A l’origine, cette motion était intitulée : Soutenir plutôt que punir. Une évidence, une recommandation que nous devrions sans peine, voire sans hésitation faire nôtre. Or, force est de constater que ce concept élémentaire ne guide de loin pas assez l’action de l’office cantonal de l’emploi (OCE). Un courrier et un communiqué de presse faisant état de la détresse des personnes au chômage qui se trouvent obligées de faire des recherches d’emploi sur un marché du travail sinistré, qui le plus souvent n’est même plus en mesure de traiter ces demandes d’emploi a été adressé aux parlementaires. Au terme d’un débat émaillé de remarques méprisantes et désobligeantes à l’égard des chômeur.euse.s, il s’est tout de même trouvé une majorité pour donner un signal politique condamnant la politique de sanction systématique de l’OCE.

Les chômeurs et chômeuses qui ont, le plus souvent, déjà fait le tour de toutes les entreprises entrant dans, ou autour, de leur champ de compétences perdent courage ou ont trop souvent conscience que leur démarche est inutile, vouée à l’échec. Découragé.e.s par des refus successifs, ils perdent confiance en eux et finissent par ne plus croire à un très improbable retour en emploi. Alors nombreux sont ceux qui ralentissent leurs recherches ou se refusent à faire des demandes « bidons ». Pour cela, ils sont pénalisés par l’OCE. Or cette pression à un nombre donné de recherches d’emploi, ne tenant pas compte de l’offre, alimente artificiellement la machine administrative. Elle surcharge inutilement les entreprises. Elle place les chômeurs et les chômeuses sous une pression néfaste. De fait, cette pratique de l’OCE d’obliger les demandeurs d’emploi à faire des recherches pour faire des recherches, sans se préoccuper de la réalité du marché de l’emploi n’a aucun sens. Elle ne favorise en aucun cas la réinsertion professionnelle de ces personnes.

Une sanction pour ce motif, il faut le savoir, ce peut être 8 jours ou plus, non indemnisés par le chômage. C’est-à-dire pour une personne qui se voit ainsi pénalisé ; cela signifie une réduction de près de 37 % de leurs indemnités de chômage. 36, 9 % pour être précise, qui s’ajouteront aux 20% ou 30% de réduction prévus par l’assurance chômage au moment de l’inscription, soit respectivement 56,9 % ou 66,9 % de ressources en moins lorsque tombe la sanction.  Allez donc payer vos charges et vivre avec ce qui vous reste. Cette perte de ressources est non seulement hautement préjudiciable pour les chômeurs et les chômeuses, mais elle constitue surtout une bombe sociale à retardement. Comme si de ce point de vue, nous ne marchions pas déjà sur un champ de mine avec l’augmentation dramatique de la pauvreté et de la précarité engendrée par la crise Covid.

De nombreuses mesures ont été prises dans ce parlement pour aider les entreprises, il est temps d’aider concrètement les travailleurs frappés par la même crise ! C’est pourquoi, comme nous avons lutté pour renforcer les droits des travailleur.euse.s dans le cadre des aides aux entreprises, nous nous battrons pour que les droits des chômeur.euse.s soient respectés et élargis. Le vote de cette motion représente dans cette perspective un premier pas.

Enfin, avant de conclure, il faut revenir sur un débat survenu le matin même en plénière sur la pétition 2086, relative au nombre de recherches d’emploi exigées des chômeurs. Cette pétition a fait l’objet d’un débat affligeant qui a fait apparaitre autant une dommageable méconnaissance des difficultés auxquelles sont confrontés les chômeurs qu’un mépris de ces derniers qui n’est pas acceptable. Mais qui plus est, le plus navrant fût l’une des déclarations de M. Poggia, qui a déclaré, « qui cherche du travail, peut trouver ! Alors à le bien comprendre, il en ressortirait que tous les chômeurs et les chômeuses qui se retrouvent en fin de droit, le serait par leur faute ; car il n’aurait pas assez cherché. A le bien comprendre, il n’y aurait pas de chômage structurel dans notre canton ; juste des gens qui ne cherchent pas assez activement du travail. Une telle déclaration n’est pas audible. Elle n’est pas digne d’un Conseiller d’Etat en charge du département de l’emploi.

A noter encore, une vaine tentative du PDC d’édulcorer cette motion en supprimant sa première invite, à savoir celle demandant que les exigences en matière de recherches d’emploi soient en soient adaptées aux exigences à la réalité du marché de l’emploi. Dont acte ! Maintenant le conseiller d’Etat en charge de l’emploi devra tenir compte de ce signal politique sans ambiguïté donné par le parlement.