En février 2019, un député UDC, Stéphane Florey (une fois n’est pas coutume) tout à fait bien inspiré, déposait un projet de motion, la M2522, intitulée « Pas d’école à deux vitesses : pour des camps scolaires accessibles à tous les élèves ! ». Le texte revendiquait l’application d’un jugement du TF qui voulait qu’on ne facture rien – ou pas plus que l’économie faite par les parents – lors de camps ou d’activités scolaires, faisant partie du cursus normal des élèves. Dans ses considérants la motion relevait que ces activités devraient être prises en charge par le DIP, plutôt que de contraindre des parents à recourir aux aides sociales et insistait sur le fait que « tous les élèves d’une classe devraient pouvoir participer aux camps et aux activités scolaires extra-muros, indépendamment des ressources de leurs parents.» Une large majorité du parlement a appuyé cette excellente idée !

La motion revendiquait en outre le classement de ces activités comme obligatoires… pour que des parents n’en ayant pas les moyens ne voient pas leurs enfants écartés de ces activités… au motif qu’elles sont à bien plaire et pour rendre obligatoire leur financement public.

Des millions en jeu !

Outre 5 député·e·s UDC signataires… la motion a été appuyée par la signature de 5 député·e·s EAG. Puis, un projet de loi déposé par le PS, avec l’appui de députés EAG en a pris le relais. L’urgence du traitement de cette motion et du PL a été votée lors de cette session et la loi, dont le coût estimé est de 7 ou 8 millions par an d’allègement de charges sur le dos de parents, a été voté en plénière avec une confortable majorité de 57 à 33 au final.

C’est la moindre des choses si on croit à l’école publique et gratuite, comme vecteur de démocratisation de l’enseignement, de la formation et des études… comme vecteur d’égalité. Si on pense que les excursions et camps scolaires sont une expérience de vie qui participe pleinement de la formation, la mesure est également évidente.

Ainsi les seuls à s’opposer à cette motion et à cette loi bienvenue à ont été les partis de l’Entente bourgeoise, PLR d’abord, PDC ensuite… rigides dans leur défense de la doxa néolibérale, qui ont déposé chacun un rapport de minorité visant à combattre cette mesure sociale et démocratique

Les pauvres? Zonka faire la manche…

Le député PLR a insisté sur le fait qu’il n’y avait « aucun problème », que des arrangements et des « solutions » pouvaient se trouver… que les organismes d’aide sociale en particulier était, le cas échéant là pour ça… Bref les pauvres n’ont qu’à recourir à la charité…

Son collègue PDC a renchéri dans le même esprit en insistant sur le fait que lesdits pauvres « ne devaient pas avoir honte » de demander de l’aide en la matière… Éludant à coups de bons sentiments écœurants le phénomène objectif du non-recours massif à l’aide social, pour diverses raisons, relativement récemment encore documenté par une étude de la HETS… https://www.geneve.ch/fr/actualites/etude-interpelle-acteurs-sociaux-ville-canton-non-recours-prestations-sociales C’est les mêmes bien entendu – relevons-le au passage – qui votent des lois pour interdire la mendicité, ou qui votent l’interdiction de naturaliser des gens ayant eu le culot de bénéficier de l’aide sociale…

Vive la gratuité des services publics !

Le PDC en a rajouté également en demandant pourquoi diable ne voulions-nous pas que les riches « qui en ont les moyens » ne soient pas mis à contribution directement pour payer ces activités?

La réponse est simple, parce que « mettre les riches à contribution » c’est selon nous le rôle de l’impôt progressif sur le revenu et sur la fortune que nous défendons… et que l’idée de « faire payer » au cas par cas les nanti·e·s… est une gangrène pernicieuse, qui menace les services publics en général et l’école publique en particulier.

EAG a d’ailleurs toujours défendu contre les coups de boutoir de la droite, non seulement la gratuité existante de services publics, mais l’extension de celle-ci… comme par exemple la gratuité indispensable des TPG que nous avons soutenue, 2 ou 3000 signatures à l’appui, quand Les communistes avaient lancé une initiative populaire à ce sujet (en 2005), que ni les Verts, ni le PS, n’ont alors défendue au Grand Conseil… Sans leur soutien l’IN127 en question avait fait plus d’un tiers des voix… avec leur soutien aujourd’hui, la majorité devrait pouvoir être atteinte, non ?

Pierre Vanek