Ce matin, l’association Xénope tenait une conférence de presse au sujet de la menace d’expulsion brandie par l’Etat de Genève à l’encontre des habitant.e.s du logement coopératif sis au 154, route de Malagnou. Afin de manifester leur soutien aux personnes occupant légalement ce lieu, les député.e.s du groupe parlementaire Ensemble à Gauche (EàG) ont tenu à interpeller les autorités cantonales au sujet de cette décision. Un courrier adressé au Conseil d’Etat et au Grand Conseil, que le Parti Socialiste genevois (PS) a désiré cosigner, a été envoyé aujourd’hui même. «L’Etat s’attaque sans cesse aux espaces de liberté et aux milieux alternatifs», s’insurge Pierre Vanek, chef du Groupe parlementaire EàG au Grand Conseil. «En luttant contre tout ce qui s’écarte quelque peu des normes marchandes, le Conseil d’Etat s’inscrit dans une logique liberticide. Nous ne pouvons plus accepter cela!»

Les arguments en faveur des habitant.e.s du logement coopératif de Malagnou sont nombreux. Tout d’abord, la situation de pénurie en matière de logement qui prévaut dans le canton, plus particulièrement pour les personnes en formation, rend la décision du département des finances peu compréhensible. « Au vu des prix abusifs des logements et des longues listes d’attente en vue d’accéder à une chambre de la cité universitaire, les initiatives de logement communautaire du type Xénope représentent une manière originale de lutter contre la pénurie et l’augmentation des prix et devraient au contraire être encouragées plutôt que réprimées », indique Caroline Marti, députée PS au Grand Conseil.

Par ailleurs, les député.e.s d’EàG et du PS estiment que la justification avancée par le Conseil d’Etat afin de ne pas renouveler le bail du 154, route de Malagnou, relève du prétexte. « En annonçant vouloir mettre cet espace à disposition de l’Hospice général pour qu’il puisse y loger des migrant.e.s, l’Etat met en concurrence personnes en formation et migrant.e.s, instrumentalisant la situation d’une population précaire », dénonce Pierre Vanek. L’argument est d’autant moins sérieux que les caractéristiques du bien immobilier en question ne correspondent absolument pas aux types de structures recherchées par l’Hospice général afin de loger des migrant.e.s. L’immeuble est vétuste et sous-équipé en installations, notamment sanitaires. Les travaux nécessaires pour adapter ce bâtiment à l’hébergement de requérant.e.s d’asile seraient très conséquents, notamment en ce qui concerne un éventuel déflocage. Afin de clarifier la nature, le coût et durée de ces travaux et préciser le nombre de réquérant.e.s qui pourraient être logés dans ce bâtiment, une question urgente écrite sera déposée demain au Grand Conseil. D’autres biens immobiliers inoccupés, propriété de l’Etat, tel le 28C, rte de Meyrin par exemple, semblent plus adaptés aux besoins de l’Hospice général. « Plutôt que de renvoyer dos à dos deux populations précaires, l’Etat devrait s’appliquer à trouver des solutions convenables pour chacune d’entre elles, tenant compte de leurs besoins respectifs », ajoute la députée PS.

En choisissant de ne pas renouveler le contrat de bail de ce lieu, le Conseil d’Etat manifeste également peu de considération pour l’originalité des différents projets et activités développés par ses locataires. Plus qu’un simple logement, cette maison est également un lieu de partage et d’échange de connaissances, à travers divers ateliers et activités, gratuitement ouverts aux habitant.e.s du canton. Les député.e.s d’EàG et du PS estiment que le sort réservé aux locataires du 154, route de Malagnou, reflète une certaine volonté du Conseil d’Etat, visible dans d’autres domaines, visant à réduire les espaces de liberté et à augmenter le contrôle sur les lieux alternatifs. « Cette logique liberticide de destruction des initiatives de réappropriation citoyenne est inacceptable. Expulser les locataires de Malagnou c’est, une nouvelle fois, casser un espace alternatif, un lieu d’organisation sociale, politique et culturelle pour la jeunesse », conclut le chef du Groupe parlementaire EàG.

Personne de contact : Pierre Vanek