Le 19 mai dernier, le comité de soutien aux grévistes SMOOD apprenait la conclusion d’une Convention collective de travail (CCT) entre Syndicom et SMOOD. Ce texte valide les conditions de travail inacceptables de SMOOD et cherche à empêcher les contestations futures. Pire, l’ensemble du processus s’est déroulé au mépris des principaux-ales concerné.e.s : les salarié.e.s.

Pour rappel, en date du 22 février dernier, le comité de soutien a adressé une lettre à Migros-Genève lui demandant d’agir auprès de l’entreprise Smood afin de mettre fin aux violations de la loi sur le travail et aux conditions de travail indignes prévalant dans cette société. Migros étant l’un des principaux actionnaires et client de Smood, le comité attendait une réaction déterminée.

Dans sa réponse du 4 mars, Migros-Genève a annoncé que « les recommandations de la CRCT seront prochainement mises en place » et que « des contrôles et vérifications sont actuellement effectués chez Smood ». Or, près de trois mois plus tard, la situation n’a guère évolué et s’est même aggravée.

Une CCT alibi négociée au mépris des salarié.e.s

Bien sûr, une CCT entre Smood et Syndicom a été proposée, mais elle a été négociée dans le dos du personnel. Les salarié.e.s qui ont mené la lutte initiale par un mouvement de grève et leur syndicat (Unia) ont été exclus de cette proposition. De plus, cette CCT est un leurre car elle ne concerne qu’une minorité des livreur-euse-s qui travaillent effectivement pour SMOOD. En effet, cette CCT ne concerne pas les salarié.e.s de Simple pay SA, entreprise de sous-traitance de SMOOD qui gère l’immense majorité des contrats des livreur-euse-s. Finalement, le processus de « consultation » des salarié.e.s est tout simplement inacceptable : 24 à 48 heures de délais, aucun garantie de l’anonymat, pas d’accès au texte complet, pas de possibilité d’en discuter collectivement,  etc.

Une CCT bien en deçà des recommandations de la CRCT

Malgré les promesses de Migros-Genève et de SMOOD, les dispositions de la CCT sont bien en dessous des recommandations de la CRCT :

  • Une hausse du salaire à minimum 23 francs (ou 23,27 francs à Genève hors indemnité pour jours fériés et vacances). La CCT prévoit effectivement un salaire minimum (20 francs), mais le nombre d’heures comptabilisées reste flou.
  • Un minimum garanti de 17 heures de travail hebdomadaires. La CCT ne prévoit que 4 heures.
  • Le paiement de l’intégralité des heures de travail sans distinction entre le temps d’attente et le temps de livraison. Il n’y aucune indication explicite à ce sujet dans la CCT.

De plus, cette CCT ne règle pas la situation de la majorité des livreur-euse-s puisqu’il il n’y toujours pas de solution pour les livreur-euse-s engagé-e-s par Simple Pay. Il est également spécifié que seuls les salarié.e.s affiliés au syndicat ayant conclu la CCT seront rétribués selon les normes de la CCT. Ceci est contraire à la liberté syndicale et va créer des salarié.e.s de seconde zone.

Bref, loin d’améliorer la situation, cette CCT et les pratiques de SMOOD continuent de soutenir un modèle économique basé sur l’exploitation et la précarisation des salarié.e.s.

Migros-Genève et le Conseil d’Etat doivent réagir !

Face à ce processus hautement problématique et à la souffrance des travailleur-euse-s, le comité de soutien réitère son soutien sans faille aux salarié.e.s en lutte . De plus, nous exigeons de la part de Migros Genève :

  • L’organisation d’une réunion avec le comité de soutien selon les termes du courrier du 4 mars 2022.
  • Une désolidarisation avec l’action d’enfumage de la part M. Aeschlimann, patron de Smood, consistant à établir une CCT largement insuffisante, non conforme aux recommandations de la CRCT, peu précise et qui impose une paix absolue du travail.
  • La mise sous pression de SMOOD pour que de réelles négociations avec les salarié.e.s en lutte soient ouvertes.

Le comité demande également au Conseil d’Etat, à l’origine de la procédure à la CRCT, de se positionner de la manière suivante :

  • Condamner le processus actuel qui se fait au mépris de salarié.e.s ;
  • Exiger l’application des recommandations de la CRCT par SMOOD ;
  • Exiger que ses recommandations s’appliquent aussi au personnel de SIMPLE PAY.

Pour le comité de soutien :

Pablo Cruchon, Ensemble à Gauche 079 800 68 73

Thomas Wenger, Président PSG, 079 476 69 45

Pierre Eckert, Les Vert.e.s, 079 708 24 01