Le Conseil fédéral a annoncé le 16 avril des assouplissements et une sortie du confinement en trois étapes (27 avril, 11 mai, 8 juin). La raison en a été résumée par le Conseiller fédéral socialiste Alain Berset : « limiter les dégâts de cette crise sur le fonctionnement de l’économie ».
Quant à la santé de la population et à son bien-être, le Conseil fédéral s’est abrité derrière les avis de certains « experts » qui prônent la simple continuation des mesures de distanciation sociale – Les mêmes experts qui ne voyaient sans doute pas la nécessité de prendre des mesures de confinement à fin février, alors que les cas de Covid-19 explosaient à nos frontières.
Face à la crainte des milieux patronaux que Covid-19 ne favorise la remise au goût du jour du bien commun et de l’État social comme objectifs politiques centraux, le Conseil fédéral s’est rapidement mis au garde-à-vous.
Le déconfinement annoncé inquiète Ensemble à Gauche pour trois raisons majeures :
- D’abord, le Conseil fédéral a indiqué que les mesures devraient s’appliquer de manière coordonnée sur l’ensemble du territoire, alors que toutes les régions de Suisse ne sont pas touchées de la même manière par Covid-19. Les cantons latins représentent à ce jour près de 60% des cas rapportés et 70% des décès.
- En second lieu, les mesures annoncées ne lèvent pas certaines inconnues sur la protection sanitaire de la population, en particulier de celle des salarié·e·s.
Alain Berset continue de réfuter l’importance des masques de protection, les réservant uniquement au personnel de santé et aux malades. Qu’en est-il des personnes infectées asymptomatiques ? L’expert genevois en la matière, le Dr Didier Pittet, préconise depuis plusieurs jours des cautèles à un tel assouplissement des mesures, précisant qu’il faudrait pour ce faire 2,5 millions de masques par jour et que de telles précautions ne semblent pas être prises au sérieux par les autorités fédérales ? Alain Berset fait ainsi du port du masque et de la protection des salarié·e·s un question de choix personnel, ce qui exempte les entreprises et les pouvoirs publics de la responsabilité d’en fournir à leurs employé.e.s.
Une annonce a aussi été faite concernant l’augmentation des tests de dépistage, sans indication plus précise, alors qu’on sait aujourd’hui que leur usage massif ainsi que le traçage systématique des foyers de contagion est un facteur clé de la lutte contre la reprise de l’épidémie. - Enfin, dans le monde entier, les médecins et le personnel soignant, insuffisamment écoutés depuis le début de la crise sanitaire, appellent les autorités à ne pas prendre de décisions précipitées, poussés par les injonctions de l’économie privée, mais à maintenir une attitude prudente afin de permettre une sortie de crise durable, attentive aux intérêts prépondérants de la population.
On comprend en réalité que, comme cela a été décidé dans le secteur de la construction, la mise en balance des intérêts économiques et des intérêts sanitaires se calcule dépend avant tout de la capacité d’accueil des hôpitaux et non de la préoccupation de préserver la santé de la population.
La réouverture des écoles obligatoires, le 11 mai prochain, dans le but essentiel de permettre aux entreprises de reprendre leurs activités avec le moins de restrictions possible, participe de cette attitude peu compréhensible, alors que le Conseil fédéral continue d’interdire les rassemblements de plus de 5 personnes dans l’espace public.
Ensemble à Gauche continue donc de demander :
- La garantie de l’approvisionnement suffisant, la gratuité et la diffusion à l’ensemble de la population des moyens de protection, des tests et des traitements disponibles contre COVID-19. (masque, gants, gel hydroalcoolique…), en priorité pour les personnes les plus exposées au virus.
- Le renforcement massif et immédiat des services publics de la santé et la mise sous contrôle public du secteur sanitaire privé, pour garantir un droit au meilleur traitement pour toutes et tous et à la prise en charge égale de tou·te·s les malades, ainsi que de meilleures conditions de travail pour le personnel soignant.
- La garantie des salaires et revenus des personnes obligées d’arrêter de travailler, par une extension massive de l’assurance pertes de gain, financée en particulier par une imposition extraordinaire sur les contribuables très fortunés.
- La défense des droits des salarié·e·s face à l’épidémie : garantie du versement du salaire et interdiction de licencier les personnes malades ou empêchées de se rendre à leur travail à des fins préventives tant que dure l’épidémie.
- Le renforcement massif des inspections du travail ainsi que des droits syndicaux, afin d’assurer le respect des règles de sécurité et de précaution pour les salarié.e.s.
- L’interdiction, pour les entreprises qui bénéficient d’aides publiques, de licencier leurs employée·s ou de verser des dividendes à leurs actionnaires
- La régularisation collective de tous les sans-papiers et de toute personne faisant l’objet d’une décision de renvoi, ainsi que la suspension de toute décision de non-renouvellement de permis de séjour ou d’établissement en raison d’un recours à une aide sociale.
Contrairement à l’affirmation du Conseiller fédéral Guy Parmelin, nous ne sommes pas toutes et tous dans le même bateau. Ce sont les salarié·e·s au chômage partiel qui ont vu leur revenu, mais pas leur charge, baisser; ce sont les salarié·e·s les plus précaires qui se sont retrouvé·e·s du jour au lendemain sans emploi et sans salaire; ce sont les salarié·e·s au front, dont une majorité de femmes, qui ont été les plus exposé·e·s aux dangers de la contagion.
Il est grand temps que les privilégiés, en particulier les plus grosses fortunes de ce pays, participent à un effort de solidarité à la hauteur de leurs moyens. Ensemble à Gauche revendique dans le canton de Genève un prélévement unique de 1% sur la part des fortunes qui dépasse 2 millions. Cette proposition devrait être reprise dans les autres cantons.
Personne de contact
Stéfanie Prezioso, conseillère nationale, 079 746 39 08