Nous reproduisons ci-dessous le communiqué du 8 mars 2021 des Élues pour la parité.

À l’occasion de la dernière session du Grand Conseil, jeudi dernier, le traitement en urgence du projet de loi en faveur de la parité au Grand Conseil a été refusé par 52 voix contre, 42 voix pour et 2 abstentions. Le Grand Conseil majoritairement masculin signalait ainsi que la lutte en faveur de l’égalité n’était pas une priorité ! Des députées de tous bords politiques, allant d’EàG au MCG, en passant par le PDC, le PS et les Vert-e-s, exprimaient vendredi en conférence de presse leur indignation quant à l’issue de ce vote. Cette alliance inédite, née à la veille du 8 mars, s’engage à lutter pour un parlement paritaire !

Le projet déposé par Ensemble à Gauche (PL 12652-3-4) prévoit deux élections simultanées de 50 femmes et 50 hommes sur des listes distinctes. Ce système simple, facile à comprendre, et garantissant une représentation paritaire, n’est pas parvenu à réunir en l’état une majorité. Il en va de même pour des projets alternatifs moins contraignants, à l’instar d’un projet de loi des Vert-e-s (PL 12650), qui réclame des listes paritaires. Alors que la représentation des femmes au Grand Conseil est aujourd’hui égale à celle de 1989 (32%) et en deçà de celle de 1993 (36%), il est temps que des mesures visant à parvenir à une représentation paritaire soient prises.

Le système à double élection simultanée
L’idée d’une séparation du législatif cantonal en deux groupes, l’un masculin, l’autre féminin, élu au moyens de listes elles aussi unisexuées, a été proposé en 2008 déjà sous forme de pétition à l’Assemblée constituante genevoise par le groupe « Femme pour la parité ». Cette proposition refusée par la majorité de l’Assemblée est à l’origine de l’article 50 de la nouvelle Constitution qui prévoit que l’Etat promeut une représentation équilibrée des femmes et des hommes au sein des autorités et qu’il prend des mesures pour permettre aux personnes élues de concilier leur vie privée, familiale et professionnelle avec leur mandat.

Un modèle identique a été développée au sein du Grand Conseil du Canton de Neuchâtel, avec pour proposition de l’introduire pour une durée limitée de trois législatures. Le système à deux élections simultanées a pour conséquence que les partis politiques ont intérêt à valoriser de la même manière les candidatures masculines et féminines. Aujourd’hui, on constate que même dans les partis qui présentes autant, voire même plus de femmes que d’hommes, les urnes tendent à favoriser les hommes, pour de multiples raisons sociétales. Les partis politiques ne sont pas nécessairement poussés à valoriser les candidatures féminines puisque leur poids politiques dépend du nombre total de siège dont ils disposent, hommes ou femmes. Or, avec le nouveau système, il devient exclu qu’un homme prenne la place d’une femme. Les campagnes électorales devront donc donner la même visibilité aux listes masculines qu’aux listes féminines.

Les détails du système proposé
Le système proposé ici a pour objectif de lancer une dynamique de représentation égalitaire des hommes et des femmes. Une fois la dynamique lancée, on peut espérer que la représentation égalitaire des hommes et des femmes entrera dans les habitudes et n’aura plus besoin d’être fixée par la loi. C’est pourquoi le projet de loi proposé serait en vigueur durant 3 législatures (15 ans), dans l’objectif de changer durablement les mentalités avant un retour au système actuellement en vigueur. La mesure proposée n’est pas un système de quota, mais un système de double élection simultanée, qui favorise le sexe sous représenté de manière globale, mais sans favoriser individuellement une femme candidate au détriment d’un homme candidat. De même, le votant conserve toute sa liberté puisqu’il n’est pas obligé de voter pour des hommes ou pour des femmes.

La parité dans les parlements ne représente qu’une étape vers une société où femmes et hommes seraient égaux, mais il s’agit d’une étape importante. Les Élues pour la parité s’engagent à se battre ensemble afin de parvenir à atteindre cet objectif !

Signataires

Salika Wenger, députée EàG
Claude Boquet, députée PDC
Marjorie de Chastonay, députée Verte
Danièle Magnin, députée MCG
Amanda Gavilanes, députée PS
Jocelyne Haller, députée EàG
Christina Meisner, députée PDC
Françoise Nyffeler, députée EàG