Malgré un effritement du soutien durant les dernières semaines de campagne, la loi sur les mesures policières a été acceptée par environ 57% des votant·e·s. Le spectre du terrorisme a permis de justifier l’adoption d’une loi d’exception donnant des pouvoir extrêmement étendus à la police. Ensemble à gauche s’inquiète fortement de cette nouvelle avancée contre nos libertés politiques et individuelles et luttera contre les dérives que cette loi va engendrer.

Concrètement, la MPT va donner à la police un pouvoir discrétionnaire en vue d’enquêtes non déclarées contre des personnes n’ayant commis aucune infraction. Avec l’introduction d’une nouvelle catégorie fourre-tout de « terroriste potentiel », elle ouvre la possibilité pour la police d’enquêter et de prendre des mesures de contrainte contre de larges pans de la population de ce pays, sans aucun contrôle.

En plus de son caractère arbitraire, cette loi consacre une surveillance généralisée de la population, des mouvements sociaux et des partis politiques. Les mesures prévues ne sont pas ordonnées par un tribunal, mais par la police fédérale, sur la base de simples soupçons et sans aucun contrôle judiciaire préalable. Interdiction de contact, interdiction géographique, interdiction de quitter le pays, surveillance électronique, localisation des téléphones portables pourront être déclenchées contre n’importe qui sans contrôle, et ceci dès l’âge de 12 ans. La loi permet à la police d’assigner des personnes à résidence, voire de les mettre en détention administrative jusqu’à 9 mois. Cette privation de liberté peut même concerner des enfants, dès l’âge de 15 ans.

Si tout le monde peut être touché, cette loi vise la population musulmane. Elle stigmatise des groupes et des personnes réputées « dangereuses ». La catégorie nouvelle de « terroriste potentiel » permet de justifier une « surveillance collective », fondée notamment sur la religion. Cette loi s’inscrit dans le cadre de la vaste campagne islamophobe qui agite la Suisse, fournissant de nouveaux outils à une islamophobie d’État. La stigmatisation des personnes musulmanes et la violation de leurs droits se renforcent de matière inquiétante.

Sous prétexte de combattre le terrorisme, cette loi vise à renforcer le dispositif répressif de l’État et le caractère autoritaire des politiques imposées afin de maintenir l’ordre social et économique en place. Elle menace directement nos libertés et droits démocratiques et ouvre la possibilité de dérives racistes. Nous ne devons pas accepter une loi qui instaure un État d’exception et menace nos droits fondamentaux, il est impératif de continuer à s’y opposer.