Le 12 octobre, j’avais posé une question urgente écrite au Conseil d’Etat sur la possible transmission à Pierre Maudet de rapports de la Brigade de la sécurité intérieur (BSI), une unité de la police genevoise qui travaille exclusivement pour le Service de renseignement de la Confédération (SRC). Le cas échéant, je lui demandais de préciser les bases légales d’une telle communication, ainsi que ses modalités précises. La réponse de l’exécutif est tombée le 2 novembre (QUE 893-A). Le gouvernement cantonal reconnaît que ces rapports ultra-sensibles ont été transmis à M. Pierre Maudet, de la main à la main, par la cheffe de la police, sur une base régulière. Une telle pratique aurait été autorisée oralement par les deux derniers directeurs du SRC.

Cette transmission surprenante d’informations classées aurait-elle pu être à la source des rumeurs d’écoutes irrégulières pratiquées par le DS, qui avait défrayé la chronique au printemps dernier. A ce sujet, une question urgente écrite (QUE 819) m’avait alors valu un échange de plaintes pénales avec Pierre Maudet, que le ministère public ne semble aujourd’hui pas très pressé de traiter. Toute cette affaire pourrait aussi jeter une lumière nouvelle sur le cas de ce jeune Suisse d’origine syrienne, évoqué récemment par l’émission Mise au point, auquel les services de Pierre Maudet prétendent retirer sa nationalité suisse sur la base d’un dossier pratiquement vide.

Dans l’immédiat, le nouveau chef du Département genevois de la sécurité (DS), M. Mauro Poggia, a annoncé qu’il ne souhaitait plus recevoir ces rapports de la BSI, qu’il doutait de l’utilité d’une telle communication à un conseiller d’Etat, et qu’il s’interrogeait même sur son caractère légal. Le socialiste Carlo Sommaruga, membre de la commission de la sécurité au Conseil national, en a rajouté une couche en se déclarant « abasourdi » par cette révélation. Nul doute qu’une telle affaire va avoir des suites…