Les groupes parlementaires au Grand Conseil genevois EàG, PS, MCG et Les Verts ont réuni les signatures nécessaires pour la convocation d’une session extraordinaire du parlement, qui se tiendra le 24 avril prochain. Celle-ci sera consacrée à la discussion du projet de loi signé par 45 député·e·s de ces quatre formations politiques, intitulé: « Saigner la CPEG ou la soigner? La réponse s’impose! ». Face à la volonté affichée du président du Comité de la Caisse de pension de l’État de Genève, en lien avec le Conseil d’État, de baisser très fortement les rentes à venir, les groupes parlementaires EàG, PS, MCG et Les Verts se sont mis d’accord pour proposer un scénario alternatif, beaucoup moins coûteux pour les finances publiques et pour les assuré·e·s.

Saigner la CPEG?
Après une diminution des rentes de 12% en 2014, de 5% (fin 2016), il est aujourd’hui question d’une nouvelle amputation de 15%, soit d’un recul total de plus de 30%… En réaction à la démarche de nos groupes parlementaires, le Conseil d’État a annoncé jeudi dernier au Grand Conseil sa volonté de recapitaliser la Caisse et « d’adoucir » un peu la dernière saignée annoncée. À une condition toutefois : que les assuré·e·s acceptent le passage de la CPEG en « primauté de cotisations ». En clair, cela signifie que les actifs·ves cotisants n’auraient plus aucune garantie du niveau de leurs rentes et que l’État se désengagerait par rapport à la CPEG.

Nous préférons la soigner!
En réalité, il est possible d’agir de façon responsable en n’exigeant pas que l’État dépense des milliards, tout en défendant beaucoup mieux les intérêts des assuré·e·s. C’est ce que nos groupes proposent. En effet, au premier sacrifice du personnel déjà acté par le Comité de la Caisse, soit l’élévation de l’âge de la retraite d’un an, qui représente 400 millions de francs d’engagements en moins, nous proposons d’ajouter une cotisation temporaire de 0,55% sur 12 ans et demi, à la seule charge des assuré·e·s, qui représente l’équivalent de 200 millions de plus, soit un effort total de 600 millions. De son côté, l’État injecterait 800 millions, dont 320 millions pourraient être pris sur la dissolution partielle d’une provision déjà existante, soit un montant de 480 millions à trouver.

Dans l’intérêt des contribuables et des assuré·e·s
Notre proposition permettrait de maintenir la CPEG en « primauté de prestations » avec des retraites à hauteur de 60% du salaire assuré, dont la moyenne actuelle est de 3000 francs par mois. La Caisse de pension de l’État de Vaud, mais aussi celle de la Migros, a maintenu ce système… Pourquoi pas celle de l’État de Genève ? Par ailleurs, cette proposition ne coûterait pratiquement rien aux contribuables, puisque l’État pourrait par exemple financer les 480 millions à trouver par un emprunt à long terme (20 à 30 ans) sur les marchés financiers aux taux actuels de 0,5 à 0,6% par an (coût : 2,4 millions par an). Nos projections actuarielles très prudentes (cf. graphique joint) montrent qu’avec un taux technique de 2,5%, un rendement annuel moyen de 3,25%, une inflation très faible (indexation des salaires de 0,3% par an) et une croissance des effectifs cotisants de 1% par an (très inférieure à celle des dix dernières années), le suivi du « chemin de croissance » prévu par la loi cantonale serait largement assuré à l’horizon 2030. Au-delà, toute projection devient évidemment plus aléatoire…