d’attente pour recevoir un paquet de vivres pour une semaine. Nous avons beaucoup à travailler pour maintenir un niveau de vie digne pour toute la population.
Paradoxalement, cette période de vie au ralenti nous a permis d’humer ce que pourrait devenir une ville apaisée, libérée de la course aux profits. La diminution des trafics automobiles et aériens nous a permis de respirer de l’air pur, d’admirer le printemps dans le silence et la salubrité. L’urgence climatique nous a saisi·e·s plus que jamais. Une ville conforme aux normes de la COP 21 nous a paru accessible! Que de débats passionnés en perspective!
Nous sommes engagé·e·s, chacun·chacune avec nos priorités et les lignes de nos partis, afin de faire vivre et rayonner Genève. Ensemble, nous voulons le meilleur pour notre ville, et dans une législature il y a des moments de grâce où nous sentons que nous tirons à la même corde et où, emporté·e·s par nos enthousiasmes, nous frôlons l’unanimité… Certes le travail du Municipal est humble et laborieux, nous avons l’impression de faire un travail de fourmi, ou plutôt de colibri. Durant mes promenades piétonnes et urbaines de personne à risque, j’ai eu maintes fois l’occasion de lire une affichette colée contre des poteaux, dans différents quartiers, racontant l’histoire du colibri qui participe avec sa gouttelette d’eau à éteindre l’incendie de forêt. «Je fais ma part».
Nous ferons notre part, j’espère bien, au-delà de la lutte contre la destruction, nous travaillerons à innover, à construire, à prévoir, à prévenir, à renforcer le rayonnement de Genève, ville de paix, de justice sociale et de liberté. En avant! »