Il n’y a pas de baguette magique pour régler globalement le problème du chômage dans notre canton. Mais pour y parvenir, il faut faire montre de la volonté politique correspondant. La question est complexe et multifactorielle. Nous le savons, mais sommes tout autant conscient.es que des mesures permettant de traiter certains aspects de cette problématique sont possibles. Les projets de loi 12443 et 12444 allaient en ce sens et présentaient l’avantage d’élargir le peu d’opportunités existantes. Or, la majorité de droite du Grand conseil a botté en touche et a renvoyé ces deux textes à la commission de l’économie.

La formation continue en cours de carrière était nécessaire, bienvenue. Elle est devenue indispensable. Les compléments de formations, les reclassements professionnels sont souvent incontournables pour les chômeur. euses ou les demandeur. euses d’emplois pour espérer retrouver un emploi.

À Genève, l’un des cantons où le taux de chômage est le plus élevé — sans même encore prendre en considération la réalité des personnes en demande d’emploi — l’exclusion du monde du travail et la pauvreté croissent de manière alarmante. Divers facteurs y concourent. Il ne s’agit pas ici de les énumérer, mais plutôt de parler de la thématique touchée par ces deux projets de loi : celle du soutien à la formation et à l’aide à la réinsertion socioprofessionnelle.

Le premier d’entre eux, Le PL 12443, entend améliorer sur le plan cantonal une disposition prévue par la loi fédérale, l’allocation de formation, les (AFO) trop peu utilisées. Il augmenterait de 500, — CHF le montant alloué aux personnes bénéficiant de cette mesure pour leur permettre de mieux couvrir leurs besoins et tenir compte du niveau de vie élevé à Genève. Il permettrait surtout à des demandeur. euses d’emplois d’entrer dans le cercle des bénéficiaires de cette mesure et de viser un taux de 2 % de personnes au bénéfice de cette « allocation cantonale complémentaire de formation ». Un objectif bien modeste au regard de la faible utilisation de cette mesure à Genève ; à savoir 0, 47 % d’AFO à Genève en 2018.

Le projet de loi 12444, quant à lui, entend abaisser la limite d’âge de l’AFO à 22 ans plutôt que 30 ans et détendre les formations possibles au-delà du cercle des attestations fédérales de formation professionnelle (AFP) ou des Certificats fédéraux de capacités (CFC).

À toutes fins utiles, rappelons-nous que près de 50 % des personnes au bénéfice de prestations d’aide sociale en 2020 ne présentaient pas de formation. Dès lors, la promotion et la facilitation de la formation ou des reclassements professionnels doivent être des objectifs prioritaires en termes de politique sociale et économique, voire en termes de politique de la santé ; car rien n’affecte plus une personne dans son intégrité que son exclusion professionnelle et sociale.

Le professeur Ferro Luzzi, auditionné par la commission, mettait l’accent sur le lien entre le niveau de formation et le risque de chômage et relevait : que plus la formation est faible, plus le taux de chômage est élevé. À Genève, le risque de chômage est donc plus élevé que dans le reste du pays. Il concluait qu’il est donc important de mieux former les chômeurs.

À noter que le taux de chômage se situait à Genève en avril 2022 à 4,1 %, pour un taux de 2,3 % au niveau suisse. Ce qui démontre que le canton de Genève doit être particulièrement sensible à cette question de la formation et de l’aide à la réinsertion, et qu’il doit, comme le suggèrent ces deux projets de loi faire un effort supplémentaire.

Le refus d’entrée en matière signifié à ces deux derniers par la majorité est incompréhensible au regard de la réalité alarmante que nous connaissons à Genève. Il démontre une fois de plus que la droite préfère faire porter la responsabilité du chômage à ses victimes plutôt que de lutter efficacement contre le chômage et la dégradation du marché du travail.

Jocelyne Haller