Cette lettre d’information est réalisée par le groupe Ensemble à Gauche (EàG) au Conseil municipal de la Ville de Genève (Corinne Bonnet-Mérier, Maryelle Budry, Monica Granda, Gazi Sahin, Brigitte Studer, Christian Zaugg, Livia Zbinden)

Lors de la session des 4 et 5 octobre du Conseil municipal, les points suivants ont été traités

  • Plan localisé de quartier (PLQ) Acacias 1
  • Croissance et développement des cuisines scolaires
  • Piscine de Varembé : un retour très attendu
  • La Fan Zone Coupe du Monde 2022 : si on ne peut l’interdire, au moins sensibiliser  

Projet de plan localisé de Quartier (PLQ) No 30052 Acacias 1

Sur demande du Canton, du Département du territoire, le Conseil municipal a dû se prononcer sur le projet de PLQ Acacias 1, situé dans le périmètre Praille-Acacias-Vernets (PAV), un secteur majeur pour le développement de la ville.  La construction de 2200 logements pour 5000 nouveaux habitants est prévue.

Le Conseil municipal l’a adopté avec 51 oui – 10 non – 8 abstentions.

Ce projet de PLQ se situe dans un grand secteur, la moitié du quartier des Eaux-Vives. Ce n’est pas une friche, mais une zone dont le tissu va être fondamentalement modifié. Il s’agit d’un long processus de transformation d’une durée évalué entre 40 et 60 ans. Penser la Ville de demain est un réel défi : Il y a peu d’habitations  actuellement dans ce secteur. Et les futur.es habitant.es ne se savent pas encore concernés.

La majorité de la Commission de l’aménagement et de l’environnement ayant voté pour l’adoption de ce projet, EàG a exprimé ses critiques dans un rapport de minorité

Pour EàG, construire des logements est une nécessité sociale, vitale même, il faut le faire. Vu la pénurie de logements, nous ne remettons pas en doute la nécessité de construire dans le secteur Acacias 1. Mais lors du travail de commission, si nous avons beaucoup auditionné des architectes satisfaits, nous avons aussi entendu les voix des associations d’habitant-e-s, leurs craintes et leurs espoirs concernant cette nouvelle partie de la ville en préparation. Celles-là mêmes qui ont tenté de se faire entendre lors de la construction des Vernets, il y a 6 ans. Nous avons entendu le Collectif des associations d’habitant-e-s et de quartiers, l’Association des habitant-e-s des Acacias, l’Association pour l’animation des Acacias qui ont salué les améliorations proposées par la Ville comme la Drize remise à l’air libre et une forte limitation du trafic interne motorisé.

Néanmoins, elles ont relevé des aspects négatifs liés à la densité qui reste excessive. L’absence d’un vrai parc de proximité qui n’est pas compensée par les bords pentus de la Drize, pouvant présenter des risques. Le terrain est insuffisant pour l’école, les surfaces des équipements de quartier (crèche, ludothèque, maison de quartier, équipements culturels) sont limitées.  Les conditions d’habitat sont problématiques : les ombres sont importantes, l’ensoleillement est réduit, il y aura un manque de ventilation naturelle et des nuisances sonores entre les logements car les cours sont trop petites. Enfin, il y a de fortes inégalités dans ce qui est prévu entre les logements privilégiés des étages supérieurs et ceux situés en bas des bâtiments qui subiront tous les désavantages.

La population des Acacias, « la plus précaire de la Ville » qui cohabitera avec le nouveau quartier, doit trouver sa place dans cette mutation. Les associations sont à l’écoute des habitant-e-s qui ont émis des craintes sur les manques d’espaces de délassement pour les enfants et les jeunes, l’absence d’un projet de Cycle d’orientation et elles ont aussi donné des idées concrètes pour une ville de demain. Ces propositions mériteraient d’être plus connues et discutées dans des débats publics.

Nous appuyant sur les critiques et les propositions des associations d’habitant-e-s, nous avons proposé des amendements à la Commission pour :

–            augmenter la proportion de logements par rapport aux surfaces d’activités, surtout des bureaux.

–            prévoir beaucoup plus d’équipements socio-culturels adéquats, un emplacement pour une crèche, des lieux culturels et festifs, des places de jeux pour enfants,

–            un parc bien accessible aux jeunes enfants et aux personnes âgées, permettant différentes activités de délassement, en plus des bords de la Drize,

–            des appartements lumineux, des rues suffisamment larges pour permettre la ventilation et l’ensoleillement entre les grands immeubles, des îlots en pleine terre.

Les Socialistes et les Verts ont également proposé de bons amendements, tenant compte des nouveaux besoins, des changements de mode de vie en raison du réchauffement climatique. En plénière, nous avons fait adopter deux nouvelles recommandations pour l’accessibilité universelle et pour une place de jeux et de sports pour les jeunes sur le toit d’un des grands bâtiments.

Voter non au PLQ signifie notre volonté d’être le plus proches des désirs de la population actuelle et à venir, en tenant compte des changements climatiques. Nous avons rappelé qu’entre 1980 et 2000, à Genève, des gens se sont appropriés des espaces et les ont transformés en logements à leurs goûts. Ils ont fait état de créativité et d’ingéniosité pour vivre de façon plus solidaire et à moindres frais. Ce mouvement a été écrasé en 2007 par l’expulsion des squatters de Rhino. Mais le désir de vivre plus simplement, plus librement, et surtout plus sobrement, persiste et monte même dans la population jeune. Et c’est cette population et ses enfants qui habiteront dans les logements que nous leur préparons maintenant. Nous ne sommes pas du tout sûrs que ce nouveau quartier corresponde aux besoins des années 2050… Nous misons sur l’avenir et voulons que le débat sur les logements de qualité soit rendu plus public et plus créatif.

Une quinzaine d’amendements acceptés, mais …

Une quinzaine d’amendements ont été présentés et votés. Le Conseiller d’Etat M. Hodgers a dit lui-même en commission (p. 31 du rapport) qu’il ne peut pas garantir que les recommandations soient suivies, que cela dépend de leur nature et de leur portée. Il a aussi précisé que p.ex. créer un parc n’est pas réalisable.

Il s’agit en effet d’amendements de la proposition du Conseil administratif. Nous n’avons pas la possibilité d’intervenir directement dans le PLQ qui comprend toute une série de documents techniques basés sur des études et des données précises (plan d’aménagement, d’équipement, règlement, rapport explicatif, la charte des espaces etc.). Le Conseil municipal ne peut pas directement y intervenir.

Ces amendements n’ont pas de valeur contraignante, ils expriment une volonté du Conseil Municipal, mais ne permettent pas d’imposer les modifications souhaitées. Ils ont l’avantage de mettre en évidence quelques aspects critiques, de donner des pistes d’amélioration, mais les intégrer nécessiterait de retravailler le projet. De plus, nos critiques plus fondamentales ne peuvent être exprimées sous forme d’amendements.

La position du groupe EàG

EàG est convaincu qu’il est nécessaire de construire des logements, répondant aux besoins prépondérants de la population. L’accord PAV permet de construire 62% de LUP (logements d’utilité publique) dont 22% de HBM, par ailleurs limite les PPE à 12%, en droit de superficie. Le fait que le terrain appartienne principalement à l’Etat le permet.

Notre groupe est d’avis que le projet de PLQ a été amélioré depuis la 1ère proposition soumise aux observations, comme entre autres l’ajout d’une place centrale ou la diminution de certains hauteurs d’immeubles. 

EàG s’accorde aussi sur des critiques par rapport à ce projet de PLQ :

L’Etat, en tant que propriétaire du terrain, devrait donner une plus grande place :

– aux établissements publics (école, parascolaire, crèche), aux infrastructures sociales, culturelles et sportives. L’espace prévue pour l’école est trop restreint, comme aussi les 3700 m2 pour les activités socio-culturelles, un Cycle d’orientation n’est pas prévu ;

– aux espaces publics – limités aux abords de l’eau, ils ne répondent pas aux exigences du changement climatique et ne permettant pas de développer une réelle vie de quartier.

Et le vote ?  Là, nos avis ont divergé

Pour une partie du groupe, la nécessité de construire prévaut, ils sont d’avis que les amendements reflètent de manière suffisante ce qui devrait pouvoir être amélioré. Ils ont ainsi voté en faveur de l’adoption du PLQ, pour permettre une réalisation plus rapide.

Pour la majorité d’EàG,  il a été important d’exprimer un point de vue critique. Non seulement, aucune garantie ne peut être donnée que les amendements votés soient concrétisés, mais c’est le projet d’ensemble qu’il faudrait revoir, considérant que ce PLQ est davantage élaboré en fonction des potentiels investisseurs que des futures habitant.es. Pour cette partie d’entre nous, il ne répond ni aux exigences par rapport au climat, ni aux besoins sociaux, culturelles, sportives de la population.

Croissance et développement des cuisines scolaires

Le Conseil municipal a été saisi d’une proposition du Conseil administratif de l’ordre de 10 millions destiné à la rénovation et au développement de la restauration scolaire en Ville de Genève. Il a également dû plancher sur l’équipement en mobilier et en matériel d’exploitation des 6 écoles concernées pour un montant de 1 million deux. Ces deux crédits ont été acceptés à la majorité par la commission des travaux et des constructions mais ont fait l’objet d’un rapport de minorité de l’UDC qui portait lui sur… la composition des repas !

Le monde a changé et les horaires de travail des entreprises publiques ou privées conduisent de nombreux parents à inscrire leurs enfants aux cuisines scolaires. L’effectif des quelques centaines d’enfants pris en charge autrefois par les cuisines maçonniques des Eaux-Vives a crû et même connu une croissance exponentielle de l’ordre de 6% par année. Cette situation conduira la Ville et le Service des Ecoles en particulier à servir dans les années à venir pas moins de 10’000 repas par jour ! Il est donc, par voie de conséquence, absolument nécessaire de rénover et d’adapter les cuisines scolaires devenues obsolètes et de leur ajouter une nouvelle cuisine de production sise à l’école Hugo-de-Senger.

Notre groupe est monté au créneau en plénière pour soutenir cette proposition bien reprise dans l’excellent rapport de majorité et pour soutenir également le crédit de 1 million et demi dévolu à l’équipement en mobilier et matériel d’exploitation destiné aux six écoles désignées dans le projet. Les turpitudes de l’UDC qui ne reconnaît ni le réchauffement climatique ni le retrait massif des glaciers en s’opposant à des plats souvent végétariens et en préconisant la consommation des produits carnés ont été envoyées aux oubliettes et le Conseil municipal a voté à une très large majorité ces deux crédits d’importance destinés aux cuisines scolaires.

Piscine de Varembé : un retour très attendu

EàG a soutenu la motion M-1728 « Pour une réouverture rapide de la piscine de Varembé », et se réjouit de son acception en séance plénière. La piscine de Varembé est l’une des deux piscines communales de la Ville de Genève. Elle est très fréquentée et appréciée à toute période de l’année par les habitant.e.s, et des clubs et école de natation y déploient leurs activités. Avec l’arrivée de l’automne et des jours de froids, la nage en extérieur dans des piscines ouvertes, au lac, dans des cours d’eau, etc., ne sera accessible qu’à un petit nombre de personnes en raison des températures de l’eau en baisse. Pendant cette période, l’accès à la piscine de Varembé est donc très important pour la population, afin qu’elle puisse continuer de nager et ainsi pratiquer une activité reconnue pour ses nombreuses vertus. Une attention particulière doit être portée aux équipements sportifs de la Ville de Genève manière générale, afin de pouvoir anticiper au maximum les éventuels problèmes et qu’ils ne « tombent » pas sur les usagères et usagers sans crier gare, ni sur le fond, ni sur la forme.

La Fan Zone Coupe du Monde 2022 :

si on ne peut l’interdire, au moins sensibiliser !

C’est cette année que nous constatons, encore plus que d’habitude, que l’esprit d’un sport populaire comme le football se perd face à la puissance de l’argent et à la course à la démesure.

Il est vrai que le football, pour des centaines de millions de gens, est l’expression la plus poussée de l’art sportif.  C’est le moment ultime, comme tous les quatre ans, où le ballon rond donne du plaisir et des émotions à des millions d’êtres humains.

Nous voulons pour ces raisons souligner que nous ne sommes pas contre le football, car nous n’oublions pas qu’il a été inventé par la classe ouvrière anglaise à la fin du 19ème siècle. C’est un sport présent sur tous les continents, chaque ruelle de chaque ville, même du plus petit village, résonne des coups de pied dans un ballon, où que l’on soit dans le monde.

Néanmoins nous pensons que l’expression capitaliste actuelle du football n’est pas le football en lui-même. Sous le prétexte d’organiser la Coupe du Monde d’un sport avant tout populaire, il faut rappeler que cette édition 2022 a coûté 156 milliards au Qatar et que 6500 vies ont été brisées lors de la construction des infrastructures nécessaires.

Dans ce sens la critique du football business est une critique juste et indispensable. Mais elle n’a de sens que si elle s’applique à l’ensemble du système politique dans lequel la compétition est organisée aujourd’hui.

Nous pensons qu’un autre football est possible. Un football où la violence sociale n’existe pas. Un football où les droits humains sont respectés et qui tient compte des questions sociales, écologiques et énergétiques.

C’est pour toutes ces raisons qu’EàG est obligé de dénoncer l’organisation de la Coupe du Monde de football au Qatar. On ne peut pas se taire face aux suites ininterrompues de magouilles, de crimes, de procès, de corruption, de blanchiment jusqu’au sommet des Etats.

Dénoncer et boycotter la fan zone, ici à Genève, c’est aussi dénoncer les conditions d’esclavage des milliers de travailleurs exploités à mort, dénoncer les 160 vols quotidiens qui amèneront les fans des alentours car le pays n’est pas en mesure de les loger tous sur son territoire, sans compter le livret des règles à suivre, 16 pages d’interdictions et de recommandations de comportement à tenir en public.

Il est vrai que cette indignation est arrivée un peu tard. Il nous faut en tirer les leçons pour l’avenir.

EàG a exprimé son désaccord avec la décision du Conseil administratif de la Ville de Genève de maintenir la fan zone alors même que plusieurs villes romandes ont décidé de les annuler.

EàG a déposé une question écrite au Conseil administratif qui demande de communiquer au Conseil municipal le détail des frais d’une annulation de la Fan zone et de lui transmettre la convention entre la Ville et l’organisateur de cet évènement.

EàG a aussi soutenu la demande au Conseil administratif de la Ville de Genève d’ouvrir un crédit budgétaire d’un montant de 20 000 francs destiné à réaliser, dans les meilleurs délais, une campagne de communication sur le territoire municipal, à proximité immédiate de la fan zone, afin de sensibiliser la population genevoise aux impacts négatifs de la Coupe du Monde 2022 au Qatar.