La majorité du Grand Conseil, après avoir balayé il y a un an d’un revers de main l’initiative populaire cantonale 163 intitulée « Pour un pilotage démocratique de l’aéroport de Genève – Reprenons en main notre aéroport », a démontré une fois de plus son mépris pour la santé et la qualité de vie de la population genevoise et de la région en acceptant un contreprojet qui non seulement vide de sens l’initiative, mais réaffirme la soumission de cette majorité du Grand Conseil aux intérêts du marché et des milieux économiques.

En cela, elle a suivi la majorité de la commission de l’économie, qui en dépit des de la documentation et des témoignages fournie par les initiant-e-s : la Coordination régionale pour un Aéroport urbain Respectueux de la Population et de l’Environnement (CARPE), par les associations de riverains et par les magistrats des communes soumises aux nuisances de l’aéroport n’a pas voulu entendre les risques que présente un développement non maitrisé du trafic aérien. Pourtant, l’initiative présente des objectifs très mesurés, indubitablement inscrits dans l’intérêt de la population, soucieuse de la recherche d’un équilibre entre le développement économique et la limitation des nuisances.

La majorité s’est dissimulée derrière divers artifices pour masquer le fait qu’elle est prête à sacrifier la qualité de vie de la population. Elle a focalisé les débats sur de faux problèmes, une perte d’autonomie de l’aéroport totalement fantasmée, ou sur des astuces sémantiques pour prétendre faussement se rapprocher du texte de l’initiative ou sur des accusations de passéisme à l’encontre des initiants et de leurs soutiens Elle s’est surtout arcboutée sur le plan sectoriel d’infrastructure aéronautique (PSIA) pour affirmer que ce dernier suffit à définir le cadre du développement de l’aéroport et sur le fait que de son point de vue les progrès techniques viendraient naturellement réduire les nuisances sonores et les pollutions diverses.

Rien n’est moins sûr lorsque l’on sait que selon les projections prévues par la fiches PSIA, il faudra s’attendre en 2030 à un avion toutes les 90 secondes 18 heures sur 24 et à près de 25 millions de voyageurs par an (actuellement 17,7 mio). Une telle augmentation ne peut se faire sans porter atteinte aux intérêts de la population. Son impact ne se mesure pas uniquement en matière de pollution sonore ou de l’air et d’atteinte au climat, mais également en terme de croissance de la circulation routière aux abords de l’aéroport alors que ceux-ci sont d’ores et déjà saturés. Un autre aspect préjudiciable du développement sans mesure de l’aéroport est celui qui s’exerce sur le plan foncier. Ainsi par exemple pour une commune comme Versoix, 46% de son territoire construit, ou qui pourrait l’être, ne l’est plus à cause de l’aéroport. A Genthod il s’agit de 90% du territoire et à Bellevue de 52%. Alors que nous sommes désespérément à la recherche de zones constructibles dans notre canton pour répondre aux besoins en matière de logement de la population, une telle paralysie de l’aménagement et du foncier est une hérésie.

Il faut savoir encore que le plan de climat 2030, qui a été validé par le Conseil d’Etat en novembre 2015, indiquait sans ambiguïté que dans 13 ans, 40% de la totalité de la pollution cantonale serait produite par la seule activité aéroportuaire. Dès lors, la nécessité s’impose de rejeter un contreprojet mystificateur et d’accepter une initiative qui demande l’inscription dans la Constitution d’un équilibre entre l’importance de l’aéroport pour la vie économique, sociale et culturelle du canton et la limitation des nuisances pour la population et l’environnement.

La croissance du trafic aérien n’est pas une fatalité. Les habitudes de voyage par avion prises ces dernières années (low cost) peuvent être modifiées. Il faut indubitablement repenser le prix des billets d’avion, notamment en introduisant une taxe carbone, mais aussi en taxant le kérosène qui aujourd’hui échappe à toute taxe.

Ensemble à Gauche a soutenu l’initiative et combattue le contreprojet. La première manche au Grand conseil a été perdue. Mais gageons qu’il en ira autrement devant la population.