La journée de grève de la fonction publique a été bien suivie et près de 6000 personnes ont manifesté aujourd’hui contre les coupes budgétaires et les baisses de salaires voulues par le Conseil d’Etat. Dans un contexte sanitaire difficile, l’ampleur de la mobilisation témoigne de la résolution des salarié-e-s des services publics et du secteur subventionné à combattre les politiques d’austérité du gouvernement. Une résolution qui pourrait payer puisque la droite pourrait renoncer à la baisse de 1% des salaires qui sera votée en décembre. Cependant, même si cette victoire d’étape était acquise, il serait essentiel que la mobilisation se poursuive et s’ancre dans la durée. En effet, les attaques les plus brutales contre le service public et ses employé·e·s sont à venir.
En pleine deuxième vague, la volonté du Conseil d’Etat de baisser les salaires de celles et ceux qui sont au front depuis 9 mois contre la Covid-19 – notamment le personnel soignant – est aussi injuste qu’irresponsable. Les travailleurs·euses du secteur public et subventionné ont témoigné à nouveau leur colère et leur refus catégorique de ces mesures antisociales. Ce n’est pas aux travailleurs·euses de payer la crise, alors que les entreprises reçoivent des aides massives de la Confédération et du canton et que le Conseil d’Etat a annoncé sa volonté de baisser l’impôt sur la fortune, au profit des multimillionnaires, de 15% !
La forte mobilisation des salarié·e·s des services publics et du secteur subventionné semble d’ailleurs faire hésiter la droite. Le Conseil d’Etat est de plus en plus seul à défendre la coupe linéaire des salaires. Il est évidemment trop tôt pour crier victoire, le vote au Grand Conseil n’interviendra qu’en décembre et il faudra donc maintenir la pression jusque-là. Par ailleurs, en supprimant ces baisses de salaires, le budget 2021 ne répondrait pas aux besoins les plus urgents de la population et ne permettrait pas de faire face à la crise sociale dont le Conseil d’Etat ne semble pas prendre la mesure.
Mais surtout, la mobilisation doit se poursuivre en 2021, parce que les attaques les plus brutales contre les salarié·e·s sont prévues pour l’année prochaine. En particulier, la hausse de la part salariale des cotisations LPP qui engendrerait des baisses de salaires nets de 2.4% (pour les assuré-e-s de la CPEG) à 3.3% (pour les assuré-e-s de la FPTPG). Cette attaque marque la volonté d’un Conseil d’Etat mauvais perdant de contourner la votation populaire sur la recapitalisation de la CPEG. Elle ferait très largement payer la facture aux salarié-e-s et compromettrait – à moyen terme – la recapitalisation en raison de la hausse des prestations de libre passage.
Par ailleurs, la droite ne renoncera pas aux réformes structurelles – entendez à l’affaiblissement du service public – qu’elle réclame de longue date. D’autant plus que les importants déficits de l’Etat, engendrés par la crise mais aussi par la baisse de moitié de l’imposition des bénéfices des grandes entreprises (RFFA), ne vont pas se résorber de sitôt. Le Grand Conseil aura d’ailleurs à traiter deux projets de loi visant à faire payer la facture à la fonction publique : le premier vise à augmenter le nombre d’heures d’enseignement dans les cycles d’orientation et le second à imposer la semaine de 42 heures de travail.
Une première victoire en décembre serait cependant une victoire d’étape. Elle montrerait que la mobilisation des salarié·e·s est le moyen de mettre en échec les politiques antisociales défendues par le Conseil d’Etat et la majorité de droite, dans l’intérêt aussi de tous les usager·ère·s.