Ensemble à Gauche dénonce la tentative d’intimidation dont Pierre Maudet s’est rendu responsable à l’encontre de notre député Jean Batou. En effet, celui-ci, dans le cadre de son mandat législatif, a posé une question urgente écrite au Conseil d’État sur le cadre légal et la pratique des écoutes téléphoniques dans notre canton (QUE 819).

Notre groupe s’inquiète en effet des rumeurs persistantes sur de potentielles écoutes irrégulières pratiquées ces dernières années à Genève, dont la Tribune de Genève s’est récemment faite l’écho. Plutôt que d’écouter cette question et d’y répondre, comme il en a le devoir, le chef du Département de la sécurité et de l’économie (DSE), dont les penchants autoritaires sont bien connus, a porté plainte contre notre élu.

Plus grave encore, avant d’agir au pénal, M. Maudet a tenté d’intimider Jean Batou en l’enjoignant par mail de faire « amende honorable » dans les 24 heures par rapport à une phrase de sa question urgente écrite, reprise mot pour mot par le site du journal français Le Parisien. Par là même, Pierre Maudet a montré son mépris pour un principe élémentaire de notre ordre constitutionnel : la séparation des pouvoirs.

Dans leur rôle de haute surveillance de l’exécutif, les membres du parlement se doivent de poser en toute indépendance et en toute liberté les questions qu’ils jugent nécessaires au gouvernement. Comme le disait Montesquieu : « pour qu’on ne puisse abuser du pouvoir, il faut que le pouvoir arrête le pouvoir ».

L’enjeu politique fondamental de cette affaire renvoie à la défense de nos libertés démocratiques. Ensemble à Gauche entend en effet mettre tout en œuvre pour prévenir la répétition du « scandale des fiches » (1989),  qui avait révélé la surveillance arbitraire de quelques 900 000 citoyen·nes et organisations de Suisse durant la période de guerre froide. Compte tenu des technologies de communication actuelles (smartphones, réseaux sociaux, etc.) et des nombreuses menaces nouvelles auxquelles celles-ci exposent la sphère privée de chacun·e, nous estimons que cette enjeu doit devenir une préoccupation majeure des contre-pouvoirs que sont le parlement, les tribunaux, le monde associatif et syndical, l’opinion publique, etc.

Notre député Jean Batou n’a jamais affirmé que Pierre Maudet a procédé à des écoutes illégales. Il s’est contenté de poser une série de questions précises au Conseil d’Etat, et il continuera à le faire, comme tous les député-e-s de notre groupe et des autres groupes de ce parlement. Cependant, la tentative inadmissible d’un conseiller d’État, de surcroît responsable de la sécurité, de contraindre notre élu à désavouer les termes de sa question, repris par la presse, est absolument inadmissible, raison pour laquelle Jean Batou a déposé plainte pénale contre lui pour tentative de contrainte. Il se déclare d’ailleurs prêt à demander la levée de sa propre immunité parlementaire, si Pierre Maudet en fait de même, pour que leur différend puisse être jugé par le troisième pouvoir, soit l’autorité judiciaire. Ce serait un bel hommage rendu à l’ordre démocratique ! Nous attendons avec impatience la détermination du Conseiller d’Etat à ce propos.