Face à une seconde vague particulièrement catastrophique, le Conseil fédéral refuse de prendre des mesures sérieuses. On compte 5422 morts le 7 décembre contre 2286 le 31 octobre. En un peu plus d’un mois, la Suisse a plus que doublé le nombre de ses morts. La troisième vague, déjà pronostiquée pour mi-janvier, pourrait encore être pire. Un scénario ressemblant à celui de la grippe espagnole de 1918-1919 (plus de 20 000 morts en deux ans) n’est désormais pas absolument exclu… Cette réalité et ces sombres perspectives ne semblent pourtant pas amener le Conseil fédéral à agir enfin de façon déterminée, au niveau national, pour protéger l’ensemble de la population.

Des mesures sociales urgentes sont indispensables. La Confédération a largement les moyens de les financer afin de venir en aide à toutes celles et ceux qui aujourd’hui sont affectés, et pour certain·e·s mis à genou, par les conséquences de la crise sanitaire (salarié.e.s en RHT, chômeurs.euses, petits indépendant·e·s, artistes, sans papiers…). Or, pour ces personnes qui représentent pourtant la majorité de la population, peu de choses ont été faites tant sur le plan social que sur le plan sanitaire (mise à disposition gratuite des moyens de protection les plus élémentaires : masques contrôlés, solutions hydroalcooliques, tests à la demande le jour même avec résultats dans les 24 h., cellules de traçage renforcées, etc.).

Parmi les oublié.e.s, les personnes particulièrement vulnérables sont aujourd’hui à la merci de la bonne volonté de leurs employeurs. En effet, selon les dispositions entrées en vigueur le 22 juin dernier, les personnes vulnérables doivent reprendre le travail et c’est à leur employeur de prendre les dispositions nécessaires. En clair, un médecin généraliste ne peut plus délivrer de certificat médical à l’attention de ces personnes. Certes, l’ordonnance sur les mesures destinées à lutter contre les épidémies indique bien en son article 10 que les entreprises ont « l’obligation d’établir un plan de protection » mais il revient à l’employeur de juger ce qu’il doit ou peu faire dans ce sens. Le système actuel de prévention (MSST) ne répond donc pas à l’impératif de protection des salarié·e·s sur leurs lieux de travail. Des mesures spécifiques sont en effet indispensables, or la décision irresponsable du 22 juin dernier discrimine et met en danger une catégorie de la population en violant ses droits à être protégée.

  • Qu’en est-il de tous les emplois où le télétravail n’est pas possible ? Alors qu’il s’agit là de l’écrasante majorité des emplois de première ligne, occupés en majorité par des femmes ?
  • Ne faut-il pas particulièrement protéger les salarié·e·s qui craignant de perdre leur emploi et n’osent pas se déclarer à risque, dès lors qu’elles ne sont plus protégées par les dispositions fédérales ?
  • Comment se peut-il que cette législation n’ait pas été revue avec la flambée des cas de cette deuxième vague, alors même que le 17 novembre dernier, la Société suisse de médecine intensive (SSMI) invitait « les personnes à risque d’infection sévère » à indiquer si elles souhaitaient « bénéficier de mesures de prolongation de vie » ?

Avec un mépris officiel affiché, la majorité du Conseil national a enfin accepté, ce 7 décembre, une initiative parlementaire visant à autoriser le vote à distance de ses membres « empêchés » d’assister aux sessions en raison de la Covid-19 ; une exception qui ne s’applique cependant qu’à ceux/celles qui sont en quarantaine ou en isolement, pas aux personnes particulièrement vulnérables… Il s’agit donc d’une mesure discriminatoire qui viole les droits démocratiques les plus élémentaires de celles et ceux dont la vie est mise en danger par les conséquences de cette pandémie, mais aussi de leurs électeurs·trices.

Ensemble à Gauche réclame :

  • La protection des personnes vulnérables et particulièrement à risque, qui doivent se voir offrir des possibilités de télétravail ou être libérées de leur obligation de travailler, avec maintien de leur revenu.
  • La mise en place d’un contrôle systématique des mesures de protection dans les entreprises et sur les chantiers par la médecine du travail et les syndicats. Les préconisations de l’OFSP représentent une base minimale. Rythme de travail et cadences ne doivent pas mettre en péril le respect des règles sanitaires.
  • Le respect des droits démocratiques les plus élémentaires des personnes particulièrement vulnérables.