Réuni-e-s en conférence de presse hier, des représentant-e-s du monde associatif et politique exigent la mise en place d’un dispositif permettant une lutte efficace contre les agressions, le harcèlement et les discriminations dans les domaines de la culture, des arts et du sport. Une motion rédigée par arts_sainement et Ensemble à Gauche et soutenue par le PS et les Vert-e-s est déposée dans ce sens au Grand Conseil. Elle réclame le conditionnement des subventions au respect d’une charte prohibant ces comportements problématiques. Fait marquant, la démarche n’est pas uniquement soutenue par des politiques mais également par des institutions culturelles de poids, dont la Comédie de Genève, le Grütli, les Créatives ou encore le Syndicat suisse romand du spectacle. Il est temps de passer de la parole aux actes !


Des témoignages qui se multiplient
Depuis 2017, le mouvement #MeToo s’est emparé de toutes les sphères ou presque. Mais qu’en est-il de la situation en Suisse Romande et plus précisément dans le canton de Genève ? Depuis quelques mois, la presse s’empare du sujet du harcèlement sexuel et des abus de pouvoir dans les arts vivants et les sports. En octobre 2020, Natacha Rossel de 24h fait mention d’un chorégraphe genevois dont les pratiques seraient problématiques. Il y a quelques jours, de nouveaux articles sont sortis concernant l’école et le ballet Béjart à Lausanne. A la suite de ces articles, des témoignages continuent à faire surface. Les langues commencent à se délier et maintenant, il est temps de se positionner pour que les récits longtemps tus puissent enfin être entendus et pris en considération.


Nécessité d’agir
La précarité des métiers des arts et de la culture entraîne une peur de témoigner et de se voir blacklisté·e par tout un milieu. Dans les sports comme dans la danse ou le théâtre, les individus sont mis face à de nombreux moments de grande vulnérabilité notamment dans des situations engageant une grande proximité des corps. Il est temps de proposer un cadre plus clair pour les salarié·e·s et bénévoles ainsi que pour les jeunes en formation dans les écoles d’arts ou dans les clubs sportifs. A l’heure où la parole se libère et que de nombreux cas de harcèlement ou d’abus de pouvoir font surface, il apparaît que ni les lois existantes en la matière, ni le système judiciaire, ne permettent de répondre de manière satisfaisante à ces problématiques. Il en va de même des diverses chartes ou autres déclarations d’intentions, qui restent malheureusement trop souvent déclamatoires et ne parviennent pas plus à enrayer les problèmes de violences, harcèlements et discriminations qu’à libérer la parole des personnes les subissant en leur offrant la protection nécessaire.


Un nouveau dispositif pour une lutte plus efficace

Outre la rédaction d’une charte commune avec les milieux concernés, la motion déposée réclame la mise en place d’un Observatoire/Centre d’écoute ayant pour mission de vérifier concrètement le respect de la charte ainsi que de soutenir et orienter les victimes, de récolter des témoignages, d’organiser des médiations dans le cas de comportements problématiques ne nécessitant pas de dénonciation au Ministère public, d’offrir des formations ou encore de collecter des données. Dans le plus strict respect de la protection des données, l’Observatoire/Centre d’écoute enverrait à toutes les personnes prenant part aux activités d’organisations des domaines du sport, des arts ou de la culture un questionnaire annuel leur permettant de témoigner confidentiellement des situations problématiques rencontrées. Sur la base de ces témoignages, il aurait notamment la mission de faire remonter les situations problématiques aux services cantonaux et communaux délivrant les subventions. Ces dernières pourraient alors être remises en question si les mesures adéquates n’étaient pas prises.

Plutôt que d’entrevoir uniquement des solutions punitives via les instances juridiques, la motion vise à mettre l’accent sur la prévention, la formation, la médiation et la dissuasion. Elle se veut un encouragement à toutes les institutions subventionnées à mettre sur pied des dispositifs permettant d’éviter que des situations inacceptables perdurent ou se reproduisent.


Des soutiens de poids
Plutôt que de punir, la motion vise à travailler à faire évoluer les mentalités de manière durable. C’est sans doute parce qu’elle offre cette possibilité en proposant la mise sur pied d’un dispositif novateur que cette motion a séduit au-delà des rangs des partis politiques. En effet, elle peut d’ores et déjà compter sur le soutien de divers-es acteurs-trices associatifs et institutionnels, à l’instar de la Comédie de Genève, de TIGRE, des Rencontres professionnelles de danses – Genève, de la Fédération Genevoise des Musiques de Création, d’Action Intermittence, du Syndicat suisse romand du spectacle (SSRS), du Collectif grève féministe – Genève, des Créatives, du Grütli, … La balle est désormais dans le camp du Grand Conseil et du gouvernement !


Soutiens de la motion

Action Intermittence, Fabienne Abramovich, directrice

arts_sainement, Pauline Raineri, membre

Collectif de la Grève féministe – Genève, Françoise Nyffeler, co-secrétaire

Comédie de Genève, Natacha Koutchoumov et Denis Maillefer, co-direction

Ensemble à Gauche

Fédération Genevoise des Musiques de Création (FGMC), Béatrice Graf, présidente

Le Grütli – Centre de production et de diffusion des Arts vivants, Barbara Giongo & Nataly Sugnaux Hernandez, co-directrices

Les Créatives

Les Vert-e-s

Parti socialiste

Rencontres Professionnelles de danses – Genève, Barbara Yvelin, secrétaire Générale,

Syndicat Suisse Romand du Spectacle, Anne Papilloud, secrétaire générale

TIGRE, Jacqueline Ricciardi Werlen, membre du comité