La motion d’Ensemble à Gauche (M 2426) « Pour de meilleures conditions d’enseignement au cycle élémentaire, une diminution du nombre d’élèves par classe est nécessaire ! » a été acceptée par le parlement. Il faut maintenant que le département réponde sérieusement aux invites pour qu’enfin le sort des élèves qui entrent à l’école soit amélioré. En effet, si tout le monde s’accorde, depuis des lustres, sur le fait que les premières années de scolarité sont déterminantes sur le cursus de l’élève, les moyens accordés au cycle 1 (4-8 ans) restaient désespérément insuffisants.

La forte hétérogénéité des classes est une des caractéristiques de l’enseignement obligatoire genevois. Mais il est évident qu’une classe hétérogène l’est d’autant plus quand il faut composer avec des enfants en bas âge (4-5 ans), où l’incontournable différence d’âge devient un élément qui influence sensiblement la prise en charge des élèves.

Inégalité de traitement
Pourtant, objectivement, les enseignants du cycle élémentaire (1P à 4P) disposent de moins de moyens que leurs collègues du cycle moyen (5P à 8P), alors que cela devrait être le contraire.

A Genève, la moyenne cantonale des effectifs de classe se trouve à 20 depuis longtemps. Grosso modo, le 80% des classes de l’enseignement primaire ont des effectifs compris entre 18 et 22 élèves. Mais aucun maximum n’est fixé et il arrive que des classes comptent 27 élèves. La nouvelle LIP (2015) prévoit justement de fixer par voie réglementaire les effectifs de classe, par exemple en définissant le nombre maximum d’élèves par type de classe, comme c’est le cas au cycle d’orientation depuis 2011, et aussi au secondaire II, où il est convenu que 24 élèves par classe est le grand maximum, ou encore, par exemple, en établissant des fourchettes acceptables. Mais, pour l’instant, l’article 50 de la LIP n’est pas véritablement mis en œuvre. Dans le canton de Neuchâtel, par exemple, les effectifs sont fixés ainsi : « 18 élèves au cycle 1 (années 1 à 4); 19 élèves au cycle 2 (années 5 à 8); 20 élèves au cycle 3 (années 9 à 11) ».

Quoi qu’il en soit, il n’y a pas, à Genève, de vraie variation au cours des huit années primaires, pas de progression qui tienne compte de l’âge des élèves et cela paraît étrange, depuis le temps que les associations professionnelles et syndicales réclament une meilleure répartition des forces et une attention sur les premiers degrés. Des recherches scientifiques menées récemment dans nos régions tendent à démontrer que des effectifs fortement réduits (8-12 élèves par classe) dès les premiers degrés apportent des gains appréciables en termes de gestion, de comportement, de probabilité de poursuivre de hautes études, etc. Ces modalités permettent donc d’augmenter ensuite, progressivement, les effectifs quand les élèves sont plus âgés et que leur nombre au sein du groupe classe est moins déterminant pour les conditions d’apprentissage.

Améliorer les conditions d’enseignement
Concrètement, le département de l’instruction publique de la formation et de la jeunesse (DIP) doit donc maintenant étudier le moyen de rééquilibrer les forces existantes, du moins dans un premier temps. Cela se fait pour les écoles du réseau d’enseignement prioritaire (REP), qui bénéficient d’un taux d’encadrement meilleur – ce qui implique que d’autres écoles, censées être plus favorisées au regard des critères socio-professionnels des familles de l’établissement, ont un taux plus élevé que la moyenne – et cette forme de discrimination positive devrait aussi être possible entre le cycle élémentaire et le cycle moyen. Le pari qui est fait ici, et qui mérite d’être éprouvé, consiste à dire que plus les conditions d’encadrement – et donc d’enseignement – sont favorables au début de la scolarité, plus le cursus de formation des élèves se révélera harmonieux et heureux. Mettre des moyens importants dès le départ représente ensuite des économies en termes de redoublements, de postes d’appui, etc. Mais c’est surtout un pas en avant vers une école de la réussite pour toutes et tous. Cette motion propose avant tout d’essayer, par un changement de paradigme et une recherche de solutions innovantes, de corriger les inégalités qui touchent les élèves dès leur arrivée à l’école et compromettent leur réussite.

Olivier Baud