La commission de contrôle de gestion a jugé que le Conseil d’Etat n’avait pas pris en compte les recommandations de la Commission d’enquête parlementaire au sujet de l’affaire Adeline. Résultat : le rapport du gouvernement qui devait y apporter une réponse lui a été renvoyé.

La Commission d’enquête parlementaire (CEP) a mis le doigt sur un certain nombre de dysfonctionnements parmi lesquels les plus relevants ont été: la responsabilité du SAPEM et la confusion des rôles entre les thérapeutes et les experts, l’absence quasi totale de supervision de la Pâquerette, son abandon par les HUG qui ne la contrôlaient que par son Secrétariat, l’existence d’une unité de sociothérapie pour des détenus en exécution de peine au sein d’un établissement de détention préventive, l’absence de cautèles lors des sorties, la confusion des rôles entre les socio-thérapeutes et les agents de détention et d’une manière générale le désintéressement presque total du Conseil d’Etat vis-à-vis d’une institution qui malgré tous ces avatars réalisait un travail remarquable. Dont acte.

Que s’est-il passé à la suite du terrible drame, à savoir l’assassinat d’Adeline par un détenu manipulateur qui avait réussi, malgré quelques mises en garde de médecins à tromper son entourage ? Un raidissement des attitudes, la suppression des sorties, la fermeture de la Pâquerette des champs, de Montfleury, la réaffectation de Curabilis et surtout la disparition presque totale de la sociothérapie. Une sociothérapie qui pourtant existe ailleurs et notamment à Saint-Jean, un établissement sis dans de canton de Berne, que la CVO a pu visiter à plusieurs reprises notamment en compagnie du Conseil d’Etat représenté par MM. Mauro Poggia et Pierre Maudet qui ont semblé prendre un certain intérêt à cette démarche.

Il convient d’ajouter que la CEP elle-même a reçu M. Manfred Stuber, son Directeur, qui lui a fait une forte impression en présentant, sous forme de conférence, le fonctionnement de son institution et son mode de gouvernance. Chaque détenu y est placé sous la responsabilité de trois personnes dont un psychiatre, un sociothérapie et un maître socioprofessionnel et toutes les décisions y sont prises et signées à trois, le Directeur n’intervenant que lorsqu’il y a des litiges. Les agents de détention ne travaillent, eux, que depuis un poste de police qui n’opère que lorsqu’il y a des infractions. Faut-il ajouter que le fonctionnement de Saint-Jean fondé sur trois unités progressivement ouvertes sur l’extérieur qui axent leur travail sur des stages et la réinsertion professionnelle frise le… 100% de réussite en matière de réintégration!

Genève aurait pu titrer parti de cette expérience, d’autant que les recommandations de la CEP allaient dans ce sens mais… non rien ! Le Conseil d’Etat a poursuivi sa politique restrictive, la tête dans un sac ! La mise en place de bracelets électroniques, pourtant placée aujourd’hui sous la responsabilité du SAPEM, reste très timide; on continue à incarcérer beaucoup plus à Genève qu’à Zurich ou à Bâle, on persiste à vouloir affecter la Brenaz à de la détention administrative alors qu’elle est en chute libre dans toute la Suisse et que la Favra ou Frambois peinent, fort heureusement, à se remplir. Et comme si cela ne suffisait pas… on propose un établissement de 450 places pour de l’exécution de peine, en pleine zone agricole !

Alors oui, Ensemble à Gauche a dit tout cela et ajouté que notre groupe souhaitait que le Conseil d’Etat tienne compte des observations de la CEP afin d’orienter sa politique carcérale dans une direction beaucoup plus proche de celle de certains pays nordiques et même de la Suisse alémanique qui vident progressivement leurs prisons contrairement à d’autres pays moins soucieux des droits de l’homme et de la réinsertion professionnelle qui, eux, les remplissent !

Christian Zaugg