Le conseiller d’Etat Pierre Maudet a déposé un projet de loi pour augmenter l’indemnité forfaitaire des cadres exerçant une fonction dirigeante au sein des entreprises. Il a été par l’ensemble du parlement à l’exception d’Ensemble à Gauche. Ce vote en urgence sur une loi qui n’a pas fait l’objet d’un réel examen en commission interroge d’autant plus que rien n’est prévu pour les milliers de personnes qui ont complètement perdu leurs revenus durant la crise.

Précisons que les cadres exerçants une fonction dirigeante perçoivent déjà une indemnité de la part de la Confédération pour un montant de 3’320 francs par mois. Le Conseil d’Etat a jugé cette somme insuffisante et a proposé de le compléter à hauteur de 2’560 francs. Pour le Canton de Genève, la facture est estimée à 14 millions. Notre demande de renvoi en commission – afin de conditionner cette aide à des solutions pour l’ensemble de la population – n’a pas été suivie. Il n’y avait pourtant pas d’urgence à voter ce projet de loi, le gouvernement ayant déjà la possibilité de verser les indemnités grâce à un crédit urgent.

Si EàG n’est pas opposé à priori à des indemnités décentes pour celles et ceux qui souffrent de la crise du COVID-19, nous questionnons les priorités du gouvernement. En effet, beaucoup de travailleurs-ses ont perdu leur revenu durant la crise et ne sont pas pris en compte par les ordonnances fédérales ni les dispositions cantonales. Ainsi, l’économie domestique, les travailleurs-ses sur appel, les temporaires ou les faux indépendant-e-s n’ont pas droit aux RHT et n’ont souvent pas la possibilité de toucher les indemnités de chômage. Les syndicats et de nombreuses associations du social ont tiré la sonnette d’alarme, réclamant une sortie de crise sans exclusion (https://geneve.unia.ch/actualites/article/a/16876?cHash=f30df9c55c79411330716ba38cd24a9b). Pourtant, le Conseil d’Etat n’a pas annoncé la moindre mesure de soutien à ces secteurs. Le résultat est d’ores et déjà visible : les files d’attentes pour l’aide alimentaire réunissent des centaines de personnes.

Le gouvernement est visiblement d’avantage préoccupé par les cadres d’entreprises pour lesquels il a débloqué un crédit urgent dès le mois d’avril. Il n’a pas non plus prévu de compléments aux RHT pour les salarié-e-s. Alors que pour beaucoup, la perte de 20% des revenus entraîne des difficultés matérielles immédiates. Ce constat est inquiétant alors que la crise sociale risque de durer et de se durcir.

Jean Burgermeister