Le Grand Conseil pour la dixième fois environ débattait d’un arrêté urgent du Conseil d’État concernant la lutte contre la pandémie, pris le 5 août et entré en vigueur le 23 août… Cet arrêté modifie encore une fois l’arrêté genevois du 1er novembre 2020 d’application de l’Ordonnance fédérale sur la lutte contre le Covid. On en trouve le dernier état dans sa forme « consolidée » ici. Le débat parlementaire récurrent sur ces modifications a – rappelons-le – une portée essentiellement symbolique et politique, puisque les mesures successives prises par le Conseil d’État (au nom de ses pouvoirs en extraordinaires notamment à teneur de l’art. 113 de la Cst-GE en cas d’Etat de nécessité) restent en vigueur pour un an, même si le parlement les désapprouvait majoritairement.

L’arrêté du 5 août intervient dans la situation, préoccupante, d’une 4e vague de la pandémie « stabilisée » à Genève à un niveau assez élevé, avec une occupation significative des soins intensifs et un variant delta agressif et dangereux L’arrêté prévoit l’obligation du « Certificat COVID » attestant d’une vaccination ou d’un test récent pour le personnel actif et au contact étroit avec les personnes prises en charge dans les hôpitaux, dans les EMS, dans les établissements pour personnes handicapées et par les organisations de soins ou d’aide à domicile… La même exigence s’applique – sauf certaines exceptions –  aux visiteurs·euses de plus de 16 ans à l’entrée dans ces établissements, ainsi qu’aux prestataires de services externes qui interviennent dans ces lieux.

C’est une mesure visant la protection des personnes relativement vulnérables dans ces divers établissements… Elle a fait débat, mais en fait à la marge, l’UDC a dit l’approuver, mais a critiqué la manière dont le gouvernement l’avait communiquée pour justifier sa désapprobation… Le PS a voulu élargir des exceptions possibles, et s’assurer que les tests puissent se faire pendant les heures de travail, le MCG a voulu qu’on prenne en compte d’autres tests sérologiques, le PLR a demandé qu’on évalue l’extension de ces mesures à d’autres pans du secteur public… Le PDC dont le député Guinchard avait pris le rapport de majorité a trouvé que tout allait bien dans le meilleur des mondes …possibles.

Pour une campagne populaire forte en faveur de la vaccination
Les Vert·e·s quant à eux·elles ont fait fort en expliquant qu’une part de leur groupe voterait contre, une part pour, certain·e·s s’abstenant… leur porte-parole invoquant pour couvrir cette « diversité » le président de la Confédération, l’UDC Guy Parmelin, et sa ràcente intervention lénifiante renvoyant dos à dos les anti-vaccins et les partisans de la vaccination avec sa déclaration que « L’ennemi c’est le virus, pas ceux qui pensent autrement ».

Pour EAG, Pierre Vanek s’est inscrit en faux contre ces propos iréniques et contre le centrage de la discussion sur de détails de l’arrêté du Conseil d’État seulement, tout en indiquant que son groupe suivrait les amendements du PS.

Il a surtout fait valoir que les député·e·s, mais aussi la population, seraient en droit d’attendre un engagement bien plus fort de la collectivité dans une campagne de conviction en faveur d’une vaccination de masse qui soit à la hauteur de la situation… Il a relevé le caractère problématique et égoïste de l’exercice d’une « liberté » de choix individuelle conduisant au refus de se faire vacciner… et l’effet pervers – du point de vue d’une large campagne populaire en faveur d’une vaccination de masse, d’un « certificat COVID » qui met sur le même plan la couverture vaccinale et des tests successifs…

Au final, ce sont 63 voix qui se sont exprimées, du PS au MCG, pour approuver l’arrêté du Conseil d’État. Il s’est trouvé 11 oppositions réparties entre certain·e·s Vert·e·s et des UDC… Pour EAG, nos neuf élu·e·s se sont abstenu·e·s pour les motifs évoqués ci-dessus.

À relever que si le magistrat en charge de cette politique, soit Mauro Poggia, a longuement discuté du pour et du contre des diverses modulations proposées concernant l’Arrêté du Conseil d’État… il n’a pas un instant abordé la problématique que nous posions, celle de savoir quelle campagne renforcée en faveur de la vaccination, autre que la pression indirecte due au « Pass Covid » le Canton entendait impulser…

Pierre Vanek