Zéro pub commerciale !

Plus d’espace d’affichage pour le vivre-ensemble

L’acception de l’initiative «  Zéro pub » par le Conseil municipal de la Ville de Genève le 7 septembre dernier ouvre la voie du changement. Un changement qui dans un premier temps prendra la forme d’un règlement d’application que doit élaborer le Conseil administratif dans les trois prochains mois. Il devra être accepté par le Conseil municipal, et sera soumis à la possibilité d’un référendum…

L’initiative n’a pas pour seul but de limiter la surconsommation ou l’incitation à l’achat par voie d’affichage commercial à la faveur des moyennes et grosses entreprises. Ce que l’initiative propose également et surtout, c’est de replacer au centre de la Ville et au centre de notre société des valeurs de partage, de vivre-ensemble, de proximité, et de culture. Donner plus d’espace à l’affichage associatif et de proximité dans les domaines culturels et sportifs, c’est contribuer à rendre notre société plus créative, plus conviviale, plus vivante, plus amusante, plus profonde, plus juste.

Déposée en novembre 2017 avec 4658 signatures, l’initiative communale aura parcouru un chemin semé d’embûches avant de pouvoir être votée au Conseil municipal. Partiellement invalidée par le Conseil d’Etat genevois dans un premier temps, la Chambre constitutionnelle de la Cour de justice a annulé l’arrêt du Conseil d’Etat le 31 octobre 2018. Le Conseil d’Etat a ensuite porté l’affaire devant le Tribunal fédéral qui a finalement jugé valide l’initiative au printemps 2021.

Lors de la séance plénière, le fil rouge des discussions s’est très vite dessiné autour de la question suivante : à qui profite réellement l’affichage publicitaire commercial en Ville de Genève ? Une question simple avec des réponses pas toujours faciles à obtenir. Malgré tout, il est vite apparu que c’est surtout aux moyennes et plus grosses entreprises que cet affichage commercial profite. Les coûts d’entrée à l’affichage commercial et autres raisons diverses créent déjà une sélection à l’entrée pour les plus petits commerces.

Refuser l’initiative pour éviter la perte de 4 millions est un argument qui a également été brandi lors de la séance plénière par une droite qui a diminué les rentrées fiscales de 60 millions avec la réforme fiscale des entreprises (RFFA). Cette même droite envisage également de supprimer la taxe professionnelle qui rapporte 110 millions dans les caisses de la Ville. Il y a donc bien d’autres leviers à actionner pour rétablir un équilibre dans les finances publiques plutôt que de refuser cette initiative dont les impacts financiers sont bien pâles en comparaison.

Quant aux emplois potentiellement menacés par cette initiative, rappelons que l’initiative porte sur l’affichage publicitaire commercial, ni plus, ni moins. L’affichage resterait bien d’actualité, et sous des formes très diverses, ce qui devrait permettre aux graphistes, concessionnaires et autres emplois dans la branche d’évoluer, de se diversifier et d’innover.

L’acceptation de cette initiative est un choix de fond, concernant notre espace public et le modèle de société qui nous souhaitons avoir : un espace libre d’impositions visuelles liées à la vente, au commerce, un espace public qui met en avant la culture, l’échange, le lien social, la solidarité et le partage. Ces valeurs morales et politiques sont prioritaires pour Ensemble à Gauche.

PUBLICITÉS SEXISTES :

Ensemble à Gauche s’est exprimé encore sur une des motions visant à lutter contre les images sexistes de la publicité. Depuis le dépôt de la motion en 2016, ces images ont certes diminué grâce aux luttes féministes, mais la publicité a longtemps été un vecteur de mépris envers les femmes. Il faut veiller au grain et prendre toutes les mesures pour  supprimer tout message sexiste et discriminatoire.

Confirmation du vote en faveur de l’internalisation du nettoyage

Le troisième débat demandé par la droite a confirmé le vote – un crédit de 1.3 millions a été accepté pour internaliser 12 postes de nettoyeuses et nettoyeurs : un début !

L’occasion de réaffirmer la nécessité de mettre fin à un processus d’externalisation du nettoyage en cours depuis les années 2000, le nettoyage des locaux de l’administration, les WC publics, comme des crèches et écoles, et d’aller progressivement dans le sens de l’internalisation de ce secteur.

Depuis une 1ère motion déposée en 2007, EàG a toujours défendu les conditions de travail  pour le nettoyage. Mais ce sont en 2019 les nettoyeurs des WC publics, engagés par l’entreprise Onet,  qui, en se mettant en grève, ont permis de mettre sur la place publique la précarité et détérioration de leurs conditions de travail. La sous-traitance à des entreprises privées, un marché public peu rentable, la seule marge pour les entreprises étant de faire pression sur les salaires et les conditions de travail, les horaires, la flexibilité, la prévoyance. Il s’agit de problèmes structurels, pas meilleurs en changeant d’entreprise.

Notre constat reste le même : Cette externalisation s’est faite sur le dos des travailleuses et des travailleurs, alors qu’elles-ils  travaillent pour la collectivité publique, pour la ville.

Pour EàG, il faut faire le bilan, prendre ses responsabilités et changer d’optique ! Une ré-internalisation de ce travail s’impose, comme l’ont déjà fait d’autres communes. 

Une solution de compromis est votée avec l’acceptation d’un crédit de CHF 1.3 millions pour 12 postes sur 73 qui  permettra de changer de direction et d’entamer ce processus d’internalisation. EàG sera attentif à sa réalisation et à la poursuite de ce processus.

25 millions pour la construction de logements économiques

Le Conseil municipal a voté un crédit de 25 mio destiné à  la Fondation de la Ville de Genève pour le logement social afin de lui permettre de réaliser plusieurs projets déjà planifiés ;  70 logements à Chandieu, 380 à Fontaines Saintes, 20 à Petite Boissière, 50 à Godefroy. Le débat a porté une nouvelle fois sur la qualité des logements que la Fondation définit comme économiques dans ces statuts : privilégier les logements HBM (habitations à bon-marchés) pour les plus défavorisés ou veiller à la diversité, non seulement par quartier mais aussi dans chaque immeuble en réalisant des logements HM (habitations mixtes) ? Si tout le monde s’accorde sur la nécessité de construire dans la situation de pénurie qui perdure, ce débat est resté ouvert. Pour EàG, il reste essentiel d’augmenter le nombre de logements à loyer très abordable.

Les places verdissent

Parmi les projets sans débat, car ayant fait l’unanimité de la commission de l’aménagement et de l’environnement, ceux de trois places reverdies et embellies ont été votés.

Les vœux des citoyens et citoyennes ayant lancé une pétition en 2009 vont enfin se réaliser ! La Place de la Synagogue, déjà interdite à la circulation, sera réhabilitée telle qu’elle avait été conçue par l’architecte Maurice Braillard en 1944 : soit en mettant en valeur la qualité architecturale de la Synagogue, la première de Suisse et datant de 1859, et la beauté de la fontaine historique d’Alfred Cassani. De plus, la Place sera aménagée en square de repos et les terrasses des restaurants pourront se déployer largement. Tant la communauté israélite que les commerçants de la place ont exprimé leur soutien au projet. Autrefois controversé, le projet a donc fait l’unanimité du Municipal. Nous espérons que les habitant-e-s qui ont attendu 12 ans cette réalisation pourront bientôt jouir de ce nouvel espace vert.

A quelques pas, la rue des Rois, actuellement peu fréquentée et laissée à l’abandon, sera aussi apaisée, végétalisée et réaménagée en place de rencontre piétonne. Sa proximité avec le beau cimetière des Rois la rendra  certainement attractive.

Une motion acceptée pour la Place Dorcière, « honte de la Ville », qui demande sa végétalisation, et le départ des gros cars du trafic régional (gares CEVA) et international  à l’aéroport, à Trèfle-Vert  … on ne sait pas encore). Ne devrait rester que les cars des visites touristiques. Déplacement qui demande la collaboration avec le canton, les CFF, l’aéroport et qui est à l’étude depuis de nombreuses années.

Vers un embourgeoisement de la Pointe de la Jonction ?

Une question orale concernant la Pointe de la Jonction a été posée par EàG :

– C’est avec grand plaisir que durant tout cet été, nous avons suivi l’investissement des anciens couverts TPG par des installations sportives et ludiques de la Ville, des jardins et des animations pour enfants de la part de plusieurs associations, et la continuation très active du processus participatif  engagé pour l’aménagement du futur parc de la Pointe de la Jonction par l’équipe choisie par l’architecte Léopold Banchini et mandatée par la  Ville, soit le collectif AIEC.

Dans un tel contexte, l’appel à projet concernant l’animation de ce lieu – qui a abouti à l’engagement du Baroque, restaurant de luxe – apparaît  contradictoire. En effet  cet appel à projet par les conditions financières qu’il impose, exclut d’office tout le secteur associatif…  Pourquoi la formulation de cet appel n’a-t-elle pas fait l’objet d’une concertation avec les associations engagées bénévolement depuis des années pour ce projet ? »

Madame Barbey-Chappuis, conseillère administrative en charge du Département de la sécurité et des sports, a répondu que la halle la plus proche de la Pointe restera à disposition des associations ; ce sont les deux halles proches de l’Usine Kugler qui ont été soumises à projet. Elle estime que le loyer de 5000 francs n’est pas excessif, vu la surface d’exploitation. C’est un jury diversifié qui a choisi le Baroque, en fonction de l’originalité du projet et des mesures de sécurité proposées. La Ville veillera à ce que les prix pratiqués soient accessibles à une majorité de la population. A suivre …