Le 6 octobre, la majorité du Conseil Municipal (PLR, PS, PDC,MCG) après un long débat passionné, a voté en faveur du projet de la Cité de la Musique, soit d’un Plan localisé de quartier (PLQ) permettant la construction d’un grand bâtiment avec une salle de concert pour l’Orchestre de la Suisse romande (OSR), salles annexes et locaux pour la Haute école de musique, à la Place des Nations. Ensemble à Gauche s’y est opposé.

Voici quelques uns de nos arguments :

Ce n’est pas à Ensemble à Gauche de soutenir le projet des mécènes millionnaires.

Notre parti se doit d’entendre les voix, nombreuses, des opposants :

  • celles qui défendent la nature, la biodiversité,
  • celles qui veulent conserver le patrimoine et la décence architecturale,
  • celles des habitant-e-s du Petit-Saconnex qui défendent la qualité de vie de leur quartier,
  • celles des musiciennes et musiciennes de la musique créative, qui défendent une  culture qui va au-delà de l’OSR.

Ce projet est celui d’une élite, qui voit Genève en mégapole, marquant la sobre place des Nations par un énorme bâtiment à sa propre gloire, se moquant des nuisances apportées, abattant de vieux arbres au profit du béton calorigène. Tous les opposants ont utilisé cette expression: « c’est le projet d’un temps révolu ». Pour surmonter la crise climatique, notre époque doit être celle de la sobriété, de la décroissance. Nous n’avons plus besoin de grands paquebots qui coulent, comme le Stade de Genève.

Nous sommes aussi inquiets de la gestion financière de cette aventure. Les promoteurs prennent en charge les frais de constructions et une partie des frais de fonctionnement, nous disent-ils, mais nous savons que ces montants peuvent exploser, comme par exemple à Lucerne, où le centre culturel KKL avale la plus grande partie du budget de la culture de la ville. Le canton prendra-t-il vraiment le relais ? Nous pouvons en douter.  Une fois la Cité de la musique construite, s’il y a déficit, qui nous garantit que la Ville ne sera pas obligée de devoir payer ?

Plutôt que cautionner un projet qualifié de « pharaonique », nous pourrions restaurer la villa des Feuillantines, qui est loin d’être une ruine, et en faire un lieu culturel ouvert aux différentes cultures, dont les musiques du monde.

Il n’y a pas tant besoin de nouvelles salles, mais d’un soutien renforcé aux artistes, qui, plus que jamais après cette crise COVID, sont dans une situation précaire. Les musiciens professionnels de la musique dite classique, bien sûr, (déjà bien subventionnés, ce que nous ne remettons pas en cause), mais pas seulement.  La Ville doit aussi soutenir celles et ceux qui innovent, cherchent de nouvelles voies, qui créent. Nous pensons aux 134 artistes et 9 associations regroupés dans la Fédération des musiques de création, et aussi aux  chorales, aux petits orchestres de quartier, aux concerts à domicile, aux nombreux cours d’initiation à la musique, aux groupes qui animent nos fêtes de rue.  Ces artistes si importants dans notre vie culturelle n’ont pas été consultés, ce projet n’est pas démocratique, il crée des inégalités entre les milieux de la culture musicale. 

Pour nous aider à surmonter les crises, pour nous donner le courage de vivre, il nous faut de la musique, certes, mais partout en Ville et dans un foisonnement culturel et démocratique.

Ensemble à Gauche aime la musique, mais a voté non à ce projet.