L’Initiative de la CGAS pour la création d’emploi sociaux et écologiques, dite « 1000 emplois », portée, notamment par les partis de l’Alternative s’est vue retoquée par le Conseil d’État à majorité Rose/Verte au profit de la recommandation de lui opposer un contreprojet. Brutale déconvenue pour les militants verts et socialistes qui, avec nous, ont appelé au soutien de cette initiative et ont récolté des signatures pour la faire aboutir. Le conseil d’Etat, outre l’argument du coût trop élevé de la mise en œuvre de cette initiative ; a feint de ne pas comprendre le sens de la proposition centrale de l’initiative. En renvoyant à l’office cantonal de l’emploi la charge de de mieux former et réinsérer les chômeurs. euses, il fait l’impasse sur le fait qu’il ne s’agit pas là de mieux gérer le chômage, mais de le combattre à sa racine en créant des emplois dans des secteurs à développer ou à professionnaliser : l’éco-construction, l’éco-rénovation et les soins à la personne (le Care). Renvoyée en commission de l’économie, il faudra œuvrer dans ce cadre et dans l’espace public pour que les engagements pris par le parti socialiste et les Verts soient respectés et que l’essence de cette initiative soit acceptée.

L’objectif de cette initiative est d’affronter de manière dynamique la crise sanitaire, sociale économique et climatique. L’initiative vise à rompre avec la résignation induite par une forme de consensus consistant à dire qu’il est inéluctable qu’un certain nombre de travailleurs et de travailleuses ne trouverons plus leur place sur le marché du travail à cause non seulement des fluctuations économiques, mais également en raison de ses mutations et/ou devront vivre en permanence dans la précarité de l’emploi. Une résignation qui va de pair avec le fait que beaucoup de gens se satisfont sans trop d’ombrage que nombre de demandeur.euses d’emploi soient durablement confiné.es dans des stages dit de réinsertion. Des stages, qui rappelons-le, sont dans une grande partie des cas, d’anciens emplois transformés en stages par les politiques d’austérité et certains opportunismes économiques.

Le taux de chômage à Genève est le plus élevé en Suisse, et cela de manière constante. Aujourd’hui de 4,4%, il a ascendé à 5,7% en février 2021. Or, nous le savons ces ratios définis selon les critères du SECO ne reflètent pas la réalité de la demande d’emploi dans notre canton. Le taux à retenir, si l’on s’en réfère aux critères du BIT, se situerait plutôt aux alentours de 13%, voire plus. Quant aux demandes d’aides financière auprès de l’état, elles ne cessent de croitre. Elles se situent à hauteur de 6,3% pour l’aide sociale au sens stricte (Hospice général) et à 14,5% pour les prestations d’aide au sens large (subsides à l’assurance maladie, allocations logement, bourses d’étude, avances sur pensions alimentaire et prestations complémentaires (AVS/AI et pour familles de travailleurs pauvres))

Dans un tel contexte, il importe d’agir au cœur du problème, c’est pourquoi cette initiative propose de placer la création d’emploi au premier plan et de donner à l’Etat un rôle déterminant en la matière. Mais surtout l’IN préconise de développer des emplois dans des domaines, qui non seulement offrent des marges importantes de développement, tel que le domaine des soins à la personne, de l’éco-construction ou de l’éco-rénovation, mais surtout qui répondent à des impératifs de besoins sociaux et à la nécessité d’agir face à la crise climatique et d’accélérer la transition vers une société durable, et des modes de production et de consommation plus respectueux du climat.

Enfin, un dernier volet de cette initiative demande que l’Etat favorise la diminution du temps de travail pour mieux partager l’emploi, partant, pour créer en compensation de nouveaux emplois.

L’initiative 1000 emplois s’attaque au cœur du problème du chômage et du non emploi. Elle milite en faveur de ce qui aujourd’hui fait cruellement défaut, la création d’emploi. L’Etat, en l’occurrence doit donner l’exemple en jouant un rôle proactif dans ce domaine. Rappelons que l’Etat est l’un, si ce n’est principal employeur du canton.

Certes, l’application de cette initiative coûte. Mais de fait, elle peut également rapporter, outre l’aspect d’un pouvoir d’achat ou de contribution fiscale retrouvés, c’est aussi autant d’économies réalisées en termes d’aides sociales directes ou indirectes, c’est encore, entre autres, autant d’économies réalisée au niveau de la santé publique et des coûts de la santé répercutés sur les cotisations d’assurances.

Dans son refus de l’initiative, le Conseil d’Etat renvoie une partie de la solution à rechercher à l’office cantonal de l’emploi. Or, c’est là prétendre agir en aval de la problématique une fois le chômage avéré. Or, ce que préconise l’initiative c’est d’agir en amont ; précisément pour éviter le chômage.

C’est pourquoi, nous continuerons à défendre l’initiative « 1000 emploi » et appelons les militants du Parti socialiste et les Verts à en faire de même. Nous ne sommes pas obligé.es de subir la crise, nous devons avant tout la combattre. L’initiative « 1000 Emplois », est une des manières de le faire.

Jocelyne Haller