Lorsque le Grand Conseil doit se prononcer sur les rapports de gestion des entités subventionnées, il doit leur donner quittance de la gestion de leurs missions et des fonds qui leur sont alloués à cet effet.

En ce qui concerne l’Hospice général, on sait qu’il rencontre d’importantes difficultés en raison des ressources insuffisantes. Or, qui ne lui donne pas les moyens pour assurer pleinement sa mission ? Ceux-là mêmes, qui, juges et parties, doivent approuver son rapport de gestion.

Ce genre d’exercice se solde en général par une prise d’acte de cette gestion, sans que l’on s’inquiète de comment elle a été possible ni des renoncements, des défauts de prestations ou des compromis conceptuels. L’approbation d’un tel rapport devrait pourtant s’attacher à vérifier que l’institution bénéficie des ressources nécessaires pour remplir sa mission. Le cas échéant, elle devrait mesurer l’impact des économies réalisées sur la qualité des prestations aux usagers et sur les conditions de travail des employés. Rien de cela n’a été fait durant les travaux de la commission ! Les économies sont engrangées et il ne reste plus qu’à l’Hospice à gérer la pénurie. Charge à lui de se réorganiser, au risque de dénaturer les métiers et d’introduire une inégalité de traitement entre usagers.

EàG a présenté un rapport de minorité contre cette forme d’auto-acquittement que s’accorde le Parlement, mais aussi pour dénoncer la politique des caisses vides qui frappe l’institution. L’absence totale de réflexion à un moment où le développement de la pauvreté dans notre canton devrait nous conduire à revoir nos politiques publiques est alarmante. Ce ne sont pas les pratiques du travail social qui sont à l’origine de l’explosion de la demande mais bien les facteurs liés à la détérioration du contexte économique et social. La priorité ne consiste donc pas à transformer le travail social – il faudrait au contraire lui donner les moyens de remplir son office – mais à agir sur les causes de la précarisation d’une part grandissante de la population.

La commission des affaires sociales a refusé d’auditionner les milieux impactés par les mesures d’économies. Le groupe EàG a donc refusé le rapport de gestion de l’Hospice général.

par Jocelyne Haller, députée EàG,
jocelyne.haller@gc.ge.ch