Malgré une majorité de gauche au Conseil administratif et au Conseil municipal, le projet de budget 2021 présenté n’est pas un budget de gauche, sur plusieurs points essentiels :
Nous vivons aujourd’hui une situation de crise économique et sociale,
- d’une part avec l’introduction de RFFA, qui signifie une diminution programmée des rentrées fiscales, à laquelle nous nous étions fortement opposé-e-s,
- d’autre part avec COVID-19, qui a mis en lumière les manques des plus vulnérables.
Il est ainsi légitime et socialement juste de prévoir un montant de déficit qui permet d’assurer les besoins fondamentaux de la population.
Ensemble à gauche trouve inacceptableun projet qui ne respecte pas les mécanismes salariaux, avec
- un blocage des annuités pour 2021
- un blocage du 13ème salaire progressif
- un blocage de la prime de l’ancienneté.
Le personnel de la Ville a assuré une présence indispensable pendant le confinement, et on revient sur des accords toujours respectés ces dernières années…
Pour Ensemble à gauche, la Ville doit être un employeur exemplaire
- Les mécanismes salariaux font partie du salaire, ne pas les respecter, signifie diminuer les salaires, il faut au contraire garantir le pouvoir d’achat, ce qui permet aussi de contribuer à maintenir l’emploi à Genève ;
- C’est un mauvais message que la Ville donne ainsi au secteur privé.
Un budget de gauche se doit de réintroduire les mécanismes salariaux – il faut donc l’augmenter de 7,5 millions CHF.
Avec Covid-19, nous avons vu une augmentation des besoins de la population, voire l’émergence de nouveaux besoins, il faut pouvoir y répondre !
Ensemble à gauche trouve scandaleux que ce projet de budget ne réponde même pas aux besoins en ce qui concerne l’hébergement d’urgence. La demande augmente, alors que les mesures sanitaires impliquent de diminuer le nombre de personnes par lieu d’hébergement pour pouvoir maintenir les distances, donc dans un lieu destiné à 100 personnes, il ne sera possible d’en héberger que 50 ;
- Alors que le Conseil municipal – tous partis confondus – avait voté des crédits supplémentaires en hiver 2019/20, ces montants n’ont même pas été intégrés dans le nouveau budget ;
- Au contraire, il faut viser à pérenniser ces lieux, diversifier cet accueil selon les personnes (femmes, familles, personnes dépendantes, personnes vulnérables avec problème de santé physique et/ou psychique), améliorer la qualité des logements d’urgence, construire des logements relais, agir au niveau préventif pour maintenir les gens dans leurs logements.
Le Covid-19 a encore renforcé les inégalités, augmenté la précarité parmi les habitantes et habitants :
La Ville de Genève doit y répondre avec ses prestations, aussi avec la collaboration des associations qu’elle subventionne (p.ex. au niveau social, de l’enfance, des personnes âgées, dans les quartiers). Les associations culturelles et sportives aussi ont été touchées et souffrent des répercussions de l’épidémie dans la réalisation de leurs activités.
Il nous paraît ainsi normal que la Ville prévoie une augmentation de ses subventions pour le travail des associations.
Ensemble à Gauche est convaincu que la Ville peut proposer un budget plus ambitieux et qu’elle doit et peut le faire en augmentant le montant du déficit.
La LAC art. 131 indique des dispositions transitoires lors de la mise en œuvre de la 3ème réforme de l’imposition des entreprises, RFFA. Sur cette base, le budget est présenté avec un déficit de 49,3 mio. Ce déficit n’est pas suffisant dans la période que nous vivons. Dans l’art 115 – Equilibre du budget, l’alinéa 2 précise que « la commune peut présenter un budget de fonctionnement comportant un excédent de charges à concurrence maximale de ses amortissements, pour autant que cet excédent soit couvert par sa fortune nette».
Le montant des amortissements s’étant élevé à 83 millions aux comptes 2019, et la Ville disposant d’une fortune conséquente, une négociation correcte avec l’Etat est envisageable.
La Ville doit – et a les moyens – d’offrir les prestations à la population qu’il faut. Elle doit aussi pouvoir garantir à son personnel les conditions indispensables. Il s’agit d’un choix politique à faire.
Pour cette raison, nous avons refusé l’entrée en matière. Notre non est une invitation au Conseil administratif de proposer un projet de budget avec un déficit plus élevé permettant de financer les mécanismes salariaux et de répondre aux besoins les plus urgents.
Pour Ensemble à gauche, la majorité de gauche au Conseil administratif et au Conseil municipal doit permettre :
- de mener une politique budgétaire de gauche
- de répondre aux besoins sociaux avec des prestations et des subventions à des tiers
- d’être un employeur modèle, respectant les conditions de travail du personnel
Pour le groupe Ensemble à gauche – Intervention de Brigitte Studer
Malgré le vote négatif d’Ensemble à gauche à l’entrée en matière, une majorité l’ayant accepté, le projet de budget a été envoyé pour étude dans les commissions.
Ensemble à gauche continuera à défendre son point de vue lors du travail budgétaire.