Ensemble à Gauche (solidaritéS·DAL) · 22 février 2022

Voici nos nouvelles de la session des 8 et 9 février 2022 du Conseil municipal

  • De l’accessibilité
  • La carte femmes – 20%
  • Le budget du Grand-Théâtre
  • Le 3ème débat pour le crédit d’étude Rive piétonnisé

Accessibilité en Vieille-Ville, y a encore du travail !

Notre retour à la salle historique de l’Hôtel de Ville a été préparé en amont pour ce qu’il en est de l’accessibilité en fauteuil roulant. Lors de la pré-visite, tout s’est bien passé. Ascenseur, accès par une porte sans palier, porte d’accès à la cour de l’Hôtel de Ville de plain-pied, nous avions fait le tour de tout ce qui avait été prévu.

Pour marquer ce retour emblématique au cœur de la Vieille Ville où l’accessibilité est un réel défi dans sa globalité, comme par exemple devoir visiter une dizaine de restaurants pour nos pauses repas avant d’en trouver un seul qui disposait d’une rampe, Ensemble à Gauche avait prévu de déposer une motion en urgence intitulée « Aller où je veux quand je veux pour toutes et tous » concernant la nécessité que des rampes soient installées dans tous les lieux recevant du public, et si une rampe fixe ne peut être envisagée, qu’au moins une rampe amovible soit disponible et signalée. Ceci, dans des lieux de loisirs, dans les commerces ou tout autre lieu offrant des prestations, qu’ils soient temporaires ou définitifs.

En effet, trop de lieux ont une marche ou des escaliers, ce qui constitue une barrière pour les personnes à mobilité réduite, en particulier pour les personnes en fauteuil roulant et qui constitue un obstacle discriminant et excluant.

Nous n’imaginions pas à quel point ce sujet serait d’actualité lors de cette première session ! Sur les deux portes de la Cour de l’Hôtel de Ville, celle de plain-pied s’est retrouvée fermée lors de notre pause repas et le restaurant soi-disant accessible depuis la terrasse était pourvu d’une marche intérieure de 20 cm…

Devoir être aidée lorsqu’une situation imprévue se présente est une chose, mais devoir être portée parce qu’il est « habituel » qu’une porte soit fermée, c’est insupportable ! Sans compter le risque de blessure et de douleurs autant pour moi que pour ceux qui m’ont portée. Et ce n’est pas de cette manière que je considère l’autonomie.

Si nous avions pensé devoir argumenter sur notre motion afin de recueillir l’aval d’une majorité du Conseil municipal, l’exemple vécu en direct a valu mille mots. Lors de l’entrée en matière, nous avons proposé de l’envoyer en commission non seulement pour approfondir le sujet et élaborer des propositions concrètes, mais également pour sensibiliser les conseillers municipaux. Nous avons obtenu l’unanimité et des applaudissements nourris de l’ensemble du plénum pour cet envoi en commission.

Il reste toutefois un goût amer de cette expérience : celui que, malgré des informations prises et données en amont, la problématique de l’accessibilité ne semble toujours n’être « qu’un détail ».

Merci à l’ensemble de celles et ceux qui se sont mobilisés lors de cette session pour l’aide apportée, mais également pour que cela ne se reproduise pas lors des prochaines.

Face à l’inégalité salariale s’élevant toujours à 20%, oui à une carte femmes —20% pour les entrées dans les institutions culturelles et les centres sportifs de la ville

La proposition avait été déposée lors de la préparation de la grève féministe du 14 juin 2019. Cette grève qui a connu une participation majeure à Genève comme dans toute la Suisse est née à partir d’un constat : Si la loi sur l’égalité entre femmes et hommes (LEg) est entrée en vigueur en 1996 et interdit toute discrimination d’une personne en raison de son sexe, ce qui comprend l’égalité salariale, 25 ans plus tard elle est toujours loin d’être respectée. Et avec la révision, adoptée en juillet 2020, la LEg ne prévoit toujours ni contrôle ni sanctions, seules les entreprises à partir de 100 salariés sont tenues à une observation qui reste interne.

Les différences salariales restent pourtant réelles, en moyenne 19.6%, un peu plus basses à Genève que dans d’autres cantons, moins dans les administrations publiques que dans le privé, plus hautes pour les cadres (jusqu’à 29% !) et selon les syndicats, ont même une tendance à augmenter plutôt qu’à diminuer, comme c’est le cas dans d’autres pays européens.

Et à la retraite, la différence de revenus entre les femmes et les hommes est encore bien plus grande, avec un écart moyen de 37%, (AVS 0.61%, 2ème pilier rente 40,40%, capital 56%, – 3ème  pilier 27 %), selon les chiffres récents de l’Office fédéral des statistiques.

Cette motion a un aspect symbolique : en effet l’inégalité de fait est si « normale » qu’elle semble aller de soi, étant quasi invisible. La motion permet d’attirer l’attention sur cet écart de revenu qui, lui, est bien réel.

Les inégalités financières existent et se répercutent aussi dans l’accès aux prestations dans le domaine culturel et sportif. Si vous gagnez 20% de moins, toute entrée culturelle ou sportive vous coûtera plus cher en pourcentage de votre revenu qu’à votre collègue homme. Et n’oublions pas que selon l’étude genre et sport de la Ville (2017), 70% des moyens financiers vont aux hommes, 30% aux femmes alors que les femmes payent « la taxe rose », la taxe TVA étant plus élevée pour les produits « féminins ».

Bien sûr l’accès inégal des femmes et des hommes ne peut être réduit à un aspect uniquement financier. D’autres facteurs jouent un rôle tout aussi important,  la discrimination de genre se croise avec d’autres enjeux comme la classe, le statut social, légal, la maîtrise de la langue etc.

Le facteur temps joue aussi un rôle essentiel. En plus du travail salarié, les femmes assurent toujours la majeure partie du travail de care, (tout aussi invisible…) cela leur prend du temps et rend difficile une participation aux activités et aux évènements culturels et sportifs. Certes une carte – 20%, en tant que mesure uniquement financière, ne pourra pas comme seule mesure garantir un accès égalitaire.

Mais attirer l’attention sur les répercussions des inégalités entre femmes et hommes et ceci dans les domaines les plus divers, ici la culture et le sport, est nécessaire et utile.

Un brin provocateur ? Oui, sans doute et il le faut. Personne ne s’indigne quand la LEg, la loi sur l’égalité, n’est pas respectée. Cela viendra – dit-on. Et on peut toujours attendre. Par contre si on propose une petite mesure compensatoire, là vient l’indignation – c’est illégal, crie-t- on à droite. Cherchez l’erreur.

Cette mesure étant liée à la situation de discrimination actuelle,  elle prendra fin dès qu’elle ne sera plus nécessaire, c’est-à-dire dès qu’il n’y aura plus de différences salariales entre les femmes et les hommes.

Cette motion de portée symbolique, bien dans l’esprit provocant et ironique du féminisme, déposée au printemps 2019, dans l’enthousiasme de la préparation de la Grève féministe du 14 juin, a provoqué l’ire de la droite : « Ruine de la Ville ! », « Appel à la haine ! », « Discrimination des hommes », etc. Des réactions tout à fait disproportionnées, qui ont été heureusement balayées par une claire acceptation finale.

Il nous a fallu rappeler que le féminisme n’a jamais tué personne, contrairement au patriarcat, et qu’il est libérateur non seulement pour les femmes, mais aussi pour les hommes…

Ce symbole des inégalités a frappé fort, car il a déclenché une tempête médiatique. Interview à la TSR, à Léman bleu, la TV alémanique, la radio tessinoise, plusieurs radios et journaux romandes et suisse-allemandes » et même un excellent article dans le grand quotidien français « Le Monde » cf : https://www.lemonde.fr/international/article/2022/02/11/suisse-la-ville-de-geneve-veut-reduire-les-prix-des-loisirs-pour-les-femmes-afin-de-corriger-les-inegalites-salariales_6113305_3210.html

Le budget du Grand-Théâtre

Lors de cette session le Conseil Municipal a été appelé à approuver les budgets 2020-21 et 2021-22 du Grand Théâtre de Genève (GTG).

Cette proposition a été fortement critiquée, la procédure administrative ne permettant pas d’avoir une réelle discussion sur les différentes lignes budgétaires du Grand Théâtre. En effet, lors du traitement dans la commission de la culture,  le budget de la  saison est déjà bien entamé et le financement utilisé. De ce fait, les conseillers ne peuvent que  prendre acte de la situation financière et, par la suite, bien évidemment l’approuver pour que le théâtre puisse faire face à ses obligations.  Pour EàG et la plupart des groupes, cette situation est aberrante.

Le Conseiller Administratif Sami Kanaan a cependant déclaré que ce mécanisme administratif va être changé et que dorénavant le Conseil de la fondation du GTG s’engage à présenter le budget une année avant le début de chaque saison pour que le Conseil municipal puisse en discuter.

EàG a toutefois relevé la qualité du travail réalisée par les employé.e.s du GTG qui ont su faire face à la pandémie et ont pu maintenir, malgré la situation sanitaire, certaines représentations en direct, ont su innover et s’adapter au format digital pour permettre aux artistes de continuer à évoluer et au public de s’épanouir à travers la culture.

Le débat en plénière a permis de rappeler le manque de participation de la part de l’Etat ainsi que la situation peu satisfaisante du personnel avec deux statuts différents et inégaux, selon leur employeur, la Ville ou la Fondation.


Quant à l’offre artistique, EàG a incité le GTG à rendre le programme plus accessible à la population et a défendu le principe d’égalité de traitement entre les divers acteurs culturels présents dans notre ville, pour être cohérent avec une politique culturelle, inclusive, démocratique et participative.

3ème débat pour la PRD 289 «  Piétonisation de Rive sans parking souterrain »

EàG, pour ce 3ème débat voulu par la droite (PLR, MCG, UDC) même si le résultat du vote ne laissait aucun doute, n’a pu que réitérer son ferme engagement pour une zone piétonne sans parking souterrain à Rive, notre centre-ville. Nous avons répété combien les piétonisations apportent  de la convivialité dans les rues et de la prospérité au commerce de proximité, contrairement à ce que clame la droite.  Le succès des centres villes piétons en Suisse alémanique, en France, en Allemagne, en Belgique et dans de nombreux autres pays est largement prouvé. Carouge est aussi est un exemple positif, car après des années d’opposition et de recours, toute la population a enfin reconnu les bienfaits de la zone piétonne et l’élargit maintenant avec l’accord général.