Traiter d’une allocation relative à la rentrée scolaire 2020 en juin 2021, n’est pas à l’honneur du Grand Conseil. Le rapport de commission a été rendu le 12 octobre 2020. Nous étions alors encore dans les temps. C’est pourquoi un amendement a été proposé pour transformer cette allocation 2020 en allocation pour la rentrée 2021. Mais une fois encore, après avoir dépensé sans sourciller des centaines de millions pour les entreprises en difficulté, le Grand conseil se cache derrière les RHT et l’assurance chômage pour déclarer que l’essentiel est couvert. Si ce n’est que 80% de pas grand-chose, ça ne fait toujours que moins que pas grand-chose!
Selon l’office fédéral de la statistique, la précarité a continué à augmenter en Suisse, malgré un niveau de vie parmi les plus élevés d’Europe. En 2019, en Suisse 8,7% de la population vivaient dans la pauvreté et 12,2% peinaient à joindre les deux bouts. A Genève, Selon les derniers chiffres de l’Office cantonal de la statistique, le risque de pauvreté concerne 19% de la population. Plus d’un ménage sur cinq ne parvient pas à mettre de l’argent de côté pour faire face à des dépenses imprévues. Et il faut considérer que ces chiffres ne prennent pas en compte l’impact du Covid-19.
Or c’est bien de cette situation particulière induite par la crise sanitaire dont se préoccupe ce projet de loi qui s’inquiète des baisses de revenus conséquentes subies par nombre de familles, que ce soit notamment en raison d’une RHT, d’une situation de chômage ou d’une baisse d’activité pour des indépendants ou des travailleur.euse.s précaires. Il demandait d’octroyer en 2020 aux familles au bénéfice d’un subside d’assurance maladie un soutien exceptionnel de 200 francs par enfant à charge en âge scolaire en guise de soutien aux dépenses liées à la rentrée scolaire.
Que dire de plus ? faut-il vraiment avoir à en dire plus ? Ces chiffres évoqués sont éloquents et démontrent la nécessité de mettre en place cette allocation cantonale de rentrée scolaire pour l’année 2020. Cette allocation ne résoudra pas tout, telle n’est d’ailleurs pas sa prétention. Elle apportera cependant un soulagement bienvenu au moment d’affronter les frais d’achats scolaires et ceux de renouvellement des vêtements des enfants qui auront grandis durant les derniers mois.
La période de rentrée scolaire est souvent une épreuve pour les parents de situation modeste qui n’affrontent cette dernière qu’avec appréhension car ils se savent dans l’incapacité d’y faire face financièrement. Trop souvent ils doivent procéder à des arbitrages cornéliens. Priver leurs enfants de ce dont ils ont besoins pour commencer l’année scolaire, rogner sur ces achats indispensables ou faire passer ces dépenses incontournables avant le paiement d’autres charges.
La pauvreté est un fardeau ! Les effets corolaires à la crise sanitaire l’ont encore alourdi. Ce projet de loi propose un minime et provisoire allégement. Il invitait le Parlement à faire un geste, pas une révolution sociale. Alors que valsent les millions d’aides, ce geste, cette respiration permise à des personnes en situation de pauvreté a été refusé par la majorité de droite du Grand Conseil.
Jocelyne Haller