Cette lettre d’information est réalisée par le groupe EàG au Conseil municipal de la Ville de Genève (James Berclaz-Lewis, Maryelle Budry, Sacha Camporini, Charlotte Meierhofer, Gazi Sahin, Brigitte Studer, Cecilia Zaugg, Christian Zaugg, Livia Zbinden)

Lors de la session des 26 et 27 novembre, les points suivants ont été traités par le Conseil municipal :

  • « Acquisition d’une maison de maître et de son domaine » ou le domaine de Zep ouvert à la population
  • Accueil universel pour le parascolaire
  • Crédits d’études pour des aménagements au PAV
  • Hébergement d’urgence : un long chemin parcouru

Ouvrir le domaine de Zep à la population

«Acquisition d’une maison de maître et de son domaine» ou le domaine de Zep ouvert à la population

Ce débat a relevé d’une démarche tout-à-fait inhabituelle : c’est une conseillère municipale qui a proposé l’achat de ce domaine en déposant le PRD-355, alors qu’en général tout achat de terrain se fait sur proposition du Conseil administratif. En général aussi, on part d’un besoin, sur la base de priorités politiques, et on recherche ensuite un lieu qui permet la réalisation d’un projet. De plus, le délai imparti par le vendeur, en l’occurrence le célèbre dessinateur Zep, était fort court.

Il s’agit d’un parc de 34 000 m2 avec de nombreux beaux arbres et des vignes, situé dans un quartier en pleine densification à l’avenue d’Aïre, et d’une grande maison du 18ème siècle, classée, donc protégée. Toutefois, il ne s’agit pas d’un don, mais bien d’un achat, dont l’évaluation montre que le montant demandé est correct, mais l’investissement conséquent : 21, 5 millions. A quoi s’ajouteront des frais importants pour des travaux en vue d’une utilisation collective, autant pour le parc que pour la maison. Il faut prévoir également les frais de fonctionnement ; le seul entretien du parc impliquerait l’engagement d’une équipe d’au moins cinq personnes. Et l’utilisation de la maison par le public, avec ses contraintes patrimoniales, n’est pas évidente.

Ce gros investissement pour le bien public, « des goûts de luxe », a provoqué la colère de la droite… Mais quel bijou ! Quelle merveille d’imaginer les enfants du quartier investir ces lieux en toute liberté, au lieu de demeurer une propriété privée, peut-être aux mains de milliardaires sans scrupules ! De plus, le budget d’investissements est doté de 180 millions, ce qui rend cet achat possible.

Le débat a été vif, mais les élu-e-s d’EaG, dont plusieurs habitent ou ont habité le quartier, se sont enthousiasmés à l’idée que ce parc qui était privé et interdit d’accès devienne un bien commun ouvert à toute la population ! C’est une des priorités de la gauche. Finalement le oui à l’achat l’a emporté au CM avec 43 oui contre 25 non. Mais il y a la menace d’un referendum que le Centre a annoncé en cours de débat. Une association de quartier s’est tout de suite mobilisée pour bien montrer son besoin d’espaces verts de respiration et son attente.

Accueil universel pour le parascolaire

Maintien de l’accueil universel pour le parascolaire : ce n’est pas aux familles de payer la réforme 

Lors de cette session, EàG a proposé de traiter en urgence le projet de Résolution R-319 « Prestations du GIAP : maintenir l’accueil universel », une résolution de grande importance car il s’agit  du bien-être des enfants.
Aujourd’hui 80% des élèves du Canton bénéficient des prestations du GIAP (Groupement intercommunal pour l’animation parascolaire), un pourcentage trois fois plus grand qu’il y a 15 ans. Il s’agit d’un vrai changement de société.
Alors qu’on assiste à une augmentation fulgurante du nombre d’enfants, au niveau institutionnel les réformes qui devraient accompagner cette évolution ont sérieusement tardé. Depuis quelques années déjà, des travailleuses et des travailleurs du GIAP se sont mobilisés pour présenter leurs revendications.

Une réforme a été ratifiée le 28 septembre 2024 par l’Assemblée générale de l’Association des communes genevoises (ACG), l’employeur du GIAP.
Une réforme était certes attendue et nécessaire et EàG l’a affirmé et répété depuis plusieurs années. Mais la proposition était problématique. En premier lieu déjà, parce que ni les syndicats ni même la commission du personnel n’avaient été consultés.
Là où une réforme par en bas était possible et nécessaire, l’orgueil institutionnel a fait le choix de la voter en négligeant d’aller écouter les actrices et les acteurs du terrain. Or, pour qu’elle réponde aux attentes de la réalité, une concertation devait avoir lieu.
Nous avons souligné plusieurs problèmes :
– Cette réforme ne propose pas d’amélioration des conditions de travail du personnel de la base : elle ne prend pas en compte l’augmentation de la classe salariale du personnel ni du temps de travail, alors que ce sont les principales revendications des syndicats et de la commission du personnel pour que leur métier soit mieux reconnu et plus attractif.
– Elle supprime la gratuité pour les familles à bas revenus et augmente les tarifs pour l’ensemble des familles.  Ce n’est pas aux familles de payer la réforme ! Selon les syndicats, cela risque de pousser des centaines de familles à renoncer à ces prestations alors que l’accueil universel est à Genève un droit constitutionnel.

La Ville de Genève n’a pas la possibilité de s’opposer à cette décision de l’ACG par un referendum. Mais la Ville, la commune la plus concernée, peut et doit proposer des solutions au niveau budgétaire pour maintenir l’accueil universel. L’abolition de la gratuité pour 7000 parents (30% des familles utilisatrices des prestations du GIAP) ne produira que des ressources dérisoires, tout en impliquant un travail administratif supplémentaire conséquent. De plus, le GIAP détient plus de 10 millions de francs de fortune. De ce fait, le GIAP pourrait renoncer à l’augmentation des tarifs. 

Nous savons que la Conseillère administrative, Madame Kitsos, a la même volonté, et s’était opposée à cette décision de l’ACG, ainsi que la Ville d’Onex, et l’a affirmé à plusieurs occasions.

– La Ville de Genève doit trouver les ressources nécessaires pour assurer l’accueil parascolaire des enfants des familles les plus modestes.
– Pas un seul enfant ne doit être exclu de l’accès aux prestations du GIAP pour des raisons financières. Nous refusons de vivre cette honte.

Le Conseil Municipal a voté et accepté cette résolution.

Crédits d’études pour des aménagements au PAV

PR 1630 – Notre position toujours critique sur le développement au  PAV

La proposition du Conseil administratif (PR-1630) demandant l’ouverture de six crédits d’étude et de deux crédits de réalisation pour un montant total de près de 11 millions pour la zone de développement du PAV a requis toute l’attention d’EàG.

 En 2022, très critiques face au projet d’aménagement du PAV Acacias I, nous avions soumis nos oppositions au Conseil municipal, qui avait cependant accepté le PLQ. Nous avions alors lancé un référendum et le PLQ a pu ainsi être soumis au peuple genevois en juin 2023. Il a été accepté par 62% des votant.es et EàG ne peut que s’incliner devant la décision du peuple. Nous ne regrettons cependant pas les efforts fournis pour soutenir ce référendum qui nous a permis d’ouvrir un débat public et de défendre notre conception de l’urbanisme avec les Genevois.es et les autorités. 

L’actuelle PR propose de voter des crédits d’étude. Lors de la séance du Conseil municipal, nous avons réitéré nos critiques fondamentales mais avons accepté certaines délibérations, notamment la délibération I qui propose de travailler en partenariat avec les communes de Lancy et Carouge, ainsi que la délibération II qui propose l’étude d’un réaménagement de la route des Jeunes, semi-autoroute en ville, dont nous avions souligné l’absurdité.
Nous avons rappelé qu’un point critique important de ce projet est pour nous l’espace insuffisant réservé aux équipements publics, tels qu’école primaire, crèche, accueil parascolaire, maison de quartier, centre d’action sociale, ludothèque qui ne disposent que de surfaces très limitées, placées dans les immeubles des promoteurs. Nous avons cependant salué le fait que cette PR reconnaît des besoins pour des équipements sportifs, ainsi que pour des équipements culturels.
Nous considérons également que le besoin d’espaces publics et verts ne sera pas suffisant pour les 7000 nouveaux habitants prévus à terme dans ce secteur avec seulement le Grand Parc à Carouge (mais éloigné), la promenade de l’espace rivière aux Acacias, ainsi que le parc devant la patinoire des Vernets, qui sera le seul parc du quartier des Vernets. 

Nous n’avons donc pas voté plusieurs délibérations. Notre position était certes très minoritaire, mais a été entendue, même si la proposition a été acceptée par une large majorité du Conseil municipal. Il est important pour EàG d’affirmer un point de vue critique à chaque étape. Nous ne pouvons qu’espérer que durant ces études, notre conception d’un quartier plus convivial et plus démocratique, avec plus de verdure et d’espaces publics, va progresser et continuerons à nous engager en ce sens.

Hébergement d’urgence : un long chemin parcouru !

Scandalisés par une menace de fermeture des structures d’accueil, EàG, avec le MCG, avait déposé au printemps 2020 un projet de délibération demandant des crédits conséquents pour assurer le maintien de l’ouverture des dispositifs.  
Depuis fort longtemps, le Conseil municipal avait exprimé ses préoccupations face à la situation des sans-abris, concernant le nombre et la qualité des hébergements disponibles, (l’accueil, l’accès aux soins et aux points d’eau, à un suivi pour les ayant droit). L’augmentation des moyens financiers a été votée plusieurs fois à l’unanimité, autant pour l’intervention directe de la Ville que pour les subventions des associations engagées sur le terrain.
On parle aujourd’hui d’urgence sociale, terme ne se réduisant pas uniquement à un lit du soir, on reconnaît des besoins plus larges : le constat d’une nécessité d’accueil toute l’année (durant le grand froid, mais aussi durant les périodes de canicules), des offres d’accueil différenciées (grands précaires, femmes, familles avec enfants, personnes avec des troubles psychiques ou des problèmes de dépendance), une préférence pour un accueil sur-terre plutôt que souterrain. 515 places sont aujourd’hui disponibles.

Un grand pas a été fait avec l’étude du Prof. Bonvin, en collaboration avec la Ville, qui a permis pour la première fois de quantifier les besoins et de faire des propositions à partir d’un constat approfondi à un moment donné.

Depuis longtemps déjà, la Ville s’était adressée à l’Association des communes genevoises (ACG) ainsi qu’au Canton, mais cela a enfin pu se débloquer durant cette législature. Il s’est avéré nécessaire de s’accorder sur un cadre entre le Canton, l’ACG et la Ville, défini dans 2 lois :
– Avec l’acceptation de la loi sur l’aide aux personnes sans abri, la LAPSA
– La modification de la Loi sur le renforcement de la péréquation financière intercommunale (LRPFI) qui précise le financement.

Heureusement la situation n’est plus la même que début 2020 quand nous avions déposé ce PRD.

– Une étude a permis de faire un point de situation précis – et d’y répondre. Mais la situation évolue en continuité. Les crises sociales et économiques sont multiples et les plus précaires en font les frais. Pour EàG, il est nécessaire d’assurer un suivi en continuité. Il y a plusieurs années déjà, nous avions évoqué l’idée d’un observatoire de l’urgence sociale.
– Il y a certes eu beaucoup d’avancées, mais il faut poursuivre et améliorer les dispositifs.
– Notre préoccupation reste qu’il faut absolument tout faire pour que les personnes ne perdent pas leur logement.  Il faut agir en amont, chaque fois que possible.

Quant à notre PRD mis au vote lors de cette session, il a été utile pour permettre un travail de qualité et d’approfondissement de la problématique à la commission de la cohésion sociale. Mais dans la situation actuelle, il n’a plus de raison d’être, nous étions ainsi d’accord de le refuser.