Lettre d’information du groupe Ensemble à Gauche (EàG) au Conseil municipal de la Ville de Genève (Corinne Bonnet-Mérier, Maryelle Budry, Monica Granda, Gazi Sahin, Christian Zaugg, Brigitte Studer et Livia Zbinden)

Voici nos nouvelles de la session des 7 et 8 juin du Conseil municipal

– Quelques changements au Conseil municipal

– Passerelle de l’Ile

– Crédit hébergement d’urgence

– Un centre sportif d’envergure à Vernier

Position du Conseil municipal face à la politique culturelle

– Pour une politique culturelle cohérente- Pour un congé parental de 38 semaines

Quelques changements au Conseil municipal

Quelques changements

La présidence du Conseil municipal a changé début juin. Après Amar Madani du MCG, qui a très bien assuré ce rôle, avec beaucoup de calme et de respect, comme toustes l’ont reconnu, y compris EàG, c’est Uzma Khamis-Vannini, Verte qui présidera le CM. EàG est représenté au Bureau par Livia Zbinden en tant que 2ème vice-présidente. Vous trouverez en bas de cette lettre nos représentant.e.s dans les commissions.

Passerelle de l’île

Cette demande de crédit complémentaire (PR-1496) vient s’ajouter à la demande de la PR-1254 votée en février 2019, car il a été constaté que le montant des travaux allait dépasser le budget initial.

La Passerelle de l’île, achevée en 1896, permet d’accéder au marché couvert situé sur l’îlot central depuis le Quai de la Poste. Elle est formée d’un tablier en profilés métalliques recouvert de béton asphalté. Un état de vétusté avancé a été signalé lors d’un contrôle en 2014 et une demande de crédit a été déposée en septembre 2017. Il est prévu, entre autres, d’alléger le tablier en remplaçant le béton par du bois, renforcer les arcs et montants métalliques ainsi qu’éviter tout rejet ou déchet dans le Rhône.

Les enjeux de ces travaux sont importants, tout d’abord parce que cette passerelle est un exemple architectural classé à l’inventaire du canton dans les ouvrages dignes d’être protégés. D’autre part, si des travaux ne sont pas entrepris rapidement, elle devra être fermée à la population car elle représente un trop gros risque dans son état et cela n’est pas imaginable.

La Commission des Monuments, de la Nature et des Sites a indiqué qu’aucune modification de cette passerelle ne serait acceptée, pour des raisons patrimoniales.

L’utilité de cette passerelle a été questionnée et la réponse a été qu’elle permet d’éviter de faire un détour par la Place Bel-Air. Dans le rapport issu des travaux de Commission, nous avons constaté qu’aucune solution pour le franchissement de cette passerelle pour les personnes à mobilité réduite n’avait été retenue, soit pour des question d’esthétique, soit pour des questions de coût et la seule alternative proposée pour accéder à l’îlot est… de faire ce détour !

L’Association Handicap, Architecture et Urbanisme a accepté, après de longues discussions en comité, par gain de paix et non par conviction, que ce détour soit proposé aux personnes à mobilité réduite.

Lors de notre intervention, nous avons demandé que, quel que soit leur mode de déplacement, toutes les personnes aient des accès équitables partout et que le coût de la mise en œuvre de l’accessibilité universelle, telle que s’y est engagée la Ville en décembre 2019, soit enfin prise en compte dans les demandes de crédit, qu’ils soient d’études ou de réalisation.

Nous avons souligné la préoccupation du comité de l’ONU (Observations finales sur le rapport initial de la Suisse à propos de la Convention relative aux droits des personnes handicapées, daté de mars 2022) qui indique l’absence d’une stratégie globale en matière d’accessibilité, notamment pour intégrer des normes de construction et englober tous les domaines d’accès, y compris, entre autres, les bâtiments et les espaces publics.

Nous avons donc demandé formellement, à l’ensemble du Conseil Administratif, de considérer l’accessibilité universelle comme faisant partie des premiers considérants dans un projet, de la même manière qu’il en est de la transition écologique. Nous sommes conscients que cela a un coût, mais au même titre que d’autres domaines dans lequel la Ville s’est engagée.

Même si les travaux de cette passerelle ont passé de justesse la rampe, si nous osons cette expression, le groupe EàG s’est abstenu pour marquer le côté emblématique de ce projet.

Le préambule de notre Constitution a clos cette intervention applaudie par une très grande partie du plénum : la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres.

Assurer la continuité du dispositif d’hébergement d’urgence

Le Conseil municipal s’est prononcé sur un crédit budgétaire supplémentaire, entièrement compensé par une contribution de l’Association des communes genevoises (ACG), visant à augmenter le nombre de place d’hébergement d’urgence de 200 places.

S’il y en avait encore besoin, la crise au mois d’avril suite à la fermeture des structures d’hébergement en pleine période de froid, a encore pu convaincre de la nécessité d’agir et de le faire rapidement.

Le Conseil municipal a depuis longtemps été sensible à la problématique du sans-abrisme et a plusieurs fois voté, des fois même à l’unanimité, une augmentation des moyens financiers, tout en insistant que ce n’est pas à la Ville de tout faire et de tout payer. Il a demandé à plusieurs reprises au Conseil administratif d’intervenir en ce sens auprès du Canton et de l’ACG. Pour rappel aussi, le nouveau cadre légal, avec la LAPSA, la nouvelle loi sur l’aide aux personnes sans abri (J 4 11), certes positif, mais qui n’a pas précisé le financement respectif par chaque entité. L’étude du Prof. Bonvin a, de plus, permis une évaluation statistique de la situation à Genève.

La magistrate, Christina Kitsos, a pu obtenir, et EàG l’en a félicité, que l’ACG prenne en charge le paiement de ces 200 places manquantes par une contribution exceptionnelle de 6.2 millions.

Pour EàG, il fallait alors voter rapidement cette proposition, la problématique de l’urgence sociale étant régulièrement étudiée en commission. Il est indispensable pour EàG de sortir de ces avancées par à coup qui ne sont pas décentes pour les personnes précarisées et vulnérables qui ont besoin de ce soutien.

Ce financement accordé par le Fonds intercommunal est une victoire, sans doute,  mais c’est une victoire d’étape. Le plus important maintenant est devant nous, il s’agit d’obtenir la pérennisation de ce soutien par l’ACG. C’est sur cet objectif que nous devons concentrer notre effort.

Au 3ème débat, cette proposition a été acceptée par le Conseil municipal.

Un centre sportif d’envergure à Vernier

Le Conseil administratif a déposé un projet de centre sportif sis sur la commune de Vernier qui a été renvoyé à la commission des travaux.  Ce projet montre à l’évidence que notre exécutif a décidé de mettre le sport à l’honneur et redonner ainsi aux sports dits de seconde zone, beaucoup moins médiatisés, toute l’importance qu’ils méritent. De quoi s’agit-il ? de tennis de table, de judo et d’une salle de musculation. Nous sommes loin ici des sports médiatisés comme le football et le hockey et c’est tant mieux. Le projet fait partie d’un PLQ d’importance puisqu’il comprend: le centre sportif, bien entendu, mais également deux immeubles de logements construits par la Fondation pour le logement social, une auberge de jeunesse financée par la Fondation suisse pour le tourisme social et un espace compris entre les bâtiments dévolu au parking et à la végétalisation. Le projet de centre est issu d’un concours et la commission des travaux l’a soutenu accompagné de quatre recommandations: le grand toit plat pouvait manifestement accueillir davantage de panneaux photovoltaïques et donc augmenter l’autonomie énergétique du bâtiment; dans le contexte de végétalisation et de réchauffement climatique il a été proposé de planter dans la partie centrale de l’esplanade des arbres fruitiers qui contribueront à abaisser sa température; l’éclairage du bâtiment étant entièrement électrique, il était souhaitable d’y introduire des puits de lumière et enfin la façade nue sise en front de bâtiment pouvait parfaitement accueillir une fresque: mosaïque ou peinture réalisée par un artiste du cru financée, au terme d’un concours, par le Fonds d’art contemporain. Cela est d’autant plus nécessaire que la pandémie a laissé de nombreux artistes bénéficiant ou non de RHT sans travail. Le Conseil municipal a accepté à l’unanimité le crédit de près de 14 millions pour le centre sportif ainsi que toutes les recommandations proposées par la commission des travaux. Il s’agit là d’un beau succès d’ensemble pour un projet que toute la sphère du sport à Genève attendait avec impatience.

Position du Conseil municipal face à la politique culturelle

Le Conseil municipal (CM) a exprimé sa détermination de soutenir « Une nouvelle gouvernance pour la culture » à travers son vote, largement majoritaire, en faveur de la Résolution R-289.

Cette résolution se prononce sur le nouveau projet de loi qui va redéfinir le cadre d’action et les lignes directrices de la politique culturelle de notre Canton suite à l’acceptation par la population de l’initiative 167, largement plébiscitée en 2019.

De manière générale,  ce projet de loi propose que le Canton devienne un partenaire essentiel, dont le rôle serait de coordonner une politique culturelle cohérente, toujours en concertation avec les communes, mais sans que ces dernières perdent leur autonomie, comme le souligne la R-289.

Ensuite, le CM était aussi d’accord d’inclure dans la politique culturelle les actrices et acteurs directement concernés, au rôle de partenaires consultatifs. C’est un point essentiel pour développer différentes actions visant à améliorer le statut et la vie de nos artistes et leur garantir ainsi des prestations sociales adéquates. 

Enfin pour le CM, la mise en place d’un dispositif cohérent au niveau de la répartition des tâches, implique aussi une répartition concernant le budget. « Nous devons être plusieurs à porter cet effort ». Il faut développer la collaboration et le co-financement entre les communes, la ville et le canton, pas seulement pour assurer la gestion des institutions culturelles, mais aussi en matière de soutien à la création.

Si, pour la Ville de Genève, l’intérêt et les enjeux de ce nouvel projet de loi sur la culture sont multiples, il faudra arriver à définir les moyens financiers supplémentaires sur la base des besoins et à les équilibrer entre les partenaires.

C’est la première fois qu’un débat dans le domaine de la culture est soutenu par un vote populaire. EàG soutient les démarches de consultation initiées par le Conseil d’Etat, mais reste  attentif aux résultats des négociations afin que le mandat populaire soit respecté à part entière.   

Soutien à la résolution socialiste R-291 pour un congé parental de 38 semaines

Pour EàG, la Ville en tant qu’employeur peut et doit adopter une politique exemplaire. Il ne s’agit pas de luxe en matière de politique d’emploi, mais d’être précurseur, d’assurer un bon accueil à l’enfant et de permettre de prévenir les inégalités et les discriminations entre les femmes et les hommes.

La Suisse a toujours été en retard au niveau de sa politique familiale. Une cinquantaine d’années pour obtenir le congé maternité en 2005. Deux semaines pour les pères ont enfin été introduites, avec plus de 80% en faveur à Genève.  Différents propositions sont actuellement en discussion, au niveau genevois cantonal, dans le canton de Vaud etc.

EàG est convaincu qu’il  faut aller plus loin – Pourquoi est-ce si important ?

La création du lien en début de la vie est essentielle tout d’abord pour l’enfant, comme pour les mères et les pères.  Pouvoir passer du temps ensemble est une bonne et nécessaire base pour la suite.

C’est aussi indispensable pour diminuer les inégalités entre femmes et hommes. Les études montrent que l’inégalité devient plus importante au moment de l’arrivée d’un enfant – et encore davantage plus au moment de la naissance d’un 2ème enfant. Encore actuellement ce sont toujours principalement les femmes qui réduisent leur temps de travail ; ce qui signifie une baisse de leur salaire… et plus tard de leur prévoyance du 2ème pilier. Par ailleurs, une étude récente de Travail Suisse montre que 10%  des femmes se font licencier suite à une naissance au moment de leur retour au travail. Un meilleur partage au niveau du congé parental permettrait de ne pas pénaliser les femmes. Cette avancée devrait s’appliquer également aux familles arc-en-ciel et en cas d’adoption.

Pour EàG, il s’agirait bien sûr de négocier et d’élaborer cette proposition avec les partenaires sociaux.