Étrange employeur que ce Conseil d’État qui s’évertue à vouloir ponctionner les salaires de la fonction publique… Drôle de manière de remercier le personnel de son engagement ! Si les projets de loi modifiant le taux de cotisation des caisses de prévoyance ainsi que celui qui visait à supprimer le double salaire à 65 ans ont heureusement été refusés, cela ne constitue qu’une maigre consolation. Car ce sont les postes qui, avec le refus du budget 2022, font toujours plus cruellement défaut.

Les personnels de l’État et des secteurs subventionnés ont montré leur solidarité en se mobilisant contre une dégradation des conditions de travail qui aurait touché principalement les futur·es employé·es (nouvelles et nouveaux assuré·es des caisses de prévoyance). Mais il ne faut pas se leurrer. Si ce Conseil d’État échoue ces derniers temps avec ses diverses tentatives visant à piquer davantage dans la poche du personnel (1 semaine sans traitement, coupe linéaire de 1% sur les salaires, augmentation du taux de cotisation des caisses de prévoyance, etc.), la suppression de l’augmentation annuelle une fois sur deux (en 2021, 2023, 2025…) et le refus d’indexer les traitements inscrit dans le plan financier quadriennal (PFQ) sont des mesures aussi réelles que contestables, et lourdes de conséquences.

Indexation des salaires!
Les traitements de la fonction publique n’ont pas bougé d’un centime depuis 11 ans. Serait-ce à dire que le coût de la vie est exactement le même qu’en 2010 ? Quoi qu’il en soit, la loi prévoit une indexation annuelle, déterminée au mois d’octobre et correspondant à la différence avec le mois d’octobre de l’année précédente. Or, entre octobre 2020 et octobre 2021, l’indice des prix à la consommation augmente de 0,9%, selon l’OCSTAT. Il est par ailleurs vraisemblable que l’inflation va se poursuivre. Le Conseil d’État ne peut pas refuser toute discussion sur la question au prétexte qu’il aurait inscrit cette économie dans son PFQ à l’avance, alors que les chiffres étaient, et pour cause, inconnus. Il contribue ainsi – et cela devient préoccupant – à accroître le manque d’attractivité de la fonction publique.

Des postes!
Le décompte des postes qui manquent au fil des budgets et font souffrir nombre de services donne le vertige. La droite poursuit sans vergogne son travail de sape et, même si les quelque 315 nouveaux postes inscrits au projet de budget 2022 étaient largement insuffisants, ils n’en demeuraient pas moins essentiels. Avec les douzièmes provisoires et l’incertitude quant aux décisions de la commission des finances face aux demandes de crédits qui vont être déposées, c’est tout le personnel de la fonction publique qui se sent floué et méprisé. La mobilisation va donc vraisemblablement se poursuivre pour assurer la défense des services publics et les prestations à la population. Si la droite entend faire de la pédagogie (sic) et contraindre le gouvernement à mieux utiliser les ressources, en privilégiant en particulier les postes au front, qu’elle fasse de vraies propositions en la matière. Sabrer à l’aveugle et se laver les mains des dégâts occasionnés n’est pas responsable. Cette irresponsabilité est d’autant plus criante dans le contexte actuel, où la fonction publique est sollicitée comme jamais, en partie à cause de la pandémie, et n’arrive plus à répondre aux besoins. Ce n’est pas en coupant les vivres des services, notamment dans la santé, le social et la formation, qu’on améliore quoi que ce soit !

Olivier Baud