A l’exception de trois sujets, la CPEG, la loi sur les armes et l’initiative culture, ainsi qu’une demi-victoire en matière d’augmentation des subventions d’assurance-maladie, les autres résultats de ce dimanche de votation sont des plus inquiétants. Alors que la RFFA cantonale et fédérale vont ouvrir une période d’austérité supplémentaire et creuser encore plus les inégalités sociales, Ensemble à Gauche regrette également l’acceptation de la Loi sur les heures des ouvertures de magasins, qui marque une dégradation des conditions de travail inacceptable.

La RFFA va provoquer austérité et creusement des inégalités
La population a nettement accepté la version cantonale de la RFFA. Il est évident que la dynamique de la campagne nationale – porté par un front large du PS à l’UDC – a largement pesé. Ce résultat démontre l’urgence d’avoir une représentation d’une gauche radicale à Berne, capable de porter la résistance déterminée aux politiques antisociales. Au vu des enjeux colossaux de cette votation, on ne peut que regretter que la surabondance des objets soumis au vote à Genève n’ait pas permis un débat sérieux. Cette situation a rendu plus crédible le discours du Conseil d’Etat qui a très largement minimisé les pertes fiscales grâce à un tour de passe (l’imputation progressive de l’impôt sur le bénéfice à l’impôt sur le capital). Le camp du oui a répété durant toute la campagne que les centaines de millions de francs en moins dans les caisses publiques ne se traduiraient pas par des politiques d’austérité. Il faudra s’en rappeler pour la suite, car il y a fort à parier que la droite utilise l’explosion de la dette pour sabrer largement dans les budgets. EàG s’opposera aux politiques d’austérité qui seront amenées par RFFA et s’attaqueront en premier lieu aux femmes et aux personnes précaires.

Avec la baisse massive de l’imposition des entreprises, la distribution de dividendes aux gros actionnaires va exploser. Or, ils ne seront imposés que sur 70% de ces gains, contrairement aux salarié-e-s et aux retraité-e-s qui sont imposés sur le 100% de ce qu’ils-elles gagnent. En supprimant cette injustice crasse, nous réduirons un peu le choc fiscal causé par RFFA et rétablirons un peu de de justice fiscale. Cette mesure devrait réduire de 70 à 80 millions les pertes fiscales.

Une victoire historique pour les retraites et le logement
Par 52,28 % des voix, le corps électoral genevois a accepté la loi de gauche sur les retraites de la fonction publique. Une victoire historique qui permettra de maintenir le niveau des rentes pour les salarié-e-s tout en favorisant la construction de logements abordables. Avec ce vote, les genevois-e-s ont opté pour un projet résistant au rouleau compresseur néolibéral. En effet, en refusant de passer en primauté de cotisation, la population a montré son clair rejet de la logique de réduction des rentes qui sévit partout en Suisse. De plus, en choisissant de recapitaliser la caisse de pension de l’Etat de Genève (CPEG) grâce à des terrains, notamment du secteur PAV, les votant-e-s ont exprimé leur préoccupation face au manque de logement. Les genevois-e-s ont donc favorisé le projet qui allie justice sociale et lutte contre la spéculation face au projet de casse sociale basé sur des retraites casinos. Finalement, ce résultat montre que le personnel de l’Etat de Genève n’a aucune raison de craindre le vote populaire sur les sujets qui le concerne.

Initiative pour des primes d’assurance maladie plafonnées à 10% du revenu et contreprojet
C’est la formule la plus timide de soutien à la population en matière de subvention des primes d’assurance-maladie qui a passé la rampe ce dimanche. Si une faible majorité des votant-e-s a soutenu l’initiative lancée par EàG, le PS et les Verts visant à plafonner les primes d’assurance maladie à 10% du revenu des ménages, le contre-projet, concocté par le PLR et le PS comme une « mesure d’accompagnement » à la RFFA, a été fortement plébiscité par la population, à plus de 75%. Le contre-projet l’a également emporté à la question subsidiaire, prévue afin de départager les deux objets en cas de double oui.

Ensemble à Gauche regrette que l’initiative, qui prévoyait une aide plus de deux fois plus importante, n’ait pas été privilégiée. Malgré tout, nous nous réjouissons tout de même de l’augmentation substantielle des subventions par rapport à la situation actuelle. Le contre-projet offre en effet un bol d’air bienvenu pour de nombreux ménages qui peinent à joindre les deux bouts. Cette nouvelle aide reste toutefois largement insuffisante et le problème central en matière d’assurance-maladie reste le système LAMal, fixé dans la législation fédérale. En matière d’assurance-maladie, l’horizon défendu par Ensemble à Gauche reste une caisse unique et publique avec des primes fixées en fonction du revenu.

Notre formation est toutefois très inquiète de l’absence de financement de cette mesure, alors même que la RFFA acceptée aujourd’hui videra les caisses publiques, et proposera des créations de nouvelles ressources afin d’y pallier.

LHOM: ce n’est qu’un début, la dérégulation sur le dos des vendeuses continue
La majorité de droite du Grand Conseil a réussi son mauvais coup. Reniant le compromis approuvé par le peuple et prévoyant que les trois dimanches ouverts par an le seraient à condition qu’une convention collective soit signée dans la branche, elle a fait croire qu’on ne votait «que» sur l’ouverture trois dimanches par an. Ce résultat marque une dégradation des conditions de travail du personnel de vente et une remise en question fondamentale du partenariat social. Ce sont à nouveau les femmes, majoritaires dans ce secteur d’activité, qui paieront le plus grand tribut à la soif de profit des patrons.

Si la droite a traversé aujourd’hui à une courte majorité, ce n’est malheureusement qu’une étape dans une offensive bien plus générale de dérégulation des horaires des commerces. Pour preuve, la droite prépare au Grand Conseil un projet bien plus violent encore: des ouvertures 6 jours sur 7 jusqu’à 20h et une extension supplémentaire des dimanches en fin d’année.

Ensemble à Gauche se battra, avec les syndicats, au parlement, dans la rue et dans les urnes contre cette ignominie au détriment des salarié-e-s de la vente.

Oui à une politique culturelle cohérente à Genève
L’initiative populaire « Pour une politique culturelle cohérente à Genève » a été plébiscitée avec plus de 82% des voix. Cette loi vise à donner du corps à l’article « Art et culture », plus particulièrement en imposant au canton et aux communes d’élaborer et de mettre en œuvre une stratégie de cofinancement pour la création artistique et les institutions culturelles.

Plus de 14 000 personnes avaient signé l’initiative pour qu’une réelle collaboration entre le canton et les communes se mette en place. Ainsi, il est raisonnable d’envisager que la politique culturelle à Genève devienne plus cohérente et c’est dans sens que nous nous battrons. Il est impératif que ce qui se fait en matière de culture, tant sur le plan communal que cantonal, soit à l’avenir mieux coordonné pour tenir compte des besoins, mais aussi et surtout que les collectivités publiques investissent plus de moyen.

Concernant le vote sur les armes enfin, EàG se réjouit du résultat qui se profile au niveau national. Avec cette modification, la Suisse pourra mieux retracer l’origine des armes et lutter plus efficacement contre le marché noir.