Hospitaliser des enfants en détresse faute de places dans les foyers ou les familles d’accueil est une iniquité. Ensemble à Gauche (EàG) avait déjà dénoncé cette situation en janvier 2017 (cf. QUE 574-A). La réponse du Conseil d’Etat à la question urgente écrite révélait que les 38 places en foyer destinées à accueillir en urgence des jeunes étaient occupées à 100%. Mais le budget 2017 était censé apporter une « bouffée d’oxygène », notamment avec la création de 8 nouvelles places.

Toutefois, aujourd’hui, la carence de places perdure. Le parlement s’est donc saisi de cet objet, davantage, il faut bien le dire, pour des raisons économiques que sociales. En effet, le coût d’une journée à l’hôpital est bien plus élevé que celui d’un placement en foyer ou dans une famille d’accueil. Et quand on sait qu’à cause du manque de places d’accueil en urgence, plus de 100 jeunes ont été dirigés vers les HUG en 2016, et qu’en 2015 ces hospitalisations sociales totalisaient 3 419 journées, facturées à hauteur de près de 2 millions, on saisit mieux les motivations de la commission de contrôle de gestion à faire cesser cette anormalité. Quoi qu’il en soit, envoyer par exemple un pré-adolescent dont le milieu familial est confronté à une crise majeure dans le service d’orthopédie, comme cela a été constaté en 2016, est peu admissible.

L’environnement des HUG n’est a priori pas adéquat pour des mineur-e-s qui ne sont pas malades. Le personnel de l’hôpital est formé pour dispenser avant tout des soins, et sa mission n’a pas à être détournée de la sorte. L’accueil d’enfants qui doivent être protégés de toute urgence requière des lieux adéquats, une garantie de stabilité, et des personnes à même de répondre à leurs besoins, psychoaffectifs et scolaires, notamment. La saturation actuelle des structures d’accueil d’urgence n’est pas insurmontable. Le vote unanime de la motion (M 2401) qui demande que cessent les hospitalisations sociales et son renvoi direct au Conseil d’Etat constituent un signe encourageant… qui devra être traduit concrètement quand il faudra voter les moyens qui s’y rapporteront.

par Olivier Baud, député EàG,
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