Le déclassement du Pré-du-Stand, c’est le versant « spéculation foncière » de l’affaire Maudet. Un projet qui cumule les hérésies en matière d’aménagement du territoire et de santé publique, mais qui a pourtant été adopté par une majorité du Grand Conseil. De très gros intérêts ont fait le nécessaire en coulisses.

Ce projet vient d’être adopté par une courte majorité du Grand Conseil allant du PLR-PDC à l’UDC, avec le soutien inexplicable du PS. Ensemble à Gauche appelle à la constitution d’un large front référendaire pour s’opposer à ce deal déplorable aux forts relents de pétrole.

Un projet d’aménagement plus que douteux
13 hectares de bonnes terres arables pour construire 90’000 m2 de bureaux au voisinage immédiat de l’Aéroport, sur la commune du Grand-Saconnex, aux abords directs de l’autoroute. Une ponction massive injustifiée sur la zone agricole, que nous propose aujourd’hui un magistrat vert, alors que le mitage du territoire est combattu par son parti, et qui ne devrait se justifier que pour du logement, avec des compensations.

Pour justifier ce déclassement massif, il fallait bien sûr un projet d’intérêt cantonal. Ce sera la construction de plusieurs stades de football pour la relève du Servette, qui devra s’accommoder de l’atmosphère saturée en NO2, d’ozone et de particules fines de la périphérie immédiate de l’aéroport. Un risque sanitaire majeur pour de jeunes sportifs qui inhalent 5 à 10 fois plus d’air dans l’effort qu’une personne au repos. Mais une belle occasion aussi de faire monter la cheffe socialiste du DIP dans cette galère.

Le projet du Pré-du-Stand c’est :

la disparition de 14 hectares de zone agricole de bonne terre. À l’heure où les habitant-e-s réclament une agriculture de proximité qui permette une alimentation à base de produits locaux, afin de lutter contre le réchauffement climatique, les terres cultivables se font toujours plus rares dans le canton.

atteindre la limite minimale de terres cultivables dans le canton de Genève. En dessous de cette limite, fixée par la Confédération, il ne sera plus possible de déclasser des terrains non-construits et de les consacrer au logement. Construire des bureaux au Pré-du-Stand, c’est empêcher la construction de 2000 logements abordables ailleurs !

la création de 91’000m2 de surfaces de bureaux supplémentaires. Le canton compte pourtant déjà quelques 300’000 m2 de surfaces de bureaux inoccupés. La population a besoin de logements abordables dans des zones respirables, pas de bureaux inutiles et de terrains de sport dans des zones très polluées !

Des centres sportifs pour les jeunes dans une zone dangereusement polluée. La proximité de l’aéroport et de l’autoroute engendre une qualité de l’air impropre à l’activité physique. Durant l’effort, l’impact de cette pollution est en effet décuplé, car l’inhalation de l’air est 5 à 20 fois plus importante qu’au repos. Les organes respiratoires en plein développement des jeunes y sont particulièrement sensibles.

la provenance douteuse des capitaux engagés dans cette opération. Ce montage a pris la forme d’un partenariat public-privé (PPP), négocié entre le gouvernement et la société Capvest SA de Magid Khoury, dont on a beaucoup entendu parler dans le cadre de l’«affaire Maudet».

Une affaire de copains et de gros-sous
Ce montage a pris la forme d’un partenariat public-privé (PPP), négocié par la Direction générale du développement économique (DGDERI) de Pierre Maudet et l’Office de l’urbanisme (DU) d’Antonio Hodgers, avec une filiale de la société Capvest SA, administrée par M. Magid Khoury, qui a participé à l’organisation du voyage contesté de Pierre Maudet à Abbu Dhabi, en novembre 2015.

L’opération prévue pourrait rapporter des centaines de millions aux heureux détenteurs de capitaux qui vont apporter les liquidités nécessaires à Magid Khoury. L’Etat connaît-il au moins leur identité, en un temps où Ministère Public de la Confédération enquête sur le détournement de fond du siècle aux dépens d’un fonds souverain malaisien, qui semble impliquer l’un des plus puissants financiers émiratis, basé à Genève ?

Les intérêts émiratis semblent très présents en toile de fond de ce projet immobilier du siècle. On parle d’y implanter un grand centre de cyber-sécurité offshore, qui pourrait intéresser le Cheik Hazza ben Zayed, que le conseiller d’Etat a rencontré lors de son escapade sulfureuse à Abu Dhabi, de même que les géants émiratis du fret aérien et des services au sol, et le trafic d’or qui alimente leurs affaires. Un tableau de famille qui réunit les représentants les plus sulfureux du capital financier mondialisé et leurs amis politiques néolibéraux.